Urgences : la chambre régionale des comptes se penche sur le service du centre hospitalier régional universitaire de Nancy

La chambre régionale des comptes du Grand Est a rendu public mercredi 20 novembre 2024 un rapport d'enquête sur les urgences du CHRU de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Elle préconise, entre autres recommandations, une meilleure information des patients.

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La chambre régionale des comptes du Grand Est a rendu public mercredi 20 novembre 2024 un rapport d'enquête sur les urgences du CHRU de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Ce rapport s'est attaché à examiner la période à partir de l'exercice de l'année 2018.

Sans surprise, le rapport pointe des difficultés récurrentes dans l'accueil et la prise en charge des patients. Carole Collinet, présidente de section à la Chambre régionale des comptes du Grand Est explique : "le CHRU de Nancy, comme tous les hôpitaux en France, connait de très fortes tensions au niveau du service des urgences. Il est le seul établissement autorisé sur Nancy à pratiquer cette activité".

Le CHRU est donc l'unique de la métropole du Grand Nancy qui compte 257 915 habitants. Les pics d'affluence sont concentrés le soir, la nuit et le week-end, lorsque les cabinets médicaux sont fermés. Au 31 décembre 2022, 776 662 passages ont été dénombrés dont 48 020 urgences adultes et 28 602 urgences pédiatriques.

Il y a une carence de médecins de ville à Nancy comme partout en France et l'hôpital se trouve être l'unique solution de recours la nuit et les week-ends

Carole Collinet, présidente de section à la Chambre régionale des comptes du Grand Est

Beaucoup de patients ne relèvent pas des urgences

Parmi les patients qui aboutissent aux urgences, la majorité pourrait être réorientée vers des centres de soins non programmés ou des rendez-vous médicaux classiques. Le rapport note que : plus de 8 passages sur 10 dans les services d’urgence adultes et enfants du CHRU de Nancy correspondent à un niveau de gravité CCMU 1 ou 2 (c'est-à-dire qu'aucun acte complémentaire, autre que les examens simples réalisables au lit du patient, n'a été effectué dans le service d’urgence ou que l’état clinique du patient est jugé stable avec décision d’actes complémentaires techniques à visée diagnostique ou thérapeutique au SAU). La carence de médecins de ville explique que les patients se retrouvent aux urgences sans réelle nécessité.

Une population vieillissante

Le rapport souligne une augmentation des personnes de plus de 75 ans. Elles sont 22 704 dans la métropole et représentent 20 % des passages aux urgences : "cela demande une prise en charge spécifique pour plusieurs raisons : ces personnes ont des problèmes de santé récurrents et ils souffrent souvent de plusieurs pathologies".

Le pôle gériatrique du CHRU a mis en place des unités mobiles (équipe mobile liaison gériatrique) qui se déplacent dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et à domicile. Cela a permis de réduire de 12 % l'afflux des personnes âgées aux urgences.

Le recours aux internes

La chambre régionale des comptes note une augmentation des effectifs de 8 % entre 2018 et 2022 et n'a pas recours à l'intérim. Cette augmentation s'explique par le recours important aux internes. [Les internes sont des praticiens en cours de formation spécialisée, qui exercent sous la responsabilité d'un médecin sénior. N.D.L.R] 

Fidéliser médecins urgentistes

Le recours aux internes souligne un problème récurrent : la pénurie de médecins urgentistes. Elle est un facteur aggravant de l’inadéquation de l’offre à la demande et source de tensions aux urgences : La désaffection de nombreux praticiens pour l’exercice de cette spécialité à l’hôpital résulte, pour une part, des exigences propres à l’activité en termes d’intensité, d’horaires et de permanences et, pour une autre part, des tensions et dysfonctionnements qui parasitent cet exercice, parmi lesquels la recherche de lits d’aval et, de manière croissante, les incivilités et la violence verbale ou physique des patients ou de leurs accompagnants. L’apaisement des tensions au sein des structures des urgences conditionne donc leur attractivité à l’égard du personnel, tant médical que paramédical, qu’il convient de fidéliser. 

Mieux informer les patients

La durée moyenne de passage au niveau national est de moins de 4 heures pour 61 % des passages. Elle est au-dessus pour les urgences de Nancy : seulement 43 % des patients adultes passent en moins de 4 heures (77 % pour les enfants).

En conclusion, la chambre régionale des comptes émet quatre recommandations. Deux sont d'ordre technique et deux concernent directement les patients : elle recommande de réaliser à un rythme annuel une enquête de satisfaction auprès des patients des urgences. Ainsi que la mise en place d'un dispositif d’affichage de la durée moyenne de passage aux urgences afin d'assurer l’information des patients.

 

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