C'est un constat qui a de quoi inquiéter. Le manque de chirurgiens-dentistes dans le Grand Est devient préoccupant dans de nombreux départements, déjà fortement touchés par la désertification médicale.
En Lorraine, comme dans toute la France, il y a de moins en moins de chirurgiens-dentistes. Une diminution constante depuis dix ans, "en 2015 on voyait déjà arriver les choses". La répartition des chirurgiens-dentistes dans le Grand Est est encore plus inégale que pour les médecins.
A tel point que dans certaines villes ils ne prennent plus de nouveaux patients. "Les gouvernements ont souhaité réduire le nombre de professionnels de santé pour réduire les dépenses. Cependant, ils ont oublié que l’espérance de vie a augmenté. Pour les dentistes maintenant on a des couronnes et des implants. Les gens se soignent plus et mieux", explique Philippe Bichet, président de l'Ordre des chirurgiens-dentistes de Meurthe-et-Moselle.
Il n'y a pas assez de jeunes dentistes. Trop peu de jeunes sont formés pour répondre à l'augmentation des besoins.
Alain Vallory, secrétaire général des CDF
De son côté, le syndicat les chirurgiens-dentistes de France (CDF) alerte sur les risques de pénurie. "Près de 8.000 à 10.000 chirurgiens-dentistes vont partir à la retraite. Deux cabinets sur trois ne seront pas repris. Il n'y a pas assez de jeunes dentistes. Trop peu de jeunes sont formés pour répondre à l'augmentation des besoins", dit Alain Vallory, dentiste et secrétaire général des CDF, joint par téléphone par France 3 Lorraine.
Les listes d'attente s'allongent
L’Agence régionale de santé du Grand Est (ARS) a publié lundi 23 septembre 2024 une cartographie des chirurgiens-dentistes. On y apprend que "les zones très sous-dotées représentent 33,2% de la population régionale et les zones sous-dotées, 6,88% de la population régionale". En Lorraine, il en manque dans à peu près 90% des territoires de la région. On constate que les installations se concentrent dans les grandes villes, Metz, Nancy, Épinal, "ce que l'on appelle des territoires non-prioritaires", explique Alain Vallory. "Il faut aussi dire que les gens se soignent mieux. Et les techniques de soins ont beaucoup évolué avec les progrès de la technologie".
Et puis il y a le problème des changements de mentalité. Il faut deux jeunes pour remplacer un départ à la retraite.
Philippe Bichet, Ordre des chirurgiens-dentistes de Meurthe-et-Moselle
Les départs à la retraite sont de plus en plus difficiles à compenser et les jeunes dentistes souhaitent avant tout concilier la volonté de soigner et garder une vie personnelle. C'est ce que confirme Philippe Bichet, "et puis il y a le problème des changements de mentalité. Il faut deux jeunes pour remplacer un départ à la retraite", dit Philippe Bichet.
VIDEO. Les explications de Anne-Sophie Pierson, journaliste à France 3 Lorraine.
En effet, en 2023, un tiers des dentistes étaient âgés de 56 à 61 ans. Il faut six ans d'études pour former un futur praticien, "nous n'avons pas de problème de recrutement grâce à la création de nouvelles facultés. Même si maintenant il faut trouver des enseignants", précise Alain Vallory.
"On a remarqué qu’il n’y avait pas tant d’urgence que ça. Cependant, l’assurance maladie doit obliger les patients à venir au moins une fois par an pour faire un contrôle", insiste Philippe Bichet. Même si désormais les délais pour un rendez-vous s’allongent. Au moins cinq mois et même parfois davantage dans le Grand Est.