"On manque de tout", les enseignants déclenchent le système d'alarme

La FSU-SNUipp première organisation syndicale des enseignants du premier degré a lancé "une alerte sociale" pour dénoncer la dégradation des conditions de travail dans les écoles et l'accompagnement insuffisant des élèves en situation de handicap. En Meurthe-et-Moselle, dans les Vosges et en Moselle, les sujets de mécontentement sont nombreux. Une grève se profile en janvier.

Si la rentrée scolaire 2023 s'était dans l'ensemble plutôt bien passée, il n'en demeure pas moins que les syndicats enseignants avaient souligné de nombreux points de crispation et ce sont ces difficultés qui ont ressurgi dans les salles de classe du premier degré au fil des semaines et qui semblent même s'être exacerbées. D'où cette "alerte sociale" lancée dans tous les départements français par la FSU-SNUipp, premier syndicat des écoles élémentaires. "Aujourd'hui, le point de rupture est atteint dans les écoles" écrit le syndicat dans un communiqué. "Les conditions de travail des enseignants et des accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) se sont profondément dégradées entraînant souffrance et renoncements".

"On manque de tout"

Anne Hautenauve, co-secrétaire de ce syndicat en Meurthe-et-Moselle, énumère la multitude de problèmes que rencontrent les enseignants sur le terrain : "Cela pourrait se résumer en un mot : c'est manque. Le manque de tout. Le manque de moyens pour que l'inclusion se fasse dans de bonnes conditions, le manque d'AESH qui sont en nombre insuffisant. Le manque de formation. Quand on rajoute à cela, le manque de remplaçants, on peut se retrouver avec 6 ou 7 élèves au fond de la classe qui viennent de la salle voisine parce qu'il n'y a pas d'enseignant. De ce fait, il y a de la fatigue qui s'accumule."

Cela pourrait se résumer en un mot, c'est manque. Le manque de tout. Le manque de moyens pour que l'inclusion se fasse dans de bonnes conditions, le manque d'AESH qui sont en nombre insuffisant. Le manque de formation.

Anne Hautenauve, co-secrétaire de la FSU-SNUipp en Meurthe-et-Moselle

Dans les Vosges, Vincent Mayer, professeur des écoles et co-secrétaire de la FSU-SNUipp du département, réclame lui aussi des moyens supplémentaires pour pouvoir travailler avec davantage de sérénité. Ces dernières années, les profils des élèves et des classes ont évolué. "Quand on discute avec les collègues, ce sont surtout les difficultés qui remontent et pas les beaux projets. Il y a la gestion des classes, les conflits au sein de l'école, la présence d'élèves qui présentent des profils particuliers. Cela génère des arrêts de travail et conséquemment encore moins de moyens parce que quand les gens sont en arrêt, il faut trouver un remplaçant. Depuis le début de l'année, le ministre a beaucoup parlé d'argent et de pacte mais les jeunes enseignants qui arrivent et qui parlent déjà de démission au bout de trois ans, de quoi ils parlent, ce sont des conditions de travail."

Quand on discute avec les collègues, ce sont surtout les difficultés qui remontent et pas les beaux projets. Il y a la gestion des classes, les conflits au sein de l'école, la présence d'élèves qui présentent des profils particuliers. Cela génère des arrêts de travail et conséquemment encore moins de moyens parce que quand les gens sont en arrêt, il faut trouver un remplaçant.

Vincent Mayer, professeur des écoles et co-secrétaire de la FSU-SNUipp dans les Vosges

Parmi les griefs récurrents mis en avant par les syndicats, il y a la prise en charge par l'Éducation Nationale des élèves en situation de handicap. Le nombre de personnels spécialisés pour assurer l'accompagnement semble insuffisant au regard des besoins. "Il y a au moins 30 élèves en situation de handicap, notifiés en Meurthe-et-Moselle, qui ne sont pas du tout accompagnés", explique Anne Hautenauve. "Cela signifie des élèves pour lesquels la Maison des personnes handicapées (MDPH) a reconnu qu'il devait y avoir un accompagnement humain et qui n'en ont pas. Et pour ceux qui sont accompagnés, certains élèves vont avoir des accompagnants seulement une à deux heures par semaine, ce qui est largement insuffisant. Comment voulez-vous qu'un accompagnant se partage entre 7 et 8 élèves sur plusieurs établissements avec des temps de trajet entre les écoles, avec des élèves qui ont parfois des profils très différents ?"

Et la syndicaliste d'ajouter que ces conditions de travail dégradées ont des conséquences sur l'image de la profession. "On voit le manque d’attractivité du métier, on voit qu’il y a chaque année de moins en moins de candidats aux concours, en dépit de la prolongation des périodes d’inscriptions et malgré des messages d'incitation à la radio ou à la télévision. Cette "alerte sociale" déclenchée dans tous les départements, permet des rencontres avec les Directeurs académiques des services de l’Éducation nationale (DASEN) pour faire remonter nos revendications au ministre. Parce que sinon, notre parole n’a pas de poids."

Le syndicat a prévenu que cette "alerte sociale" était un préalable au dépôt d’un préavis de grève. Un mouvement social qui ne devrait pas avoir lieu en décembre mais plutôt au mois de janvier, sauf si d’ici là le ministère répond aux principales revendications mises en avant par la FSU-SNUipp.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité