L'Assemblée nationale commence à examiner mercredi 24 janvier 2024 l'inscription de l'IVG dans la Constitution. Nos journalistes Laurence Duvoid et de Kamel khalfouni se sont rendus au CHRU de Nancy pour voir ce que pourrait changer cette inscription.
L'Assemblée nationale examine, mercredi 24 janvier 2024, l'inscription dans la Constitution de la liberté garantie pour une femme d'avoir recours à l'avortement, même si son issue reste incertaine au Sénat, après les propos mardi 23 janvier de son président Gérard Larcher qui s'y oppose. En France, près de 200 000 avortements sont pratiqués chaque année, un millier environ au CHRU de Nancy (Meurthe-et-Moselle) Nos journalistes Laurence Duvoid et de Kamel khalfouni s'y sont rendus pour voir ce que pourrait changer cette inscription.
Ils ont rencontré Jeanne (le prénom a été changé). Il y a moins d'un an, cette femme de 37 ans a fait le choix d'avorter : "On ne voulait pas d'un troisième enfant, c'est un bouleversement énorme un enfant, il faut pouvoir lui financer des études, pouvoir lui apporter du temps. Nous, on travaille tous les deux. On a aussi envie de faire les choses bien. Mes deux grossesses m'ont fait prendre plus de 30 kg. J'ai mis presque quatre ans à les perdre et je ne me voyais plus recommencer ce cheminement avec toutes les difficultés que ça engendrait".
Françoise Derman, gynécologue, a fondé le planning familial à Nancy, aujourd'hui rebaptisé : centre de santé sexuelle. Cette militante reste toutefois prudente. Pour elle, le problème est surtout l'accès à l'IVG : "Dans les secteurs éloignés de Nancy, il est difficile de trouver un endroit pour faire une IVG (...) il y a des endroits où on ne fait même plus d'IVG médicamenteuse et donc ce sont des gens qui ont beaucoup mal à trouver des rendez-vous et qui viennent chez nous parce que nous prenons tout le monde".
Résultat, il se pratique plus d'IVG ou CHRU de Nancy : 1207 en 2022 contre 943 en 2021 alors que le nombre baisse au plan national. Les femmes subissent aussi les conséquences de la fermeture des petites maternités et du manque de personnels soignants.
Selon le ministère de la Santé, les sages-femmes sont autorisées depuis peu à pratiquer des IVG à l'hôpital, mais l'interruption volontaire de grossesse reste en sujet sociétal encore tabou. Les soignants peuvent évoquer une clause de conscience pour ne pas le pratiquer. Il s'agit du seul acte médical qui l'autorise et cela, l'inscription de l'IVG dans la Constitution ne l'effacera pas.