Une association de patients atteints de maladies rénales dénonce des dialyses abusives pratiquées dans un hôpital de Nancy et dépose plainte auprès du procureur de la République.
Renaloo, association nationale agréée de patients atteints de maladies rénales, annonce, mardi 30 janvier 2024, déposer plainte auprès du procureur de la République de Nancy (Meurthe-et-Moselle) : "pour atteinte à l’intégrité du corps humain, mise en danger de la vie d’autrui et abus de faiblesse".
Selon Bruno Lamothe, responsable du pôle plaidoyer de l'association, un nombre important de patients aurait subi des dialyses injustifiées au sein de l’hôpital privé Nancy-Lorraine (HPNL) de Nancy, filiale du groupe Elsan : "Nous avons reçu comme d'autres destinataires des alertes de néphrologues qui travaillent au sein de la clinique. Nous avons réussi à dénombrer une trentaine de patients, mais il est possible qu'il y en ait plusieurs dizaines de plus. C'est un scandale sanitaire d'une ampleur rarement atteinte". Les alertes ont démarré dès le printemps 2023, lancées par deux des quatre néphrologues exerçant dans l'établissement.
Toujours selon Renaloo, cette pratique des dialyses abusives à la polyclinique de Gentilly serait en cours depuis quatre-cinq ans. L'association a décidé de médiatiser son dépôt de plainte afin d'informer les patients, car beaucoup ignoreraient avoir subi des dialyses injustifiées du point de vue médical.
Yvanie Caillé, la fondatrice de l'association, précise que la pose de cathéter de dialyse et la réalisation de séances de dialyse non justifiées ne sont pas des gestes médicaux anodins, elles exposent à des risques de complications, pouvant aller jusqu’au décès.
À notre connaissance, ni l’établissement, ni l’ARS Grand Est n’ont réalisé de signalement auprès de la justice, alors que l’article 40 du Code de procédure pénale leur en fait l’obligation.
Bruno Lamothe responsable du pôle plaidoyer de l'association Renaloo.
Dans son communiqué, l'association explique que : "la gravité de la situation a entraîné des lancements d’alerte dès le printemps 2023 (...) la Commission nationale de déontologie et d'alerte en santé publique et environnementale (CnDAspe) a constaté « des actes de maltraitance médicale, une mise en danger de personnes vulnérables et de graves écarts aux bonnes pratiques médicales ».
Renaloo a transmis en septembre 2023 l'affaire au procureur de la République de Nancy, au Conseil national de l’ordre des médecins et à l’Agence de la Biomédecine.
L'association dénonce le manque de réactivité des institutions saisies et demande aux pouvoirs publics d'apporter des réponses rapides pour protéger les patients.
Contactés, les responsables de la polyclinique nous ont fait savoir qu'ils étaient en réunion avec l'Agence Régionale de Santé Grand Est et communiquerait plus tard.