Réunis en assemblée générale le mardi 04 juin, les salariés de la centrale Emile Huchet de Saint-Avold ont décidé de se mettre en grève pour une durée illimitée. Face au silence de l'Etat sur les projets de reconversion du site, ils sont inquiets pour leurs emplois.
Les salariés de la centrale Emile Huchet de Saint-Avold ont décidé, mardi 04 juin, de se mettre en grève pour une durée illimitée. Réunis en assemblée générale, ils ont choisi ce mode d'action pour faire entendre leur voix au moment où la campagne électorale pour les élections européennes bat son plein.
Tôt ce mercredi 05 juin, les salariés de GazelEnergie ont bloqué les accès au site provoquant de gros bouchons sur la Nationale 33, un axe très fréquenté surtout aux heures de pointe. "On a des retours de personne, tout le monde fait la sourde oreille" s'exaspère Thomas About délégué syndical CFDT de la centrale Emile Huchet. "On nous laisse mourir dans notre campagne. Pas de retour suite au blocage qui impacte quand même considérablement la centrale. Le préfet reste dans sa préfecture, les ministres dans leurs ministères et leurs conseillers ne répondent plus au téléphone. Nous avons l'ambition de changer ce site, mais il nous faut du soutien des pouvoirs publics et ce sont les pouvoirs publics qui nous bloquent".
Nous sommes obligés de nous mobiliser. On voit que la France, si elle n'est pas bloquée, rien ne se passe
Thomas About, délégué syndical CFDT de GazelEnergie
En fin de matinée, un barrage filtrant a été installé au niveau du rond-point qui dessert le site de GazelEnergie. Une centaine de manifestants ont participé à cette mobilisation, soit environ la moitié de l'effectif de la centrale Emile Huchet, salariés sous-traitants inclus. "La suite c'est de continuer dans le durcissement du mouvement" confie Thomas About. "Je tiens d'ailleurs à m'excuser auprès de tous ceux qui ont été bloqués du fait de notre action. Nous sommes obligés de nous mobiliser. On voit que la France, si elle n'est pas bloquée, rien ne se passe."
Jusqu'à présent, les syndicats avaient invité les têtes de liste aux élections européennes et fait venir les politiques à la centrale dans le but d'avoir un écho médiatique suffisamment important pour que le gouvernement réagisse. Car depuis l'annonce d'Emmanuel Macron à la télévision le 24 septembre dernier annonçant l'arrêt du charbon en 2027 et la conversion de la centrale à la biomasse, ils s'inquiètent du silence de l'exécutif.
Lettre ouverte
Après avoir participé à une réunion organisée le vendredi 17 mai à la centrale avec les élus locaux et l'industriel GazelEnergie, les salariés de la centrale Emile Huchet ont initié l'idée d'une lettre ouverte envoyée au Président de la République. Écrite par la sénatrice LR de la Moselle Catherine Belrhiti, cette lettre ouverte a notamment été co-signée par Patrick Weiten le Président du Conseil Départemental de la Moselle (DVD), par les parlementaires Fabien Di Filippo (LR), Vincent Seitlinger (LR), Christine Herzog (UC), Khalifé Khalifé (LR), Jean-Marie Mizzon (UC), Michaël Weber (PS) et par la député européenne Nathalie Colin-Oesterlé (PPE) sans oublier François Grosdidier le maire de Metz (DVD) ou encore Alexandre Cassaro, le maire de Forbach (LR).
Depuis des mois, le gouvernement tergiverse mais il y a désormais urgence. Des réponses doivent être apportées, au risque de mettre le site industriel et ses emplois en péril
Catherine Belrhiti, sénatrice de la Moselle (LR)
Dans ce courrier, Catherine Belrhiti écrit: "Aujourd'hui, la centrale Emile Huchet est de nouveau en péril et la situation de ses salariés et de ses sous-traitants est préoccupante. Depuis des mois, le gouvernement tergiverse mais il y a désormais urgence. Des réponses doivent être apportées, au risque de mettre le site industriel et ses emplois en péril."
En se mettant en grève, les salariés de la centrale Emile Huchet mettent un peu plus la pression sur le gouvernement et sur Emmanuel Macron qui prendra la parole à la télévision jeudi soir sur TF1 et sur France 2. Le Président de la République s'exprimera sur les sujets internationaux et donc sur la guerre en Ukraine. Évoquera-t-il au détour d'une phrase la centrale à charbon de Saint-Avold? C'est ce que secrètement espèrent les salariés d'Emile Huchet mais rien n'est moins sûr.