Ascométal est placé en redressement judiciaire ce mercredi 27 mars 2024. La vente de l'aciériste au groupe italien Venete a échoué. Les salariés sont sous le choc. La CGT pointe la responsabilité de la direction, mais aussi de l'État dans cet échec.
Retour à la case départ pour le groupe Ascométal France Holding mis en vente par son propriétaire Swiss Steel. Le repreneur potentiel, l'aciériste italien Venete fait savoir mercredi 27 mars 2024 par voie de communiqué de presse, que : "cette opération n'a pu aboutir et tient à remercier l'ensemble des collaborateurs des sites d'Hagondange (Moselle), de Custines (Meurthe-et-Moselle) et du Marais (Loire), ainsi que le centre de recherche CREAS (Moselle)".
Le groupe Acciaiere Venete précise qu'il n'est pas responsable de cet échec et déclare dans le même communiqué que : "cette décision provient de l'incapacité d'Ascométal France Holding à satisfaire seul les conditions nécessaires à la vente".
La colère des salariés
Les salariés sont assommés par la mauvaise nouvelle, d'autant que la vente était bien engagée. Nicolas Haettinger, délégué CGT à l'aciérie d'Hagondange (Moselle) fait part de la colère des personnels : "on est abasourdis, écœurés. Les gens sont particulièrement énervés parce qu'on nous a soigneusement mis à l'écart pendant toute cette opération, nous, les représentants syndicaux, les élus du personnel".
Selon la CGT, la direction d'Ascométal de son côté a expliqué aux représentants du personnel les raisons de ce retournement brutal : "ce retournement de situation est malheureusement le résultat d'un ensemble de facteurs complexes. Nous comprenons que les difficultés du marché, la dégradation de notre niveau de stock et de trésorerie ainsi que les difficultés propres à Swiss Steel ne permettent pas de remplir les conditions sur lesquelles les trois acteurs, s'étaient entendus ces derniers mois".
On est d'autant plus écœurés que les salariés ont fait beaucoup d'efforts depuis deux ans afin d'assurer la pérennité de l'entreprise.
Nicolas Haettinger, délégué CGT à l'aciérie d'Hagondange
Deux mois pour retrouver un repreneur
Sitôt l'échec de la vente annoncé, Ascométal a été placé, mercredi 27 mars, en redressement judiciaire. Le groupe a un mois pour retrouver un repreneur. Nicolas Haettinger estime que l'État a aussi sa part de responsabilité dans ce fiasco à travers le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI). Il a pour mission d’aider les entreprises en difficulté ; d’élaborer et de mettre en œuvre des solutions permettant d’assurer leur pérennité et leur développement.
Ascométal ne manque pas d'atouts : son aciérie est électrique donc décarbonée, elle travaille essentiellement pour l'automobile, mais peut aussi fournir l'industrie de l'armement, ce qu'elle a déjà fait avec l'entreprise Nexter S.A.
À ce titre, la CGT prend le ministre délégué à l'industrie Roland Lescure au mot : dans une perspective de la mise en place d'une économie de guerre, l'aciérie peut apporter ses capacités de production qui aujourd'hui font défaut notamment dans la fabrication d’obus, y compris dans le cadre d'une nationalisation.