Mort de Gérard Eckert, l'un des grands chefs de cuisine d'Alsace

Salué par toute la profession, le chef Gérard Eckert est décédé le 19 janvier 2020. Il tenait un restaurant-traiteur à Dorlisheim, après avoir travaillé dans de grandes maisons comme Julien à Fouday, la Cour d'Alsace à Obernai, au Crocodile à Strasbourg ou encore au Cheval blanc, à Lembach.


 

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Gérard Eckert était surnommé "Pépé" ou "l'ours" ou encore "nounours", à cause de son physique imposant, mais aussi à cause de son passage au restaurant O'Baerenheim à Obernai, (Baer signifiant ours en alsacien). Il est mort dans la nuit du samedi 18 au dimanche 19 janvier 2020, à l'âge de cinquante-huit ans, alors qu'il était en week-end chez des amis. Né en Moselle, à Algrange, le chef cuisinier a fait l'essentiel de sa carrière en Alsace. Depuis 2014, il tenait un restaurant-traiteur à Dorlisheim. La date et le lieu de ses obsèques n'étaient pas encore déterminés, en ce lundi 20 janvier.

Depuis l'annonce de sa disparition, les éloges du monde de l'hôtellerie-restauration sont nombreux. Parmi ses proches, des connaissances, amis et confrères nous ont parlé de cet homme passionné, surnommé "nounours" ou "pépé". Beaucoup d'affection et de tristesse ponctuent leurs témoignages.

 

 


Les trois mousquetaires 

 
Serge Knapp, aujourd'hui retraité, évoque des liens très forts avec son ami Gérard Eckert : "On constituait un trio de chefs avec Gérard Eckert et Denis Boulanger. Denis est malheureusment mort très jeune, juste avant ses quarante ans. Tout le monde nous appelait "les trois mousquetaires". Gérard est arrivé chez moi en tant que commis, quand j'étais chef au restaurant Chez Julien, sur le quai des Bâteliers, à Strasbourg. On a bien bossé ensemble, je le considérais un peu comme mon fils, bien que nous n'ayons que cinq ou six ans de différence. Quand je rentrais du marché, et que je rapportais mes produits en cuisine, on n'avait pas besoin de faire de grands discours. Lui et Denis voyaient immédiatement ce qu'on allait en faire. Il régnait une réelle osmose entre nous. Après, j'ai repris la Vignette à la Robertsau, et bien qu'il soit parti en Suisse et ailleurs, on est toujours resté en contact."

Gérard était jovial et il avait un coeur énorme. Il était dans l'excès en tout, en amour comme dans les fêtes. Toujours le premier arrivé à nos soirées et le dernier à repartir. 
Serge Knapp, ami de longue date de Gérard Eckert

 



"Gérard était un aventurier, il avait pas mal bourlingué en Afrique, en Asie, en Suisse... Il avait été formé dans le restaurant russe Vladimir, avenue de la Marseillaise à Strasbourg. Plus tard, quand le patron de ce restaurant est parti s'installer en Afrique, il l'a rejoint. Il avait toujours de nouveaux projets." se souvient Serge Knapp, retraité aujourd’hui à Grendelbruch, où il tient une table d'hôtes.


Médaille de bronze en équipe à la coupe du monde de cuisiniers artistiques en 1998

Le chef Jean-Christophe Karleskind, aujourd'hui cuisinier-traiteur à Kraft-Erstein dans le Bas-Rhin, a souvent croisé la route de Gérard Eckert. "On était tous les deux membres de la fraternelle des cuisiniers d'Alsace". On s'est aussi vus souvent lors de divers concours culinaires." Une victoire commune lui reste tout spécialement en mémoire. "En 1998, on a eu l'occasion de représenter ensemble, l'Alsace à la coupe du monde des meilleurs cuisiniers artistiques. Il avait 39 ans, j'en avais 31. On a travaillé tous les lundis pendant six mois, pour présenter une épreuve d'un jour. Et on a remporté la médaille de bronze, devant les équipes canadienne, américaine, israélienne. Il y avait vingt-deux pays en concurrence. On n'aurait jamais penser se classer aussi bien, sur un millier de concurrents. Avec nous, il y avait aussi Sylvain Ruffenach, de La Chasse à Brumath à l'époque et Yannick Mattern, chef au Château de l'Ill à Oswald. Quand je pense à Gérard, je pense à cette victoire." 


Que des bons souvenirs avec lui

 

Bernard Rottmann, ancien patron du bar des Apôtres à Strasbourg : "On était des copains de longue date, on s’est connus dans les années 90, on a fait des opérations eurobière ensemble. Il a fait partie de ceux qui ont organisé mon mariage. Il mordait dans la vie à pleine dents... Je ne peux que me féliciter de l’avoir connu, on s’est bien amusé ensemble, je n'ai que de bons souvenirs avec lui".

Un père spirituel 

 

"J'étais un peu l'enfant qu'il n'a jamais eu, et je me sens orphelin de lui. Il était un peu mon papa spirituel", explique Sébastien Braun, chef du restaurant Hungerplatz, à Barr. "J'étais tout jeune commis, quand j'ai commencé à travaillé avec lui. Je suis celui qui a passé le plus de temps à ses côtés. Plus tard, il m'a appelé quand il a ouvert le O'Baerenheim en novembre 2000, pour être second de cuisine, alors que je faisais mon service militaire en Afrique, à l'ambassade de Djibouti."

"J'ai fini mon service et deux semaines après mon retour en Alsace, je commençais chez lui. J’avais vingt-trois ans et lui, pas loin de cinquante. Il est entré en apprentissage, l’année de ma naissance. J'étais un peu l'enfant qu'il n'a pas eu. Il m’a transmis ses connaissances et au-delà de la relation de maître à élève, c'est une véritable amitié qui s'est développée entre-nous."

Pendant quelques années, j'étais parti voler de mes propres ailes. Là aussi, il m'a rappelé et j'ai travaillé à sa boutique de traiteur à Dorlisheim, en 2012. Je suis resté cinq ans et quand il a arrêté son activité en 2016, moi je suis parti au Kastelberg à Andlau et maintenant j’ai repris l’auberge du Hungerpaltz à Barr. Je le connaissais depuis mon adolescence. Il est repassé à l'auberge en décembre. On avait en projet de faire un repas de la Saint-Valentin à quatre mains. Ça ne se fera pas, c'est difficile."

 

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