Il y a trois ans, un employé à l’hypermarché E.Leclerc de Vandœuvre-lès-Nancy se donnait la mort sur son lieu de travail. Maxime Chéry avait 35 ans. Après une longue enquête, son supérieur hiérarchique et la société Vandis, qui exploite le magasin, sont mis en examen pour harcèlement moral et homicide involontaire. Pour son entourage, c’est un soulagement.

Maxime Chéry avait 35 ans. Le 11 janvier 2020, ce salarié à l’hypermarché E.Leclerc de Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), qui travaillait dans l’entreprise depuis ses 18 ans, se donne la mort par arme à feu, sur son lieu de travail. Trois ans plus tard, après une longue enquête, son supérieur hiérarchique et la SAS Vandis, qui exploite ce magasin de la banlieue de Nancy, sont mis en examen pour harcèlement moral et homicide involontaire, indique le parquet de Nancy.

Trois ans d’une insoutenable attente

Presque deux ans après les faits, en mars 2022, le dossier est d’abord confié à un juge d’instruction. S'ensuit une première mise en examen, le 15 décembre 2022. Celle-ci concerne la SAS Vandis, représentée par son président, qui exploite cette franchise E.Leclerc, pour mise en danger d'autrui, harcèlement moral dans le cadre du travail et homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi. La seconde mise en examen, le 28 décembre 2022, concerne cette fois-ci l’un des supérieurs hiérarchiques de Maxime Chéry, des chefs de harcèlement moral et homicide involontaire, indique le procureur de la République de Nancy, François Capin-Dulhoste.

J’aurai du mal à faire mon deuil tant que ça n’est pas réglé

Claire Schmitt, la mère de Maxime Chéry

Pour les proches de Maxime, c’est un soulagement. Depuis le mois de janvier 2020, la vie de Claire Schmitt était en suspens, impossible pour elle de faire le deuil de son fils dans de telles conditions. “J’attends depuis longtemps, les choses avancent enfin, je n’y croyais même plus. Il faut maintenant que les responsables soient condamnés, surtout le supérieur de Maxime à l’époque, son N+2. J’aurai du mal à faire mon deuil tant que ça n’est pas réglé”, insiste la maman de Maxime Chéry.

Le dossier avance enfin, c’est une première reconnaissance du fait que Maxime a été harcelé

Frédéric Nicolas, secrétaire général UD-FO 54

Pendant trois longues années, les proches de Maxime, ses collègues et le syndicat Force Ouvrière (FO), dont il était délégué syndical, ont manifesté pour que justice soit rendue. “Ça va dans le bon sens, le dossier avance enfin, c’est une première reconnaissance du fait que Maxime a été harcelé. On attend maintenant que justice soit faite, qu’il y ait un renvoi devant le tribunal correctionnel et que les responsables soient condamnés”, confirme Frédéric Nicolas, le secrétaire général de l’Union départementale F0 54.

Une lettre découverte au moment du suicide

Au moment des faits, le 11 janvier 2020, la situation s’était déjà détériorée depuis plusieurs mois. “Maxime Chéry était chargé du rayon liquide (boissons), qui marchait très bien, le chiffre d'affaires avait même gagné 20% grâce à lui en quelques années. Malgré son investissement, le supérieur hiérarchique de Maxime allait toujours à l’inverse de son travail et de ses préconisations, il sabotait son travail. Le harcèlement a duré au moins deux ans et s'est accentué durant les derniers mois. Maxime faisait régulièrement remonter des problèmes au syndicat et à la direction, pourtant, rien n’a été fait”, dénonce Frédéric Nicolas, le secrétaire général de l’UD-F0 54.

Dans la lettre retrouvée sur Maxime quand il s’est suicidé, il dit qu’il est à bout, qu’il n’en peut plus et qu’il préfère se tuer lui-même plutôt que de tuer son supérieur hiérarchique

Frédéric Nicolas, secrétaire général UD-FO 54

Dans une lettre retrouvée sur Maxime Chéry au moment de son suicide, pour expliquer son geste, le trentenaire faisait part de problèmes sur son lieu de travail. “Dans la lettre retrouvée sur Maxime quand il s’est suicidé, il dit qu’il est à bout, qu’il n’en peut plus et qu’il préfère se tuer lui-même plutôt que de tuer son supérieur hiérarchique. Ce sont des mots très forts”, rapporte le secrétaire général de l’Union départementale F0 54.

Maxime était passionné par son métier qu’il connaissait sur le bout des doigts

Claire Schmitt, la mère de Maxime Chéry

De Maxime, ses proches gardent le souvenir d’un homme qui adorait son travail, qu’il exerçait depuis 17 ans, avant que tout ne bascule. “Maxime était passionné par son métier qu’il connaissait sur le bout des doigts, il se chargeait particulièrement des rayons bière et whisky et recommandait des petites bières locales aux clients, par exemple. Peu à peu, les choses se sont dégradées. Il organisait les rayons, gérait les commandes, puis son supérieur arrivait derrière et modifiait tout, sans le prévenir. Mon fils nous parlait tout le temps de ses problèmes au travail”, se rappelle, émue, la maman de Maxime.

Contacté par France 3 Lorraine, le groupe E.Leclerc n'a, pour l'instant, pas donné suite à notre requête. 

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