Après plus de 10 ans de carrière, une Victoire de la Musique et quelques musiques de films, Cascadeur fait sa mue pour son quatrième album intitulé "Revenant". Sortie le 11 mars 2022 chez Universal Music.
Après plus de dix ans de carrière, une Victoire de la Musique et quelques musiques de films, Cascadeur fait sa mue pour son 4e album intitulé "Revenant". Quelque chose a changé. Fini le casque de vol de pilote de chasse, désormais, le casque ressemble un peu plus à un masque.
Revenir, c’est aussi retenir. J’ai une vie en dehors de la fantasmagorie de Cascadeur
Cascadeur
L’album "Revenant" (Universal Music) a été composé avant la pandémie de Covid-19. Pourtant, le nom de l’album "Revenant", comme certains morceaux, sont troublants. "Respirator", "Les ombres" ou encore "Silence" interpellent. Le titre était choisi depuis longtemps comme l’explique Cascadeur : "Dans le titre de l'album, "Revenant", il y a cette idée du retour lié à l’absence, celle d’une apparition et pourquoi pas de fantômes qui resurgiraient. Il y a souvent cette idée de passer d’un lieu à un autre chez moi. J’ai souhaité un terme assez ouvert".
Il ajoute : "Revenir, c’est aussi retenir. J’ai une vie en dehors de la fantasmagorie de Cascadeur. Dans ma vie, je suis confronté au temps qui passe, le mien, celui de mes proches, celui des êtres disparus. J’écris certains morceaux pour les faire vivre encore, pour leur faire poursuivre une existence". Parmi les treize titres, "La promesse" mérite une écoute très attentive. Cascadeur masque et dévoile à la fois, comme dans plusieurs des titres de cet album.
"La promesse est l’itinéraire d’un personnage qui a vraiment existé. J’ai transformé son histoire qui est aussi la mienne. L'histoire d’une femme qui a dû quitter son pays pour différentes raisons. Je voulais un morceau un peu "western spaghetti", un hommage à Ennio Morricone. C’est quelque chose de fondateur chez moi. On est à la fois dans la tragédie et le mythe. C’est un morceau très intime".
Tout le monde était dans la peau de Cascadeur.
Cascadeur
Alors que la pandémie de Covid-19 semble enfin refluer, le morceau "Respirator" sonne à nos oreilles comme une injonction à respirer. Le souffle est une thématique chère à Cascadeur. "Je parle assez souvent du souffle lié à l’existence. Mais aussi du souffle indispensable à la musique."Respirator", c’est aussi l’idée des épreuves. Ce titre est construit autour de cela. On s’est retrouvé à parler tous les jours de respirateurs et de réanimation pendant cette période. C’était assez étrange. Durant ces deux dernières années, nous nous sommes tous retrouvés masqués. Voir tout le monde porter des masques, c’était irréel, un peu fantomatique. Comme si d’un coup, tout le monde était dans la peau de Cascadeur. Même si dans mon cas, le casque libère la voix".
Je n’ai soif ni de gloire, ni de notoriété
Cascadeur
Cascadeur, qui n’est pas à un paradoxe près, fait un pas de plus dans la lumière. Plusieurs titres sont en français. "Chanter en anglais, c’est aussi être un peu masqué". Le français laisse apparaître sa fragilité, sa sensibilité et il le sait. "Chanter en français, c’est aussi ouvrir des portes. C’est un album de projection. Il emmène, je l’espère, sur d’autres terrains. Je suis heureux de cela. Autant visuellement qu’au niveau du traitement musical, j’essaie d’ouvrir des portes. La volonté, c’était de ne pas m’enfermer dans mon casque. Je n’ai soif ni de gloire, ni de notoriété. Ce que j’aime, c’est entendre les retours des auditeurs. Ce sont des moments rares que j'apprécie. Je n’ai pas l’impression d’être quelqu’un à part. Au contraire, je me sens parmi les autres, parfois invisible".
Du casque au masque
Après les concerts, quand je vais à la rencontre des gens, c’est compliqué, si je suis avec le casque, je suis "Cascadeur". Si je suis démasqué, on ne sait pas qui je suis
Cascadeur
Quelque chose a donc changé… Et pourtant, Cascadeur est toujours dissimulé : "c’est tout le paradoxe du visage. C’est peut-être le masque ultime. Je ne suis pas encore prêt à porter mon visage. Il faut que j’ai recours à ce masque qui est mon vrai visage de fond. Je ne voulais pas apparaître, mais je souhaitais me faire entendre. Je suis très sensible à cela. Je trouve qu’un visage, c’est un peu comme une prison. Je désirais pouvoir changer de forme, avoir cette capacité de ne pas figer mon visage. Je comprends que certaines personnes souhaiteraient me voir pendant que je chante. Je montre assez de choses de moi dans mes chansons. Ce qui est important, c’est ce qui passe par la voix, par le jeu du piano. Je ne suis pas certain que, me voir, apporterait quelque chose. Après les concerts, quand je vais à la rencontre des gens, c’est compliqué, si je suis avec le casque, je suis "Cascadeur". Si je suis démasqué, on ne sait pas qui je suis".
Si vous voulez rencontrer Cascadeur ou peut-être "Masquadeur" comme il s’est amusé à se nommer pendant notre entretien, il y a l’album "Revenant" (Universal Music), sortie le 11 mars 2022. Une tournée suivra.