Jamais un tel exercice de cyberguerre n’avait été organisé en France. Pendant plusieurs jours, une centaine d'étudiants de Nancy se sont affrontés au cours d'une simulation ultraréaliste, organisée avec l’armée. Le but, se préparer à des cyberattaques et susciter des vocations.
Cette guerre se joue depuis le 6 février 2023, jour et nuit. À Nancy (Meurthe-et-Moselle), une centaine d’étudiants est au régime sec depuis lundi. Lits de camps, rations militaires et ordinateurs en réseau, le réalisme est bluffant. Les yeux rivés sur leurs écrans, ils font face à une terrible menace.
On n’est plus sur un simple travail scolaire mais sur des conditions de guerre
Arthur Terrien, étudiant en 5ème année à Polytech Nancy
Pour cet exercice de cyberguerre grandeur nature, unique en France, les futurs ingénieurs de l’Université de Lorraine doivent mettre en place et déjouer des attaques informatiques, défendre leur pays et les principales infrastructures.
“On travaille vraiment sur un exercice réel, en plus, le fait que ce soit pendant plusieurs jours et quasiment à temps plein, en ayant très peu dormi cette nuit, ça permet vraiment de rentrer dans le projet. On n’est plus sur un simple travail scolaire mais sur des conditions de guerre”, explique Arthur Terrien, étudiant en 5ème année à Polytech Nancy.
Il faut protéger ses infrastructures informatiques et également essayer d’attaquer celles de l’adversaire
Capitaine Jonathan, réserviste de l’armée
L’exercice de cyberguerre regroupe une centaine d’étudiants de six établissements nancéiens, encadrés par de véritables réservistes de l’armée. Dans ce scénario fictif, le “Cryptanga" et les “Anumérics”, deux pays imaginaires, s’affrontent pour obtenir l’exploitation d’une île, les "Riverchelles", riche en ressources naturelles comme le lithium. Les jeunes doivent mettre en place et déjouer des cyberattaques, protéger leurs équipements et gérer cette crise.
“Il faut protéger ses infrastructures informatiques et également essayer d’attaquer celles de l’adversaire. On a par exemple des médias et des journaux en ligne qui ont été attaqués, leur contenu a été modifié avec de la propagande adverse. On parle aussi de lutte d’influence sur les réseaux sociaux par exemple”, dévoile le Capitaine Jonathan, un réserviste de l’armée qui co-anime l'exercice.
Il ne se passe malheureusement pas une journée sans qu’une entreprise ou même des hôpitaux se fassent cyberattaquer
Marion Jilson, directrice adjointe de Polytech Nancy et enseignante chercheuse
Pour les enseignants, il est essentiel de préparer les générations futures à ces nouveaux enjeux. “Il ne se passe malheureusement pas une journée sans qu’une entreprise ou même des hôpitaux se fassent cyberattaquer, donc je pense qu’il est de notre devoir de les former à ces enjeux là”, souligne Marion Jilson, directrice adjointe de Polytech Nancy et enseignante chercheuse.
Plusieurs des étudiants présents se tourneront, plus tard, vers le domaine de la cybersécurité. L’occasion rêvée, donc, de mettre en pratique leurs connaissances et leurs acquis. “Ça nous fait vraiment une vraie préparation à la gestion de crise, comme dans une entreprise ou comme dans un état”, acquiesce Léo Bertrand, étudiant à l’École des Mines de Nancy.
Au total, cet exercice de cyberattaque, unique en France, a nécessité un an de préparation et la mobilisation de plus d’une cinquantaine de personnes.