Il a usé ses Adidas spéciales Handball sur les parquets de Lorraine et d’ailleurs, mais à 46 ans Kolia Rutili a désormais rejoint les tribunes. Micro en main, il anime les matches de Thionville, pensionnaire du championnat de Nationale 2 à la manière d’un MC jamaïcain. Rencontre avec le plus déjanté des speakers sportifs de Lorraine.
"J’ai fait sports-études, j’ai joué à haut niveau. C’est mon sport de cœur". Kolia Rutili est un drôle d’oiseau. On l’imagine facilement à son ancien poste sur le parquet, à l’aile, laisser sur place son défenseur droits dans les yeux pour s’envoler vers la cage adverse et y planter un pion avec la banane. A la manière d’un automobiliste qui grille la priorité dans un rond-point, avec tellement de malice et d’agilité qu’on dit bravo.
Mon approche c’est celle du MC (master of ceremony), comme aux origines. Dans les années 50 en Jamaïque, aux origines du hip-hop avec les platines, les premières improvisations au micro, j’aborde les choses de la même manière.
Kolia Rutili, speaker du club de handball de Thionville
Jamais froid aux yeux, comme lorsqu’il grimpe en haut du fourneau U4 d’Uckange en 2018, pour tourner un clip où il tacle le Président Macron avec son tube "qu’ils viennent me chercher". La performance a été réalisée sans autorisation évidemment !
Barbichu, grisonnant, le natif de Yutz n’a jamais fait mystère de son attirance pour le ballon rond qu’on joue avec les mains, parce qu’on est quand même plus adroit avec ses mains qu’avec ses pieds non ? Dans une de ses vidéos les plus célèbres, il tartine Zlatan et clame son amour pour Nikola Karabatic. L’équipe de France de handball est six fois championne du monde, dont quatre avec l’arrière-droit du PSG.
A la manière d'un MC jamaïcain
A l'approche de la cinquantaine, l’ancien joueur a donc définitivement délaissé la résine qui colle aux mains, pour se consacrer aux platines et au micro, au service de Thionville, son club de toujours : "pour moi la compétition, c’est fini. Mais il reste le respect qu’on doit à l’adversaire. Je mets un point d’honneur à l’accueillir dans les meilleures conditions, à le traiter comme si c’était mon équipe, même si mon boulot évidemment c’est de supporter la mienne à domicile".
Chanteur du groupe R.I.C., vingt ans de musique et un millier de concerts, forcément ça aide à devenir speaker sportif : "mon travail pendant les matches, c’est comme une bande originale de film. Tu imagines un Charlie Chaplin, muet, et moi je joue le piano derrière. Le film c’est le match, et j’improvise dessus. J’ai des supports, du matos, mais j’improvise". Le quadra revendique ses racines bien roots, née dans les Caraïbes : "mon approche c’est celle du MC (master of ceremony), comme aux origines. Dans les années 50 en Jamaïque, aux origines du hip-hop avec les platines, les premières improvisations au micro, j’aborde les choses de la même manière".
En tant que speaker, il a participé aux championnats du monde de handball, à des matches de Coupe d’Europe, maintenant il aimerait monter les échelons, pourquoi pas au foot en Ligue 1, le PSG, l’OM… "comme ça le samedi soir je suis à Thionville et le dimanche je prends le TGV pour traverser la France !". En attendant il secoue le Gymnase Jean-Pierre Adams de Thionville un samedi sur deux.