La salle de change est un concept venu d'Angleterre, mais peu connu dans l'hexagone. Ces espaces, adaptés aux besoins spécifiques des personnes handicapées, n'ont pas encore vu le jour en France. Celui de Nancy sera l'un des premiers. Il est attendu dans les prochains mois.
Nancy va accueillir dans les prochains mois, l'une des premières salles de change en France, pour personnes handicapées. Cette proposition, remontée du terrain, a été retenue comme une vingtaine d'autres projets citoyens validés par la municipalité de la cité ducale. A Nancy, il est porté par Hélène Havage.
Elle milite depuis trois ans pour la création des salles de change en France.
Hélène Havage, travaille dans la distribution de matériel médical, pour les hôpitaux et pour le maintien à domicile des personnes âgées et handicapées.
Alors quand cette Nancéienne découvre ce concept venu d'Angleterre, elle est stupéfaite: "je me suis demandée pourquoi les salles de change n'existaient tout simplement pas encore en France ?"
Un concept 3 en 1
Actuellement, les personnes handicapées bénéficient d'un espace de 3 m², avec des WC, des accoudoirs et un lavabo.
La salle de change, elle, offre 12 m² avec des WC, une table à langer pour adulte, un lève-personne, des barres, un lavabo à hauteur variable... Autant d'accessoires indispensables pour les personnes qui ont un handicap lourd, et surtout pour aider leurs proches qui souvent les accompagnent.
Les salles de change sont donc à la fois des toilettes, un vestiaire et une salle de bain.
"Aujourd'hui, avec la crise sanitaire, on comprend peut-être un peu plus ce que les familles vivent au quotidien. Un exemple : en centre-ville, lorsque les boutiques sont ouvertes, mais les restaurants ou autres, fermés, on ne peut pas se balader trop longtemps, si on a besoin d'aller aux toilettes. C'est contraignant pour nous en ce moment, mais pour elles, c'est tous les jours comme ça !".
Hélène Havage a donc soumis le principe au budget participatif de la ville de Nancy. Après le vote des habitants, il fait donc partie des 25 projets retenus et va pouvoir se concrétiser.
Nancy, Arras, même combat
Le 19 avril 2021, le projet sera officiellement inscrit au budget de la municipalité. Son coût ? 25.000 euros et après une phase de travail, qui débutera dès la fin du mois, les équipes espèrent même que la salle de change pourra voir le jour à Nancy avant la fin de l'année 2021.
"Voir les habitants porter des projets inclusifs, forcément, on s'en félicite. On réfléchit maintenant à l'endroit le plus pertinent, le plus pratique, pour l'installation de la salle de change. Avec elle, on va dans le bon sens et on répond clairement à un manque", souligne Arnaud Kremer, conseiller municipal délégué aux handicaps, à l'accessibilité et à l'inclusion.
Nancy deviendrait alors la première ville de France à mettre en place une salle de change. A moins qu'Arras, dans le Nord, ne la devance...
Je connais des familles qui ne sortent pas, car elles se disent que c'est trop compliqué.
Sonia Allouani, elle, vit à Arras avec son fils Liam. Il a 11 ans et il est polyhandicapé.
"Aujourd'hui, les toilettes PMR, je n'y vais même pas. Mon fils porte des protections, il faut que je l'allonge sur une table à sa taille. Lorsque l'on sort, j'essaye toujours de garer ma voiture à proximité. Il y a un matelas à l'intérieur, mais quoiqu'il en soit, on ne peut pas rester trop longtemps à l'extérieur. Je connais des familles qui ne sortent même pas, car elles se disent que c'est trop compliqué".
Comme à Nancy, la ville d'Arras a sélectionné le projet de salle de change à son budget participatif. Les services travaillent sur une "version mobile".
Alors quand on parle de petite concurrence à Sonia, elle répond: "j'espère que l'on va gagner (rires). Plus sérieusement, c'est juste incroyable que l'on parle de ces salles. Elles vont bouleverser nos vies. C'est une révolution !"
Budget participatif : 25 projets seront concrétisés à Nancy
Pour la première fois, les Nancéiennes et les Nancéiens ont pu proposer des projets pour améliorer leur quotidien.
Au total, 423 idées ont été soumises. Les habitants ont ensuite voté et 25 projets ont été retenus.
Cette première édition du budget participatif représente une enveloppe de 800.000 euros.
Le 19 avril 2021, les projets seront inscrits au budget de la ville, lors d'un Conseil municipal extraordinaire. Il faudra ensuite les réaliser chacun leur tour.
Parmi les lauréats, on retrouve, pêle-mêle, la création de mini-forêts urbaines, la création d'un marché de plein air avec des produits bio ou en circuits courts, l'installation de cendriers en ville ou de distributeurs de protections hygiéniques, la création d'une scène culturelle mobile ou encore d'une cabane à livres au Plateau de Haye.