C'est un défi lancé par l'association ATD Quart-Monde. En finir avec le chômage de longue durée, gâchis humain et financier, en réorientant les aides - et les manques à gagner - liés au chômage, vers des créations d'emplois locaux pour tous. Expérimentation dans quatre territoires en France.
Il n'y a pas si longtemps, Favières vivait de ses forêts. Trois entreprises y travaillaient le bois. Mais le secteur, fragile, n'a pas résisté à la tempête de 1999. L'ensemble du canton - aujourd'hui communauté de communes - souffre d'une pénurie chronique d'emplois locaux. Il faut aller travailler à Toul, à Nancy, voire plus loin. Et pour beaucoup, le chômage est devenu l'activité dominante : 500 chômeurs de longue durée, 10 % de la population active !
Rester chez soi en attendant l'argent, ils ne s'y résignent pas. Chantal, Jean-Michel, Philippe et les autres sont partants pour tenter l'expérience proposée par ATD Quart-Monde.
L'idée force : collecter le coût des chômeurs pour la société. Les dépenses (RSA et autres), mais aussi les manques à gagner (les cotisations que le chômeur ne verse pas). Un chômeur de longue durée "coûte" de 15 à 18 000 euros par an... Et utiliser cet argent pour créer leurs emplois. Des emplois locaux, basés sur des besoins locaux clairement identifiés. Ceci dans le cadre d'une entreprise polyvalente (aide à domicile, espaces verts, etc) ; une entreprise dont la "raison sociale" est l'emploi.
54 secondes pour comprendre avec Denys Cordonnier, ATD Quart-Monde :
ATD inverse la logique du "marché du travail" qui , comme son nom l'indique, est basé sur la compétition, donc la sélection. Ici, on n'écarte personne. TOUS les chômeurs longue durée du territoire sont recensés, leurs talents (ils en ont) identifiés... Tous ont vocation à travailler dans "l'entreprise à but d'emploi".
L'expérience va se tenir dans quatre territoires français pour environ cinq ans. Pour collecter l'argent du chômage dans ces territoires-tests, il faut une dérogation légale. Une proposition de loi, portée par une dizaine de députés (dont Dominique Pothier, député PS du Toulois) est en chantier à l'Assemblée. Ensuite, la balle sera dans le camp des forces vives locales : les élus, les entreprises... et bien sûr les chômeurs eux-mêmes.
Si l'évaluation réalisée dans cinq ans est concluante, le dispositif pourrait être généralisé.