La mobilisation se poursuit ce samedi 4 septembre pour les opposants au pass sanitaire. De leur côté, les commerçants nancéiens montent au créneau pour demander la fin des manifestations le samedi en centre-ville, qui font “fuir les clients et dégringoler le chiffre d’affaires”.
Cet après-midi du 4 septembre 2021, comme chaque samedi depuis deux mois, quelques milliers d’opposants au pass sanitaire défilent dans les rues de Nancy. Exaspérés, les commerçants souhaitent quant à eux la levée de ces manifestations le samedi en centre-ville, qui “font fuir les clients”.
“L’ambiance est anxiogène, les clients désertent le centre-ville”
Pour la huitième fois depuis début juillet, les anti-pass sanitaire déambulent dans une ambiance plutôt bon enfant à travers les rues de Nancy, suivant un parcours bien défini à l’avance par la Préfecture de Meurthe-et-Moselle (54). Le cortège part à 14 heures de la place Maginot et le reste du parcours évite les rues les plus passantes, interdites aux manifestants. Pourtant, les clients se font rares dans les magasins du centre-ville. À quelques mètres, aux abords de la place Stanislas entre autres, les forces de l’ordre quadrillent le périmètre pour éviter les débordements. Un important dispositif qu’implique la manifestation et qui “effraie et dissuade les clients de se rendre dans le centre-ville”, d’après Sébastien Duchowicz, le président des commerçants de Nancy (Les Vitrines de Nancy).
Même si les manifestations ne débordent pas forcément, vous n’avez pas envie de boire un verre ou de faire les boutiques en famille à 20 mètres d’un cordon de CRS.
“L’ambiance est anxiogène, les clients désertent le centre ville. Même si les manifestations ne débordent pas forcément, vous n’avez pas envie de boire un verre ou de faire les boutiques en famille à 20 mètres d’un cordon de CRS. Le matin on travaille plutôt bien, mais de 14 heures à 17 heures, soit le temps durant lequel le centre-ville est quadrillé à cause de la manifestation et les transports à l’arrêt pour la même raison, vous perdez la clientèle qui n’a pas envie de se retrouver au milieu des manifestants”, ajoute le commerçant.
[Communiqué de presse] #Manifestation du 4 septembre 2021 à @VilledeNancy ? pic.twitter.com/ca7djNo5Kr
— Préfet de Meurthe-et-Moselle (@Prefet54) September 3, 2021
25 à 30% de chiffre d’affaires en moins
Éprouvés par plusieurs événements ces dernière années, allant des manifestations des Gilets jaunes, il y a deux ans, aux longs mois de fermeture pour cause de pandémie mondiale en 2020 et 2021, les commerçants peinent à redresser leur chiffre d’affaires. Les manifestations anti-pass sanitaire sont la goutte d’eau qui risque de faire déborder le vase pour le président des Vitrines de Nancy: “Il s’agit d’une vraie pression sur l’ensemble des commerçants, les manifestations se déroulent le samedi, le jour où familles fréquentent le plus les commerces et tout est bloqué à cause de cette manifestation. Nous sommes en train de créer un dossier démontrant, preuve à l’appui, que certains commerçants accusent des baisses de chiffre d'affaires de 25 à 30% le samedi à Nancy, causé par un manque de fréquentation engendré par ces manifestations. Par exemple, les bus et la ligne 1 du tram sont à l’arrêt pendant toute la durée du rassemblement, ça représente des gens qui ne viendront pas en centre-ville faire les magasins. (...) Alors, pourquoi choisir le centre-ville, qui plus est le samedi, pour manifester? Ces manifestants anti-pass sanitaire peuvent aller ailleurs, réfléchir à un autre lieu, à un autre jour pour exprimer leurs revendications. Ils sont entre 2.000 et 2.500 au maximum à Nancy, soit une petite minorité de la population, mais bloquent une ville entière et commencent à plomber l’économie de plusieurs commerçants”.
On arrive à pénaliser beaucoup de monde avec cette manifestation, mais on ne touche pas aux bonnes personnes en impactant les commerces, il y a des familles et des salariés derrière, on a des employés et des locaux à payer (...) Ces commerçants, c’est le cœur du centre-ville, la plupart ont commencé avec un rien.
“Nous ne sommes pas contre les manifestations, il faut juste que cela soit fait de la manière la plus coopérative possible. On arrive à pénaliser beaucoup de monde avec cette manifestation, mais on ne touche pas aux bonnes personnes en impactant les commerces, il y a des familles et des salariés derrière, on a des employés et des locaux à payer (...) Ces commerçants, c’est le cœur du centre-ville, la plupart ont commencé avec un rien. Nancy n’est pas uniquement peuplée d’enseignes avec des reins solides. C’est surtout des personnes lambda et des commerces indépendants, il faut à tout prix que l’on puisse travailler”, insiste Sébastien Duchowicz, président des commerçants de Nancy.
D’abord, vous vous trompez d’adversaires. Vous oubliez ensuite que ces manifestants sont aussi vos clients. Interrogez-vous sur ce qui fait réellement fuir le client et qui sont les responsables de ce climat anxiogène.
“Le trésorier du Bloc Lorrain est lui-même commerçant, l’une des organisatrices des manifestations est commerçante elle aussi. Le dialogue n’est pas rompu, nous sommes ouverts à la discussion”, répond de son côté Kevin, manifestant et membre du Bloc Lorrain, l’association organisatrice des manifestations anti-pass sanitaire à Nancy. “Le parcours mis en place par les organisateurs et déclarants évite largement les secteurs commerçants. Ne vous en déplaise, les consommateurs sont bien dans les rues. Et s’ils n’entrent plus dans vos échoppes c’est bien plus le portefeuille qui les en dissuade que les quelques milliers de manifestants présents dans les rues. Il suffit pour s’en convaincre de voir l’affluence à l’entrée des enseignes low-cost (...) D’abord, vous vous trompez d’adversaires. Vous oubliez ensuite que ces manifestants sont aussi vos clients. Interrogez-vous sur ce qui fait réellement fuir le client et qui sont les responsables de ce climat anxiogène. Vous avez raison, il faut que la Préfecture prenne sa part de responsabilité. Mais cela passera immanquablement par la mise en place d’un dispositif de sécurité adapté à des manifestations qui sont bien loin de l’émeute permanente qu’ils veulent nous vendre”, peut-on lire dans un communiqué du Bloc Lorrain.
Les commerçants nancéiens attendent maintenant que “la préfecture prenne sa part de responsabilité”. Certains ont même prévu de lancer une pétition, dans les jours à venir, visant à empêcher ces manifestations le samedi en centre-ville.