Il avait entraîné quelque uns des meilleurs boxeurs lorrains, comme la championne du monde Anne-Sophie Mathis ou le champion d’Europe David Guérault. Depuis son fief de Dombasle (Meurthe-et-Moselle), René Cordier avait dédié sa vie au noble art. Il s’est éteint à l’âge de 76 ans.
Il avait reçu récemment la médaille de commandeur dans l’Ordre national du Mérite, en récompense des dizaines de milliers d’heures qu’il avait passées dans sa salle de Dombasle. Né en 1946, René Cordier était venu à la boxe anglaise à 15 ans. En amateur, il a disputé près de cinquante combats, avant de se tourner vers le coin du ring, d’abord comme soigneur.
Dans les années 80, il passe et obtient ses diplômes d’entraineur. Sur le site de la ville, on apprend que René Cordier avait surpris un jeune garçon en train de voler des pommes dans son jardin : c’est Nordine Mouchi, qu’il mènera en amateurs jusqu’aux Jeux Olympiques d’Atlanta !
Les boxeurs de René Cordier
David Guérault, sept fois champion d’Europe en professionnel, doit lui aussi sa carrière au taulier de Dombasle. S’il échoue lors de son unique tentative de prendre la couronne mondiale WBA en 2004, le boxeur doit tout à René Cordier, qui lui avait appris l’art de la boxe à distance, afin de prendre moins de coups… "Il m'a entraîné depuis mes débuts à 11 ans" raconte, très ému, le boxeur âgé aujourd'hui de 50 ans. "C'est le coach de ma vie, mon deuxième papa, c'est dur pour moi, c'est dur pour tous les boxeurs, c'est même dur d'en parler. Il avait un grand cœur, on a fait le tour du monde ensemble ! C'est une génération qui s'en va, je pourrais parler de lui pendant des heures".
David Guérault, qui entraine aujourd'hui à son tour "veut que Dombasle continue à vivre avec les mêmes valeurs, que l'esprit de René Cordier reste dans cette salle même s'il était unique."
Le phénomène Anne-Sophie Mathis
D’abord réticent à entrainer des femmes, René Cordier a connu les honneurs des victoires en championnat du monde grâce à Anne-Sophie Mathis, avec ses huit titres pro, et ses 27 victoires, dont 23 avant la limite. "René, c'était une forte personnalité, il aimait aider tout le monde, mais surtout ceux qui avaient besoin de sortie de la galère" explique la boxeuse. "Il m'a entrainé pendant une dizaine d'années, nos caractères se ressemblaient, je n'écoutais que lui... c'est difficile de trouver la personne sur qui compter, et pour moi c'était René" poursuit la championne du monde, "je ne sais pas si on reverra des personnes comme lui, je ne sais pas si on retrouvera cette façon de faire et d'être. Il nous apprenait le respect, on allait dire bonjour à Monsieur Cordier avant de monter sur le ring".
Dominique Nato, le président de la fédération française de boxe, se souvient bien de l’entraîneur lorrain : "je me souviens l’avoir vu boxer dans les années 70… ensuite quand je suis devenu directeur technique national, René Cordier m’a fait connaitre Nordine Mouchi et David Guérault ! Il savait se faire aimer et apprécier, sa réputation dépassait les frontières. C’était un éducateur avant tout, il se souciait de ses boxeurs au-delà du sportif. Sa mission allait au-delà du ring. C’est une journée très triste pour la boxe…"