Procès des attentats du 13 novembre 2015 : le témoignage des pères des victimes mosellanes Marie et Mathias

Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s'ouvre ce mercredi 8 septembre. Un moment poignant pour les familles et proches des 132 disparus. Les pères de Marie et de Mathias, un couple de jeunes Mosellans tués au Bataclan, témoigneront, à la barre de la cour d'assises spéciale de Paris.

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Le procès des attentats jihadistes du 13 novembre 2015, qui avaient fait 132 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), se tient devant la cour d'assises spéciale de Paris à compter du 8 septembre 2021. Durée prévue : neuf mois, jusqu’à fin mai 2022. Parmi les victimes fauchées par cette “folie meurtrière”, cinq Lorrains. Leurs familles ainsi que leurs proches se préparent à cette étape aussi essentielle qu’éprouvante.

Le témoignage des pères de Marie et Mathias, amoureux tués au Bataclan

Tous deux ont perdu leur fille et leur fils unique, âgés de 23 et 22 ans, lors de la terrible soirée du 13 novembre 2015. Maurice Lausch et Jean-François Dymarski seront présents à l'ouverture du procès des attentats du 13 novembre 2015. Les pères de Marie et de Mathias, un couple de jeunes mosellans tués au Bataclan, seront là, côte à côte, à la barre de la cour d’assises spéciale de Paris. Ils font partie des rares parties civiles à venir témoigner lors de ce procès-fleuve, près de six ans après les faits. 

Au début, on ne voulait pas témoigner mais notre avocat nous a convaincu de le faire pour les 132 personnes tuées et pour celles, blessées physiques ou psychiques, qui sont toujours nombreuses

Jean-François Dymarski, père de Mathias, 22 ans, décédé au Bataclan le 13 novembre 2015

Jean-François Dymarski, le père de Mathias, sait que ce procès sera long et éprouvant. Pour lui, témoigner n'était pas une évidence: “Au début, on ne voulait pas témoigner mais notre avocat nous a convaincu de le faire pour les 132 personnes tuées et pour celles, blessées physiques ou psychiques, qui sont toujours nombreuses. Il faut que justice soit faite, le plus important c’est qu’ils soient jugés. Je n’attends rien de plus, la détresse on l’a et on vivra avec jusqu’à la fin. Ça ne va pas nous amener grand chose mais c'est une étape”

C'est important pour nous de parler de ce qu’étaient, ce que sont toujours pour nous, nos enfants Marie et Mathias (...) de leur jeunesse qui a été fauchée, de la joie de vivre qu’ils portaient, de ce qu’on vit aujourd’hui et depuis le 13 novembre 2015

Maurice Lausch, père de Marie, 23 ans, décédée au Bataclan le 13 novembre 2015

Marie et Mathias étaient amoureux, jeunes, brillants, appréciés, pleins de vie et promis à un bel avenir. Le 13 novembre, le jour où tout a basculé, leurs parents n’ont pas compris tout de suite ce qu’il se passait. “C'est le cousin de Marie qui nous a informés que Mathias et Marie étaient au Bataclan. J’ai appelé Jean-François et Graziella, les parents de Mathias, et nous sommes immédiatement partis à Paris, où nous sommes arrivés à 3 heures du matin. Nous avons découvert le chaos dans le 11ème arrondissement, c’est là que nous avons commencé les recherches de nos enfants, dont on n’avait aucune nouvelle, et dont on ignorait totalement s’il étaient vivants ou décédés”, explique Maurice Lausch. S’il accepte de témoigner durant le procès, c’est aussi pour rendre hommage à sa fille Marie et à son compagnon Mathias: “C'est important pour nous de parler de ce qu’étaient, ce que sont toujours pour nous, nos enfants Marie et Mathias (...) de leur jeunesse qui a été fauchée, de la joie de vivre qu’ils portaient, de ce qu’on vit aujourd’hui et depuis le 13 novembre 2015”

Nous attendons un jugement des coupables, de ces personnes qui ont pris la vie de nos enfants. (...) On n’attend pas de réponses car on pense que les accusés, tels que Salah Abdelslam, vont se murer dans leur silence

Maurice Lausch, père de Marie, 23 ans, décédée au Bataclan le 13 novembre 2015

À la veille du procès, les sentiments de Maurice sont ambivalents: “Ça va être un grand moment d’émotion, un moment difficile, qui va rouvrir les plaies. Mais c’est une étape juridique importante, on veut un procès digne et juste pour la mémoire de tous les disparus et de ceux qui ont été blessés dans leur chair, dans leur tête (...) Nous attendons un jugement des coupables, de ces personnes qui ont pris la vie de nos enfants. L’histoire, on la connaît, on a déjà participé à plusieurs retranscriptions de tous les faits. Ce procès, c’est une étape qu’il faut boucler. On n’attend pas de réponses car on pense que les accusés, tels que Salah Abdelslam, vont se murer dans leur silence”

On ne vit pas, on survit. (...) L’association nous aide à mener notre combat de tous les jours et nous permet de continuer à vivre. On aide des jeunes à réaliser leurs projets et c'est comme si on le faisait pour Marie et Mathias

Maurice Lausch, père de Marie, 23 ans, décédée au Bataclan le 13 novembre 2015

Pour promouvoir les valeurs qui leur étaient chères, les parents des deux jeunes mosellans tués au Bataclan ont créé l’association “Marie et Mathias”, dont la vocation est de soutenir des jeunes talents dans leurs projets. Selon eux, cette solidarité est la meilleure réponse à la barbarie : “On ne vit pas, on survit. Si vous regardez derrière vous, vous tombez, si vous regardez devant, vous avancez. L’association nous aide à mener notre combat de tous les jours et nous permet de continuer à vivre. On aide des jeunes à réaliser leurs projets et c'est comme si on le faisait pour Marie et Mathias. Leur réussite, pour nous, c’est comme si c’était la réussite de nos enfants”, explique le père de Marie.

Près de 1.800 parties civiles, ainsi que des centaines d’avocats et de journalistes, sont attendus pour ce procès hors normes. Treize hommes seront jugés, aux côtés de Salah Abdeslam, suspecté d'être le seul survivant des commandos téléguidés par le groupe Etat islamique. Il s’agit de la pire attaque sur le sol français depuis la Seconde Guerre mondiale, avec 132 morts et plus de 350 blessés au Bataclan, sur les terrasses parisiennes et autour du Stade de France à Saint-Denis.

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