Les flippers sauvés de la casse. Tous les nostalgiques des cafés où le flipper régnait en maître, se sont donné rendez-vous à Essey-lès-Nancy le temps d'un dimanche. Rencontre avec un collectionneur.
Essey-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) est la capitale du flipper, au moins ce dimanche 7 avril 2024. Tous les nostalgiques des bistrots où le flipper régnait en maître dans les arrière-salles enfumées se sont donné rendez-vous salle Maringer. Le bon "flip" a disparu des cafés, comme le baby-foot, remplacé par les jeux d'arcade, puis par rien du tout, le silence. Ah si, par les présentoirs de jeux à gratter. Bof...
Le temps d'une journée et voilà une plongée dans un bain de jouvence pour les quinquas et sexagénaires dans les couleurs, les lumières, les scènes kitsch, les tilts et les clacs. Quand, voilà quelques décennies, deux jeunes proposaient d'aller "se faire un flip", cela ne signifiait pas aller se faire peur, mais secouer une caisse et envoyer une boule dans tous les sens pour accumuler un max de points et obtenir une partie gratuite.
Pour se retrouver dans les centaines de flips exposés de tous les âges, Stéphane Michel est le guide idéal. Le quinquagénaire est collectionneur depuis trente ans. Un virus attrapé dans son jeune âge : "ma tante tenait une grande brasserie à Nancy. Je jouais régulièrement avec mon cousin. J'ai eu envie de collectionner les flippers très tôt, avant que les gens s'y intéressent".
Stéphane Michel est collectionneur, mais il expose aussi, désireux de partager sa passion avec autrui. Le flipper s'est d'abord un état d'esprit : "l'intérêt du flipper, c'est comme le baby-foot. C'est un jeu avec une partie physique que l'on ne retrouve pas dans les jeux vidéo quand on est installé dans son canapé et devant une télé".
Stéphane Michel a fait beaucoup de sauvetages. Tombées en désuétude, les bruyantes boîtes électromécaniques finissaient souvent leur carrière au fond d'un garage chez des particuliers, avant de sombrer dans l'oubli et rejoindre les rebuts encombrants : "quand je passais une annonce pour récupérer des flippers en panne, j'avais soixante coups de fil. Les gens avaient ça dans leurs garages, mais ne savaient pas comment les faire réparer. Ils partaient à la déchetterie, il n'y avait personne pour les réparer, il n'y avait pas de vente de pièces détachées, car internet n'existait pas". Combien en possède-t-il ? C’est secret pour le moment ou peut-être que cela ne se demande pas.
Esthétique et qualité de jeu
Tous les flippers affichant plus de trente ans au compteur sont de collection. Stéphane explique que leur valeur dépend d'abord du thème, par exemple celui d'un film ou d'un groupe de rock. Les flippers anciens électromécaniques des années 60-70 sont aussi très bien cotés : "si le thème fait référence aux cow-boys et aux Indiens, ils auront une valeur plus importante. L'esthétique et la qualité de jeu bien sûr ça joue aussi.
Et pour quel prix ? : "un flipper de collection, c'est entre 2200 et 3000 euros pour les plus beaux exemplaires. À Paris, ça peut atteindre le double".
Depuis quelques années, les flippers sont à nouveau à la mode chez les particuliers. Avec cet engouement, le marché des pièces détachées est reparti, notamment aux États-Unis : "avec internet, on a accès à des gros revendeurs. Les pièces sont à nouveau fabriquées. Aujourd'hui, on peut refaire tous les modèles de flippers".
À la fin de la visite, Stéphane Michel a fini par lâcher le nombre d'exemplaires dont il est l'heureux propriétaire : " j'en possède cinq cents". Il a dû acheter une ancienne usine près de Lunéville pour les entreposer.