À Saint-Avold (Moselle), la douane dévoile sa stratégie de lutte contre le blanchiment d’argent. Un seul but affiché : aller au-delà de la saisie d’argent pour mieux remonter les réseaux. Il s’agit de savoir d’où vient, et où va l’argent, afin de mieux combattre les trafics en tout genre.
Nous sommes au péage de Saint-Avold en Moselle. Une opération de contrôle de la douane. Et pour détecter l’argent sale caché dans une voiture, un camion ou encore un bus, c’est un outil quasi infaillible : le chien renifleur. "Il cherche l’odeur du papier et de l’encre." Il fait partie de la nouvelle stratégie de la douane française. Elle cherche à en implanter davantage sur le territoire, "en règle générale, le chien ne se trompe pas".
Ce jour-là, l'un de ces alliés à quatre pattes, Pavot, a déjà trouvé des billets dissimulés derrière la carrosserie. Mais l’argent peut aussi se cacher partout. Dans les sièges, les pare-chocs ou la mousse de la toiture. La brigade espère avoir un deuxième maître-chien très rapidement.
Car il faut dire qu’ici, à Saint-Avold, comme près de chaque frontière, les flux d’argent blanchi sont de plus en plus nombreux. Et dans les deux sens. "On va retrouver par exemple pour les déchets des entreprises allemandes qui vont descendre avec de l’argent en liquide pour aller acheter par exemple des pots catalytiques, notamment quand ils ont une origine pas vraiment régulière. Pour la descente on aura l’argent et au retour on aura le pot catalytique", dit Sébastien Faure, inspecteur des douanes et chef de la brigade de Saint-Avold.
Le contrôle est facilité dès lors qu’on va avoir des éléments qui nous laissent à penser à un blanchiment. Les personnes vont être placées en retenue douanière, ce qui est l’équivalent de la garde à vue.
Sébastien Faure, chef de la brigade de Saint-Avold
Mais il y a aussi l’argent sale issu du travail dissimulé, envoyé grâce à de fausses factures, souvent dans les pays de l’est. Il revient en liquide en France pour payer, sous le manteau, des salariés du BTP, et bien sûr les réseaux de drogues.
Contrôle judiciaire
Désormais la loi a élargi la possibilité de faire des retenues d’argent jusqu’à un an, voire même des retenues de personnes. "Le contrôle est facilité dès lors qu’on va avoir des éléments qui nous laissent à penser à un blanchiment. Les personnes vont être placées en retenue douanière, ce qui est l’équivalent de la garde à vue, pour la douane. Et ce qui souvent donne lieu à l’ouverture d’une enquête judiciaire", ajoute Sébastien Faure. Enfin dorénavant, les personnes ayant été arrêtées avec des sommes suspectes sont priées de prouver l’origine licite de leurs fonds. Autant d’outils qui doivent permettre aux douaniers de démanteler davantage les réseaux de blanchiment d’argent.
La douane française dispose de près de 240 équipes cynophiles réparties dans trois spécialités : la recherche de stupéfiants, de tabacs et d'armes et enfin de munitions et explosifs.