L’ancien président de la République (2012-2017) sera mercredi 8 juin en Moselle, pour soutenir deux socialistes "dissidents" aux prochaines élections législatives face aux candidats investis par la Nupes. Il y a dix ans, François Hollande arrivait dans le département en sauveur de la sidérurgie.

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Officiellement, c’est en tant que président de la fondation la France s’engage que François Hollande revient en Moselle mercredi 8 juin 2022. La page Wikipedia de la structure nous apprend que l’ancien président de la République en a pris les rênes en septembre 2017, après en avoir lancé l’initiative en 2014. Reconnue d’utilité publique, elle "a vocation à soutenir des projets d'innovation sociale dans une logique de changement d'échelle territoriale". Son financement serait assuré en partie par des multinationales comme Total… ou BNP Paribas.

J’espère que demain François Hollande annoncera la refondation du parti

Eric Gulino, candidat PS dissident 3è circonscription de moselle

Bizarrement, pour ce déplacement, l’ancien premier secrétaire du PS (1997-2008), évite largement la partie de la Moselle qu’il a marquée au fer rouille : la vallée de la Fensch. Il se rendra à Sainte-Marie-aux-Chênes, puis à Ogy-Montoy-Flanville pour y rencontrer des "acteurs associatifs et des producteurs locaux".

Visite de soutien aux socialistes dissidents

"C’est une visite politique, clairement" nous confirme la conseillère presse de l’ancien chef de l’Etat, "Yoan Hadadi, nous a demandé de venir le soutenir". Le candidat de la première circonscription de Moselle fait partie des quatre "dissidents" socialistes qui se présentent dans le département face des candidats NUPES. Quatre dans un département avec neuf circonscriptions, record de France.

L’alliance officielle NUPES n’a laissé qu’une circonscription au PS en Moselle, la 9e. Pas assez pour les socialistes historiques qui sont repartis au front. "C’est assez étrange de voir celui qui a ruiné la crédibilité politique du PS en tant que parti de gouvernement revenir en Moselle, là où précisément il lui a donné le coup de grâce" confie un ancien élu socialiste du département. 

A l'ombre des hauts fourneaux d'Hayange

La relation de François Hollande avec la Moselle s’annonçait pourtant prometteuse il y a dix ans. Fraichement investi par le PS à la présidentielle de 2012, il effectue son premier déplacement comme candidat mardi 17 janvier 2012 à Thionville d’abord. Il visite le laminoir d’Akers, sous-traitant de la sidérurgie et notamment des usines voisines de Florange et Hayange. Présenté comme un fleuron par le duo Bertrand Mertz-Aurélie Filipetti qui a concocté le programme, Akers ferme ses portes quatre ans plus tard dans l’indifférence générale. 170 salariés restent sur le carreau. La poisse.

Etrangement, et malgré l’annonce quelques mois plus tôt de l’arrêt, présenté alors comme temporaire par ArcelorMittal, des hauts fourneaux d’Hayange, le futur président évite ensuite Florange pour filer directement à Gandrange. La fermeture de l’aciérie de la vallée de l’Orne a entrainé la destruction d’un millier d’emploi en 2008, gros caillou dans la chaussure de Nicolas Sarkozy, alors président de la République. François Hollande veut en dénoncer le bilan et fustiger l’incapacité du gouvernement de droite de l’époque à sauver l’industrie française. Mais le boomerang lui revient vite dans les oreilles. A la vitesse de l’éclair. Le 24 février 2012 le candidat socialiste monte sur le camion sono de la CFDT devant le portier de Sainte-Agathe à Florange.

Devant 300 sidérurgistes, il y prononce son fameux discours, et sans faire de promesse, il lie son sort à celui des salariés ArcelorMittal en lutte pour le maintien de la filière liquide. Son élection le 6 mai 2012 déclenche une vague d’espoir dans la vallée, rapidement douchée.

Le 30 novembre de la même année le Premier ministre Jean-Marc Ayrault énonce les grandes lignes d’un accord avec le numéro 1 mondial de l’acier, qui, s’il évite des licenciements, enterre les hauts fourneaux, l’aciérie et la coulée continue, provoquant la perte de 629 emplois.

Cette période a précipité les socialistes locaux dans l’abime. Le mot "trahison" est ouvertement prononcé par certains élus socialistes. Philippe Tarillon, ancien maire de Florange, y laisse son mandat en 2014 : "j’ai rendu ma carte du PS en fin d’année dernière (2021). Je n’ai pas fait partie des frondeurs mais François Hollande est en grande partie responsable de l’état actuel du PS. Il devrait faire l’analyse et le bilan de son action entre 2012 et 2017, et de tout ce qu’on a perdu en terme de mandats locaux". L’ancien patron de la vallée de la Fensch ne soutient pas les dissidents actuels : "je suis favorable à la NUPES, même si j’ai des divergences profondes avec Mélenchon… Je n’ai pas été invité demain pour rencontrer François Hollande, mais je n’y serai pas allé".

Le PS mosellan, canal historique

Quel soutien attendre de François Hollande en 2022 ? L’ancien président vient en Moselle au titre de président de sa fondation, "mais il ne vient pas rencontrer les bénéficiaires de son aide" précise sa communicante. Les rencontres prévues, autour de la vie associative et des produits locaux, laissent songeur cet ancien proche du président, "on est quand même très loin des ambitions de 2012 et des espoirs qu’il a suscités".

Les derniers socialistes mosellans se disputent les restes de l’héritage du PS : qui est le plus fidèle aux idéaux historiques, ceux qui ont accepté la dilution dans la NUPES ou les dissidents fidèles à celui qui est responsable de la faillite ?

Eric Gulino, maire d’Ogy-Montoy-Flanville et candidat PS "dissident" dans la deuxième circonscription de Moselle, revendique ses "40 ans de carte du PS" et son soutien à François Hollande : "j’espère que demain, il annoncera la refondation du parti". L’élu local ne se reconnait pas dans la gauche radicale, et assume sa fidélité : "j’ai des convictions et des certitudes, même si elles sont pleines de doutes… Je considère que le bilan de François Hollande doit être examiné dans le contexte de l’époque, et je pense qu’il était difficile de faire autrement". Le candidat aux législatives reconnait que l’ancien premier secrétaire "a destructuré le parti, mais il n’a pas destructuré la France ! L’idéal humain du socialisme j’y crois toujours".

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