Les séances de sophrologie et de socio-esthétique avaient été interrompues par la Covid-19, mais depuis deux semaines, les enfants malades du CHRU de Nancy peuvent à nouveau bénéficier de soins privés pour se relaxer. Ils sont offerts par le comité de la Ligue contre le cancer de Meurthe-et-Moselle
"Pouvoir leur faire oublier, ne serait-ce que 20 ou 30 minutes, les perfusions, la chimiothérapie, et les douleurs…", c’est le but des séances que propose Sophie Gilewicz. Depuis un an et demi, cette sophrologue intervient tous les mardis à l’hôpital pour enfants de Brabois. Des soins individualisés, gratuits, rendus possibles grâces aux dons versés à la Ligue contre le cancer de Meurthe et Moselle.
Ce n’est pas facile de penser à autre chose, quand on est tout jeune et que l’on passe ses journées à l’hôpital, avec des soins médicaux parfois invasifs, ou lourds, comme la chimiothérapie ou les ponctions lombaires. Alors, Sophie Gilewicz vient jouer les petites fées clochettes pour emmener les enfants dans un pays imaginaire et leur permettre de se sentir bien. Et pour qu’ils se détendent, Sophie a plusieurs cordes à son arc.
Visualiser pour sévader
Son astuce préférée, c’est la visualisation. "Je leur raconte des histoire en créant un univers qu’il aiment particulièrement. Je me sers des objets ou des affiches qu’ils ont dans leur chambre. Par exemple, j’ai un petit patient de cinq ans qui adore la moto cross. Alors, avec lui, nous allons faire de la moto à toute vitesse. Avec les adolescents, on part plutôt à New-York, ou sur les plages". Cette technique se rapproche un peu de l’hypnose et marche plutôt bien pour détendre ces enfants.
Avec les petits on fait des activités ludiques, avec les ados on part à New-York ou à la plage
"Pour ceux qui sont en chambre stérile et dont la nourriture n’est du coup pas très goûteuse, on imagine souvent qu’ils mangent des choses qui leur font plaisir". Sophie nous raconte comment elle a fait manger, virtuellement, des haricots maison à un enfant qui rêvaient de croquer les haricots préparés par sa maman. Si sa technique marche, c’est parce que le cerveau ne fait pas la différence entre ce qu’il voit et ce qu’il imagine très fortement. Les sensations peuvent être les mêmes et cela procure un sentiment de bien-être et de détente. "Après les séances, ils sont visiblement moins stressés".
Avec d’autres, elle réalise des exercices de respiration, pour relâcher la tension, voire même des petits mouvements pour desserrer les poings et les dents et lâcher prise. "Avec une petite fille qui aime bien la Reine des neiges, je lui ai fait jeter de la neige avec ses mains"... sans doute un peu comme on jette ce qui est trop pour soi.
Pour le personnel soignant, ces séances sont essentielles pour le bien-être de leurs petits malades. "Ce sont des soins d’accompagnement différents de ceux que nous pratiquons, mais qui peuvent avoir un impact positif sur les douleurs, les nausées et sur le stress. C’est très important" nous confie Lyse Navarro, cadre de santé au service d’oncohématologie pédiatrique de l’Hôpital d’enfants de Nancy. Il faut dire que l’équipe médicale fait tout son possible pour que les enfants se sentent bien et guérissent plus rapidement.
Se sentir bien dans sa peau
Parmi les autres possibilités de couper avec leur quotidien difficile, les enfants peuvent aussi bénéficier de séances de socio-esthétique, également offertes par le comité de la Ligue contre le cancer de Meurthe-et-Moselle. Deux jours par semaine, Laura Kalèche vient mettre un peu de "paillettes" dans leur vie, au sens propre comme au figuré. Elle propose des séances de maquillage, de soins du visage ou du corps. "Les petites filles aiment bien qu’on leur mette du vernis, et pour les plus grandes, je leur montre comment se maquiller pour avoir bonne mine et retrouver une belle image de soi-même". Mais ce qui plait le plus, ce sont les séances de modelages, des massages bien-être qui permettent à ses enfants de se réapproprier leur corps, voire même de se réconcilier avec lui. Une étape très importante dans le processus de guérison.
Je leur montre comment retrouver une belle image de soi-même
"C’est un moment rien qu’à eux, où ils lâchent prise" nous explique Laura Kalèche, qui aime venir avec des petites musiques relaxantes, créant, elle aussi à l’instar de sa collègue sophrologue, un univers de détente.
Pour le responsable de la Ligue contre le cancer de Meurthe et Moselle, "ces parenthèses offertes aux petits malades du cancer sont essentielles". Et de rappeler que ce si elles sont possibles, c’est grâce aux donateurs. Un beau projet concret et local, pour ceux qui auraient envie d’y contribuer.