Pépinières d'entreprises et espaces de coworking ne sont plus l'apanage des grandes villes et fleurissent à la campagne

Des espaces de travail à louer, soit sporadiquement, soit pour une durée de trois ans, voilà respectivement les concepts de coworking et de pépinière d'entreprises. Avec les avantages qu'ils présentent, ils encouragent de nombreux Alsaciens à se lancer dans leur propre entreprise.

A Bischwiller, voilà quatre ans qu'une ancienne friche industrielle fait office de pépinière d'entreprises. Ici, des entreprises neuves ou de moins de deux ans peuvent louer soit des bureaux, soit des ateliers. Ludovic Bohnert vient tout juste de créer son entreprise de prévention des risques professionnels, il s'est directement installé au sein de la pépinière. La première année, il ne paye que 50% du loyer. "Vu toutes les dépenses qu'il y a lorsqu'on démarre une entreprise, cette remise n'est pas négligeable", estime-t-il. La deuxième année, la pépinière prévoit une remise de 25% du loyer.

"L'objectif est d'aider les entreprises à se développer. Nous souhaitons leur offrir l'environnement le plus favorable possible pour qu'ils puissent se concentrer sur leur activité", explique Sylvie Logel, chargée de mission entreprenariat au sein de la pépinière d'entreprises. Elle accompagne chaque entreprise dans le lancement puis le développement de son activité, en aidant dans les démarches. "Grâce au réseau dont nous disposons, nous pouvons aiguiller les entrepreneurs vers les personnes adaptées". Une aide précieuse, selon Sylvie Dumoulin, gérante du Labo Dumoulin. "Tout seul, on n'y arriverait pas. Il y a énormément de choses à gérer. Dès que j'ai une question, je sais que je peux m'adresser à Sylvie Logel". Justement, au vu de la demande croissante des boissons qu'elle propose, des kéfirs de fruits, elle a besoin d'agrandir les locaux. Une possibilité permise par la pépinière. 

Dans l'atelier juste à côté, Vincent Hartmann exerce une toute autre activité : il est métallier-serrurier. Il s'est installé dans la pépinière il y a deux ans pour une question de place. "Je travaillais dans mon garage, ce n'était plus gérable. A présent, nous sommes à trois, les locaux sont bien plus adaptés ici, vu notre charge de travail !". Pour ce Bischwillerois, il était tout naturel d'installer son entreprise dans sa ville. "Je suis né ici, j'ai envie d'y travailler !".

Pour la communauté d'agglomération de Haguenau, l'objectif de la pépinière est "d'apporter du dynamisme à Bischwiller. On veut encourager l'entreprenariat et aussi, renouveler l'offre, car il y a toujours des entreprises qui ferment alors on souhaite que d'autres ouvrent !", explique Jean-Michel Staerlé, vice-président de la communauté d'agglomération. Les élus espèrent ainsi garder les entreprises sur le territoire, une fois qu'elles quittent la pépinière. Puis accueillir de nouveaux entrepreneurs. Et la demande est là : en ce moment, il ne reste plus que deux bureaux disponibles à la location. 

A Truchtersheim, c'est un tout nouvel espace de coworking qui vient de voir le jour. Ici, des bureaux sont disponibles à la location, à la demi-journée, la journée, ou pour plusieurs jours par semaine. Anne-Dominique Elger est la toute première abonnée. Elle dirige Passport Tea, avec son compagnon, depuis 2016. Jusqu'à présent, les deux ont travaillé ensemble, dans une même pièce, chez eux. "Quand on est tous les deux au téléphone, c'est problématique. On a du mal à se concentrer", explique Bernhard Gonschorek. Alors quand ils ont découvert qu'un espace de coworking allait ouvrir dans le village juste à côté du leur, ils n'ont pas hésité. "On a pris un abonnement pour deux jours par semaine, on pense alterner, pour qu'à chaque fois, l'un de nous reste à la maison et que l'autre aille au bureau à Truchtersheim", poursuit-il. 

Ils ont visité l'espace il y a quelques semaines et ont été conquis. "Ce qui est très intéressant aussi, pour nous, c'est de pouvoir louer des salles de réunions, pour faire des séminaires. Et puis, les espaces en commun nous permettront de rencontrer d'autres entrepreneurs !", se réjouit Anne-Dominique Elger. Des entrepreneurs, mais aussi des télétravailleurs pourront se rendre ici. Le coworking est conçu pour que chacun puisse se concentrer sur son travail, mais il dispose également de lieux communs comme une salle de détente, ou encore un espace de restauration. "Nous avons même une belle terrasse, pour pouvoir profiter des beaux jours !" s'exclame Jean-Claude Lasthaus, vice-président de la communauté de communes du Kochersberg et de l'Ackerland.

A l'origine, les élus ont planché sur ce projet face "au nombre de personnes que nous voyions partir du Kochersberg pour aller travailler à Strasbourg. Ils perdent du temps dans les bouchons... en plus, nous savons que généralement, les gens font leurs courses près de leur lieu de travail. Faire venir des travailleurs ici permet aussi de soutenir les commerces locaux", poursuit-il. Si l'idée d'un espace de coworking a émergé en 2017, il prend tout son sens aujourd'hui. "Avec la Covid, chacun a compris l'intérêt et l'importance du télétravail. Nous sommes convaincus que c'est une bonne chose de le développer et le promouvoir", conclut Justin Vogel, maire de Truchtersheim.