Auteur du livre "Un ministre ne devrait pas dire ça" paru en 2018, Christian Eckert ancien secrétaire d'Etat au Budget de 2017 à 2018 rappelle qu'à l'époque, il avait déjà dénoncé la connivence entre Emmanuel Macron, ministre des finances et le secteur du numérique dont Uber.
Christian Eckert, ancien secrétaire d'Etat au budget de 2017 à 2018, sous le mandat de François Hollande, a côtoyé de très près celui qui était alors ministre des Finances, Emmanuel Macron.
Les révélations d'une enquête du Consortium international des journalistes d'investigation sur une connivence présumée entre Uber et l'actuel chef de l'Etat n'ont pas manqué de faire réagir celui qui a toujours dénoncé le "système Macron". Joint par France 3 Lorraine, l'ancien député de la troisième circonscription de Meurthe-et-Moselle s'amuse un peu de la situation : "Tout le monde est en train de découvrir la lune mais ce qui qui est révélé depuis hier était déjà en substance dans mon livre."
En 2018 paraît en effet Un ministre ne devrait pas dire ça aux éditions Robert Laffont. Christian Eckert y fait un portrait du ministre des Finances au vitriol dénonçant certaines méthodes pour bloquer les tentatives de normalisation de la fiscalité de l'économie numérique.
Ce lundi 21 juillet, l'ancien secrétaire d'Etat a reproduit sur son blog, le chapitre 21 de son livre traitant de ces sujets, en voici un extrait titré : "Macron et le moins d’impôt numérique".
"Du côté de chez Macron, les partisans de la libéralisation totale veulent un monde numérique sans impôts, sans cotisations sociales, sans droits ni obligations. En face, nous souhaitons défendre l’équité au-delà des différentes façons d’exercer une activité. Emmanuel Macron comme ses collaborateurs, ont toujours eu le même discours : d’une part, l’économie numérique est une formidable source de croissance et de création de valeur ajoutée. D’autre part, elle constitue un "écosystème vertueux" où il serait fou d’introduire la moindre règle."
Les équipes d’Axelle Lemaire, secrétaire d’État au numérique, et de son ministre Emmanuel Macron, ont cherché et trouvé tous les prétextes, souvent de forme, pour retarder voire empêcher les démarches en cours visant à réguler
Christian Eckert, dans son livre "Un ministre ne devrait pas dire ça" aux éditions Robert Laffont
"L’administration s’est vue par ailleurs dotée par la loi d’un droit de communication très large sur les revenus des utilisateurs des plateformes. Un progrès important pour redresser ceux qui «oublient» de remplir correctement leurs déclarations de revenus".
"Mais nous avons voulu aller plus loin : obligation a été inscrite dans la loi, d’informer les utilisateurs des plateformes de leurs obligations déclaratives, que ce soit en matière d’impôts ou en matière de cotisations sociales. Ainsi, nous avons aussi confectionné des fiches techniques, mises en ligne, pour guider les contribuables dans les méandres des situations particulières à chaque activité".
"La réalisation de ces fiches a été un long chemin de croix pour nos équipes, et pas seulement parce que c’était un travail difficile (...) Les équipes d’Axelle Lemaire, Secrétaire d’État au numérique, et de son ministre Emmanuel Macron, ont cherché et trouvé tous les prétextes, souvent de forme, pour retarder voire empêcher les démarches en cours visant à réguler"
Cette connivence avec le milieu numérique c'était un de nos conflits au ministère
Christian Eckert, ancien secrétaire d'Etat au Budget
Au téléphone, Christian Eckert nous confie que Bercy était une rampe de lancement pour Emmanuel Macron : "cette connivence avec le milieu numérique c'était un de nos conflits au ministère. Il fallait mettre de l'ordre dans le système de ces plateformes, ce que Macron et ses équipes ont toujours retardé. Cet écosystème vertueux ça me faisait hurler. On est collectivement responsable car on a laissé s'installer des pratiques borderlines. Depuis les choses ont évolué petitement".
A la question y-a-t-il d'autres affaires Uber, Christian Eckert nous répond oui. "Il fallait évidemment nouer des contacts au ministère avec les milieux d'affaire mais avec Macron, il s'agissait de contacts réguliers et amicaux".