Le Commission nationale du débat public organise ce jeudi 20 juin un débat ouvert à tous, autour des alternatives à l'enfouissement des déchets nucléaires. Cette solution est pourtant celle du projet Cigeo adopté à Bure qui, depuis toujours, rencontre une opposition tenace.
"La gestion des déchets radioactifs ultimes : quelles alternatives au stockage géologique?"
C’est la question choisie par la commission nationale du débat publique (CNDP), qui doit recueillir la contribution des citoyens dans la décision de projets aux impacts sociaux et environnementaux importants.
Tous les citoyens sont libres de venir ce jeudi 20 juin, 18h30, au gymnase de la Côte sainte-Catherine à Bar-le-Duc. Il est également possible d'interagir sur la plateforme du CNDP.
Démocratiser le débat
Le débat s'inscrit dans l'élaboration du 5e plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR), produit par l'ASN (Autorité de sureté nucléaire). Ce plan vise à présenter les modes de gestions des déchets développés, leurs avancées mais aussi leurs besoins et les objectifs à atteindre.Face à la rédaction de ce dossier très technique, le débat doit être l'occasion de rendre un sujet scientifique accessible aux citoyens, et surtout de discuter de sa dimension éthique.
C'est pour cela que le débat n'est pas le premier, et qu'ils ont lieu dans toute la France: depuis avril 2019, les "cafés Philo" et "rencontres du débat" s'enchaînent à Paris, Caen, Lille, Valence... Et devraient s'achever en septembre 2019.
Ces débats, supposés donner une voix à tous, sont cependant régulièrement perturbés et boycottés par des associations anti-nucléaires; En mai dernier à Lille, la rencontre fut par exemple annulée en raison du boycott de plusieurs collectifs qui dénoncent "le manque de transparence et l'hypocrisie du projet."
La Meuse concernée au premier chef
Comme ailleurs, le débat de Bar-le-Duc, s'il se tient correctement, promet d'être houleux, comme en 2013...La question de la gestion des déchets nucléaires est en effet bien connue des habitants de la Meuse, où le projet Cigeo, mis en oeuvre par l'Andra, prévoit l'enfouissement à 500 mètres sous terre des déchets les plus nocifs. Les déchets de moyenne et de haute activité à vie longue, sont en effet ceux qui vont rester dangereux sur une durée de 100.000 ans.
Projet unique en France, l'eufouissement de ces déchets dans des colis sécurisées reste un sujet extrêmement sensible et clivant pour la région. L'opposition, issue du secteur agricole, d'associations environnementales et de plusieurs élus (rassemblés au sein de l'EODRA), s'accorde pour dire que la Meuse de doit pas "être la poubelle nucléaire de la France" et rejette la solution de l'enfouissement en couche profonde, solution certes réversible, mais techniquement difficile à réaliser.
Ce sont donc des questions de sécurité et de protection de l'environnement qui mobilisent citoyens et collectifs, qui portent également un regard lointain, très lointain, sur le futur.
2.000 ans nous séparent des Egyptiens, les hommes de la France de 100.000 ans dans le futur réussiront-ils à déchiffrer nos hiéroglyphes sur le protocole à adopter avec ces déchets? Il s'agit donc d'un débat complexe qui croise plusieurs problématiques.
Les attentes du débat
Tandis que le site à Bure n'est encore qu'un laboratoire , et pas encore entré dans la phase industrielle du projet, l'opposition ne s'est pas fait attendre pour multiplier ses actions, de plus en plus violentes et radicales. Radicales, les réponses des forces de l'ordre et du gouvernement le sont également.En vue de la rencontre prévue ce jeudi, certaines associations tel que le Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (CEDRA), les élus de l’Eodra, ou les Chouettes-Hiboux de Bure se sont déjà rassemblés samedi 16 juin à Bar-le-Duc, pour démontrer leur opposition au projet Cigeo, et on entre autre décidé de boycotter la rencontre avec le CNDP.
Bien ancrés dans leurs positions, le débat intervient entre deux interlocuteurs aux positions, en réalité, gelées.