Vendredi 22 novembre 2024, Metz fête le 80ᵉ anniversaire de la libération de la ville qui fut annexée au Troisième Reich. Nous avons posé trois questions à Joseph Silesi. Il est délégué-adjoint pour la Moselle de la Fondation du Patrimoine.
Vendredi 22 novembre 2024, Metz (Moselle) fête le 80ᵉ anniversaire de la libération de la ville qui fut annexée, germanisée et nazifiée avec l'ensemble de l'Alsace-Moselle, par le Troisième Reich.
Nous avons posé trois questions à Joseph Silesi. Il est délégué-adjoint pour la Moselle de la Fondation du Patrimoine. Président de Sites et Monuments de Moselle. La bataille de Metz a été très importante et pourtant, elle est restée longtemps dans l'ombre. L'historien mosellan nous explique.
La bataille de Metz est importante, mais occultée côté américain, pour quelle raison ?
Oui tout à fait, elle a constitué dans le dispositif allemand quelque chose à laquelle ne s'attendaient absolument pas les troupes américaines en arrivant sur Verdun. Le dispositif allemand se met rapidement en place fin août – début septembre 1944 et va résister pendant pratiquement trois mois. Cette bataille a été occultée côté américain par la volonté du général Patton. On ne parle pas de la bataille de Metz parce qu'il a quand même perdu du temps, lui qui partait comme un cow-boy à la charge. Quand Metz est libéré le 22 novembre 1944 à 14 h 35, il y a encore des forts qui résistent. Le dernier à tomber sera le fort Jeanne d'Arc le 12 décembre. Donc, c'est vous dire la pugnacité et le fanatisme des troupes allemandes.
Comment ont été accueillis les libérateurs par la population de Metz ?
Évidemment, la population messine a accueilli ses libérateurs à bras ouverts. Par contre, la première réaction des soldats américains qui sont entrés dans Metz au premier contact avec les autochtones, a été une attitude de méfiance. On peut les comprendre : est-ce que c'est un collaborateur ? est-ce que c'est un SS ? un gars de la Gestapo déguisé en civil ? Mais cette méfiance s'est rapidement estompée, ce qui a permis à la population, et surtout aux Américains, de se retrouver en situation de confiance.
Vous avez une anecdote à propos d'une plaque de rue dévissée par un prisonnier italien
Oui, tout à fait ! j'étais le dépositaire jusqu'au mois de septembre d'une plaque en fonte émaillée sur fond bleu en gothique allemand avec le nom de la rue : Adolf Hitler Strasse. Elle correspond aujourd'hui à l'actuelle avenue Robert Schuman. Un italien qui avait été détenu comme prisonnier politique au fort de Queuleu et qui s'appelait Ernesto Renato Carcano, a eu le courage, alors que Metz n'était pas encore libérée, d'aller démonter cette plaque. Il savait que les troupes allemandes allaient capituler, sans savoir encore à quel moment. Sa fille, Anne-Élisabeth qui vit dans le sud de la France et en a hérité, me l'a remise il y a quelques années.
Don à l'association Metz en guerre
Considérant qu'il s'agissait là d'un élément important du patrimoine mémoriel de Metz, Joseph Silesi a tenu à ce qu'elle soit conservée "entre de bonnes mains". Il a donc remis officiellement le 19 novembre, dans les grands salons de la mairie, la plaque à des jeunes qui ont constitué une association qui s'appelle "Metz en guerre" et qui milite pour la connaissance et la perpétuation de la mémoire de la bataille de Metz.