ENTRETIEN. Avec Raphaël Pitti, médecin humanitaire et responsable formation de l'ONG française Mehad sur la situation humanitaire à Gaza

Trois questions à Raphaël Pitti, médecin humanitaire et responsable de formation au sein de l'ONG française de santé Mehad, sur la situation au Proche-Orient. Au moment où le Qatar annonce que la trêve entre Israël et le Hamas est prolongée de 48h et que 248 camions humanitaires ont enfin pu faire leur entrée à Gaza.

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Raphaël Pitti, médecin humanitaire et responsable de formation au sein de l'ONG française de santé et de solidarité internationale Mehad, suit minute par minute l'évolution de la situation au Proche-Orient. S'il se réjouit de la libération des premiers otages et de la trêve qui l'accompagne, il réclame à l'instar des autres ONG un cessez-le-feu. 

Raphaël Pitti, des voix se sont élevées comme celle du président américain Joe Biden pour demander que cette trêve soit prolongée. Est-ce qu'une prolongation, disons durable, vous semble possible aujourd'hui ? 

Une trêve, cela soumet une sorte de stress et d'angoisse. Les gens ont le sentiment de pouvoir revivre pendant 3 à 4 jours et puis tout peut s'arrêter d'un moment à l'autre. Il est vraiment très important que nous puissions avoir un cessez-le-feu. C'est ce que nous avons demandé, nous les ONG, dès le début et de façon immédiate. Nous pensons que seule la négociation permettra à la fois de permettre la libération des otages — et ça, c'est quand même important — et de prendre en charge cette population. Je pense qu'il faut dire à Israël maintenant ça suffit et se mettre autour d'une table, faire pression sur l'Iran et même sur le Quatar. De toute façon, il faut qu'Israël se rende compte qu'on ne détruira pas le Hamas, la relève est déjà assurée. Si demain le Hamas disparaît, il y aura une autre organisation qui se mettra en place de même nature.

À mon avis, le Hamas va garder les militaires car c'est une monnaie d'échange. Je pense qu'il va continuer à libérer les personnes âgées et les enfants, autrement dit les plus fragiles, et il gardera les militaires. Le Hamas ne libérera pas tous ses otages bien évidemment, car c'est sa seule garantie de pouvoir négocier quelque chose. 

Pourquoi votre ONG Mehad n'intervient pas à Gaza pour apporter son aide médicale ? 

Nous n'avons toujours pas reçu les autorisations des Égyptiens pour pénétrer à l'intérieur de Gaza. Seul Médecins sans Frontières a réussi à faire entrer une équipe médicale. C'est tout pour l'instant. On est vraiment dans une situation unique, au point où nous avons créé un collectif de 14 ONG  — les plus importantes dans le monde comme Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde, Handicap International, Oxfam ou encore le conseil norvégien pour les réfugiés — pour dénoncer l'impossibilité de pouvoir prendre en charge ces personnes. C'est vraiment dramatique ce qui se passe, on nous empêche de travailler, d'apporter notre aide à cette population qui est bombardée, déplacée. Alors bien sûr, il y a eu 248 camions de l'ONU avec la Croix Rouge internationale qui sont rentrés pour déposer des stocks de nourriture et d'eau à l'intérieur de Gaza et pour pouvoir ensuite les redistribuer, mais cela ne suffit pas. 

Raphaël Pitti, si vous pouviez intervenir, que faudrait-il faire ? 

Il faudrait permettre dans le même temps l'ouverture non pas d'un seul corridor humanitaire mais de deux pour faciliter l'approvisionnement de la zone dans le sud de Gaza. Il faudrait pouvoir évacuer les blessés les plus graves vers l'extérieur de Gaza pour qu'ils soient pris en charge et soigner. Il faudrait accompagner cette trêve de tout cela, or ce n'est pas le cas. On est juste sur une situation où les bombardements s'arrêtent. Il faudrait pouvoir laisser rentrer les ONG de Khan Younes jusqu'à la frontière égyptienne en sécurisant cette zone et organiser l'aide humanitaire pour ces 1 million 600 mille personnes, en renforçant les hôpitaux qui sont là avec des hôpitaux mobiles. On pourrait faire cela. 

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