Première Guerre Mondiale : le rêve de musée d'un collectionneur d'objets de 14-18 près de Nancy

Passionné depuis son plus jeune âge par la Grande Guerre, Bruno Rouyer a accumulé à Pompey, au fil des années des centaines d’objets, documents et uniformes. Une collection devenue encombrante qu’il aimerait présenter au public dans un espace d’exposition permanent.

La porte s’entrouvre à peine, bloquée par un mannequin en tenue de soldat américain, et il faut se faufiler pour entrer dans la pièce où Bruno stocke les plus belles pièces de sa collection dédiée à 14-18. Dans cet espace exigu, le fruit de quarante-cinq ans de recherches dans des brocantes, des vide-greniers, des bourses spécialisées ou sur internet. Ici un soldat français à la barbe fournie, "poilu" au regard figé. Là un Allemand tenant une pipe en porcelaine. Et au milieu, des mitrailleuses lourdes, des affiches et autres objets du quotidien utilisés dans les tranchées ou à l’arrière du front.
"Tout a commencé quand j’avais huit ans. Je me promenais en forêt et j’ai trouvé des munitions. Mon père m’a expliqué qu’on s’était battu là en 14/18. Ça a été le déclic", explique Bruno Rouyer.

Chaque objet de la collection raconte l’Histoire… Ou une histoire.
Comme ce fantassin français portant un pantalon en velours côtelé : début 1915, la production de drap bleu était insuffisante et il a fallu doter les soldats de culottes de chasse ou de travail trouvées dans le commerce. Une illustration du manque de préparation des armées à une guerre qui allait s’inscrire dans la durée.

Autre exemple de "système D" pour faire face à l’absence de matériel en 1915 : un mortier improvisé utilisant un morceau de bois et une douille d’obus ou des "pétards raquette", grenades artisanales constituées d’une dose d’explosif liée par du fil de fer à une planchette en bois. Bruno a réuni plusieurs objets datant de cette période qualifiée de "martyre de l’infanterie". 1915 est l’année où les offensives françaises se succèdent en Champagne, en Artois, dans les Vosges, en Argonne ou, tout près de chez Bruno, au Bois-le-Prêtre à côté de Pont-à-Mousson. "Je suis très attaché au Bois-le-Prêtre pour des raisons familiales. C’est là que mon grand-père a combattu. Chaque objet qui s’y rattache est très émouvant."

Je suis très attaché au Bois-le-Prêtre pour des raisons familiales.

Bruno Rouyer

Désireux de rendre hommage à son grand-père, Bruno a publié deux livres sur le Bois-le-Prêtre. Lors d’une séance de dédicace, il a fait la connaissance de Philippe Bruant, un autre passionné d’Histoire. Lorsque ce dernier a découvert la collection, il est resté sans voix. "C’est incroyable. L’état de conservation est remarquable et certaines pièces tellement rares que je n’en avais encore jamais vu dans un musée."  Réunis par une même passion, Philippe et Bruno ont publié en 2016 un "Panorama de la Grande Guerre en Lorraine". Au fil de leurs discussions, un projet a vu le jour : trouver un lieu pour permettre au public de découvrir cette collection.

J’aimerais qu’ils soient exposés de façon permanente.

Bruno Rouyer

Certaines pièces ont déjà été présentées dans le cadre d’expositions temporaires ou d’interventions dans des établissements scolaires. Mais ces déplacements répétés ont parfois fini par occasionner des dégâts. "Ce sont des objets qui ont plus de cent ans.. Ils ont beau avoir fait la guerre, ils sont fragiles. C’est pourquoi j’aimerais qu’ils soient exposés de façon permanente."

Pour les deux amis, la création d’un musée autour de cette collection aurait du sens. "Il n’existe pas de lieu pouvant présenter un panorama complet de la Grande Guerre au travers de mannequins et de matériels comme les miens autour de Nancy", explique Bruno Rouyer. "Pour les élèves qui ont la guerre de 14/18 au programme, il faut aller jusqu’à Verdun", ajoute-t-il.

L’intérêt serait aussi de rappeler des événements méconnus voire oubliés comme la bataille du Grand Couronné ou les combats du Bois-le-Prêtre. "C’est capital pour le secteur de Nancy et Pont-à-Mousson. Cela permettrait de comprendre ce qui s’est passé et de ne pas oublier", ajoute Philippe Bruant.

Quelques contacts ont déjà été établis avec des municipalités autour de Nancy. Des démarches restées pour l’instant sans suite. La création d’un musée nécessite un local sécurisé. Bruno Rouyer se propose d’assurer des visites guidées et d’apporter son expertise pour le fonctionnement d’un tel lieu. Restent les questions de frais de fonctionnement d’une telle structure et du budget nécessaire pour un tel projet. Le nerf d’une autre guerre : celle de la mémoire.  

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