La cinquième étape du Tour de France des Femmes 2022 ce jeudi 28 juillet a relié la Meuse aux Vosges et traversé la Meurthe-et-Moselle : le chemin des dames passe par la Lorraine. J'étais parmi les spectateurs près de chez moi, en bord de route, au kilomètre 85.
En passant par la Lorraine avec leurs vélos, les coureuses du Tour de France Femmes 2022 ont droit à une étape sans difficulté majeure. Parties de Bar-le-Duc dans la Meuse peu avant midi, elles sont parvenues à Quevilloncourt près de Vézelise, au kilomètre 85, aux alentours de 14h30. Là, une petite foule bigarrée les attendait depuis la fin de matinée.
Quelques jours avant la course, les habitants de Quevilloncourt avaient reçu dans leurs boîtes aux lettres un avis de la mairie les informant du passage du Tour de France Femmes dans la commune. Le maire, Francis, prévoyant, sait qu'une bonne partie de ses administrés travaille à Nancy et doit prendre la route : il les tient donc informés des accès bloqués autour de la commune.
C'est donc aux alentours de midi, alors que les coureuses viennent de s'élancer de Bar-le-Duc que quelques habitants de Quevilloncourt commencent à se regrouper aux trois points d'accès du village avec la route départementale 904. Il y a déjà là quelques courageux cyclistes venus des villages environnants. "Oui, mais c'est des vélos électriques, ils n'ont pas de mérite" tempère une spectatrice. Quelques voitures sont garées sur le bas-côté, haillons grand ouverts pour laisser circuler l'air. Certain sont bien équipés et ont apporté leur pique-nique.
Il fait chaud, juste ce qu'il faut ; l'ambiance est détendue. Des petits groupes se font, ici les voisins qui se reconnaissent, là des visiteurs qui sympathisent. Alain a apporté des chaises pour ces dames, il habite juste à côté.
La route n'est pas encore coupée à la circulation et quelques cyclistes, hommes, passent devant les spectateurs. "Si on m'avait dit qu'elles avaient cet air-là, je ne serais pas venu", lâche un plaisantin.
Tous attendent la caravane, en espérant recueillir un gadget publicitaire. Pour ma part, je suis mandatée par ma grande fille pour récupérer un bob ou une casquette. J'ai prévenu, qu'appareil photo à la main, je ne sais pas si je pourrais relever le défi.
Avec plus de 3/4 d'heure sur l'horaire annoncé, la caravane arrive enfin. Les plus chanceux, ceux qui agitent les bras et crient le plus fort, reçoivent quelques goodies. On ramasse les objets tombés au plus près et on s'amuse à se montrer le "précieux" récupéré. Des babioles qui finiront dans un tiroir.
La caravane passe et les Quevilloncourtois ont le temps de rentrer chez eux se rafraîchir, voire de casser la croûte. Les autres spectateurs venus de plus loin, continuent d'attendre sur le bord de la route. Malgré les nuages qui couvrent en partie le ciel, la température a commencé à s'élever. Mais on sent l'organisation : les places à l'ombre sont chères, les couvre-chefs sont de sortie.
"Elles sont à Crépey, elles seront là dans quatre minutes !"
Un spectateur qui suit le direct sur son smartphone
Plus l'heure estimée du passage des cyclistes approche, plus le ton monte. La hâte de voir passer le peloton et peut-être de reconnaître les sportives ou tout simplement de pouvoir regagner un endroit moins chaud.
On reconnaît, ici ou là, les passionnés à leurs tenues : shorts et maillots de cyclistes, casques encore vissés sur la tête. Les rois de la fête. Ils parlent haut et fort et ont le vocabulaire adéquat. Pas besoin de tendre l'oreille pour savoir où en sont les athlètes qui mènent la course : penchés sur leurs téléphones portables, ils suivent le direct de France 3 et nous font, à intervalles réguliers, un point sur l'avancée de la course. "Elles sont à Crépey, elles seront là dans quatre minutes !" s'écrie un spectateur smartphono-télé. Quelques instants plus tard, une voiture de tête munie d'un mégaphone, nous informe que le peloton sera là dans dix minutes et que quatre coureuses sont en tête dans une échappée. Les calculs du spécialiste sont à revoir !
Certains fustigent les spectateurs qui choisissent juste ce moment pour traverser la route. "Comme si on voyait mieux de l'autre côté, rholala."
Ces dames, confortablement assises se sont levées, les téléphones sont retirés des mains des plus petits : "C'est pas le moment de faire des photos", explique gentiment un papa à ses fistons. "On est venu pour regarder la course, des photos t'en verras partout."
Entre une nuée de motards de la gendarmerie, une autre voiture arrive, elle précède les coureuses de tête et leur annonce le temps d'écart qu'elles ont avec le peloton. Très entourées par des véhicules, les quatre meneuses arrivent enfin et passent devant nous à grande vitesse. Les vivas fusent le temps de l'éclair.
D'autres gendarmes à motos circulent. "Tiens, on ne les a jamais vu autant sourire, les gendarmes" s'exclame un spectateur, sa remarque ponctuée aussitôt de quelques rires bon enfant. Puis c'est au tour du peloton d'arriver, et comme dans un feu d'artifice, on entend des "Ça y est", des "Ah" et des "Oh", mais trois petits tours de pédaliers et puis s'en vont.
Une coureuse de la Team SX Worx s'est gentiment délestée d'une gourde aux pieds des quelques enfants présents. Benjamin se précipite. Maman lavera la gourde et le souvenir restera pour lui et son petit frère Charles.
Quant à moi, j'ai bien tenté de relever le défi lancé par ma fille Jeanne. L'appareil photo dans une main, j'ai agité l'autre, comme tout le monde. Un petit objet a percuté mon bras et j'ai eu le temps de le ramasser. Point de casquette rouge et blanche, ni de bob jaune, juste un porte-clés aux couleurs de la gendarmerie.