Trois ans de prison avec sursis, la confiscation des armes et une interdiction définitive de chasser ont été requis lundi 9 janvier 2023 par le parquet de Sarreguemines (Moselle) contre un chasseur accusé d'avoir mortellement touché un de ses camarades de chasse en janvier, a-t-on appris auprès de l'avocat des parties civiles.
Le 28 janvier 2022, Aloyse Boehler, 63 ans, "passionné de chasse et de nature" selon son conseil, se trouvait dans son mirador à Achen, en Moselle, quand il a été touché par une balle tirée par le prévenu, Henri Schoenhentz, avec qui il était parti chasser (voir carte ci-dessous).
Lors de son audition en garde à vue, ce dernier avait expliqué avoir tiré sur "un chevreuil" qu'il avait "loupé", depuis un mirador différent de celui où se trouvait Aloyse Boehler, situé à 400 mètres de distance. Il l'avait informé de son tir manqué, puis la nuit arrivant et n'ayant pas de nouvelles de son ami, il était allé vérifier le mirador où il l'avait retrouvé inconscient, avait-il expliqué aux gendarmes. Il avait ensuite appelé un ami avant d'appeler les pompiers, arrivés plus d'une heure et demie après le tir.
Selon Maitre Coussy, la reconstitution des faits effectuée en juillet a montré que "la partie supérieure du mirador de la victime se trouvait dans la zone de tir/ligne de mire d'Henri Schoenhentz au moment du tir".
Le chasseur n'assume pas
Le prévenu, âgé de 68 ans, était jugé pour homicide involontaire. Pendant l'audience, il est resté "dans une forme de déni", a souligné Maitre Coussy, qui défend la femme et les deux enfants de la victime : il avait pourtant reconnu les faits lors de sa garde à vue mais "il a eu tendance à se rétracter" lors du procès, car "il n'assume pas".
La défense a, quant à elle, plaidé la relaxe, arguant que la balle avait touché la victime "par ricochet", et que donc ce n'était "plus une faute de sécurité", mais "la faute à pas de chance", a regretté Maitre Coussy.
Le tireur "était écarté des battues car il était connu pour être un mauvais chasseur", a aussi précisé l'avocat de la famille, "mais nous sommes très satisfaits, ces réquisitions rejoignent nos attentes, c'est-à-dire une interdiction de chasser, de reprendre les armes : c'est la pire des sanctions pour un chasseur".
Le tribunal rendra sa décision le 27 février 2023. (avec AFP)