Le film "Le charcutier cinéaste", c’est l’histoire de Roger, un charcutier qui a exercé durant 40 ans à Beaune et qui, depuis son départ à la retraite, a embrassé une nouvelle vie, celle de cinéaste.
Le Super 8 est un format inventé par Kodak en 1965 pour conserver des souvenirs de toute la famille, du cinéma amateur en quelque sorte. Mais ce format a intrigué nombre de cinéastes, et c’est notamment sur du Super 8 que des cinéastes très célèbres comme Steven Spielberg et John Carpenter ont fait leurs armes.
Roger ne tourne qu’en Super 8. Il filme des insectes dans la nature et réalise des "tourné/monté".
Ses films courts connaissent un réel succès, remportant des prix dans le monde entier y compris au célèbre Festival de Cannes.
Je n’en reviens pas que mes films soient montrés un peu partout et que le Super 8 intéresse autant les jeunes !
Roger Batteault
Roger commence à faire des films de famille en 8mm et passe au Super 8 dans les années 1960. A cette époque son métier de charcutier est très prenant et ne laisse que peu de temps pour sa passion des tournages. A Beaune, en Côte-d’Or, sa boutique est réputée pour ses produits 100% maison et pour l’accueil chaleureux de Josette, son épouse.
Il se met au montage dans les années 80 et réalise son premier film avec pour thème le jambon persillé, un sujet qu’il maîtrise parfaitement.
Roger et Josette partent à la retraite en 2003 et vendent leur commerce.
L’ancien charcutier se consacre alors totalement à sa passion : réaliser des films en Super 8 ayant, pour la plupart, le thème de la nature.
Dans la campagne environnante il pose sa caméra et arpente les alentours. Casquette sur la tête, les bras croisés dans le dos, le nez rivé dans la végétation, il part à la recherche d’insectes à filmer.
De Beaune à Curitiba, au Brésil
Même si Roger a participé à de nombreux festivals de films amateurs, c’est en 2012 que sa carrière "s’envole" et s’internationalise.
Il est invité au festival Curta 8, Festival International de Cinéma Super-8 de Curitiba, au Brésil, pour le documentaire de son fils Rémy "Super 8 mon amour".
Roger, qui avait gagné le prix de la meilleure image Super 8 l’année précédente, est convié comme "cinéaste senior" et anime même une Master Class !
C’est la première et seule fois qu’il voyage aussi loin : "Je ne le referai plus maintenant car je suis à un âge avancé mais je ne regrette pas d’y être allé !"
Dans l’avion qui le ramène en France, il est appelé par le steward qui lui fait visiter l’avion. Il a le privilège d’être invité dans la cabine de pilotage lors de l’atterrissage à Paris. Ravi, il s’empare de sa caméra pour immortaliser cet instant : "J’étais impressionné mais malgré tout j’ai des images dans le cockpit en Super 8 !"
De la charcuterie aux marches du Festival de Cannes
En 2016, son fils, le réalisateur Rémy Batteault, l’inscrit à une compétition de Super 8 organisée par Straight 8, une association britannique fondée par Ed Sayers, un fou de Super 8.
Le principe de ce concours est de tourner une bobine de 3 minutes sans possibilité de faire le moindre montage car la pellicule est envoyée non développée !
Il réalise, comme à son habitude, un film sur les insectes bourguignons intitulé "Splendor in the grass".
Parmi la centaine de films reçus, un jury sélectionne 8 films qui sont projetés à l’occasion du Festival de Cannes.
Roger, comme le public, visionne pour la première fois son film dans la salle obscure.
Une consécration pour cet homme qui n’a jamais imaginé une seconde monter les marches de Cannes !
Josette, son épouse est également impressionnée.
Je me demandais si c’était un rêve ou si c’était réel
Josette Batteault
Ce film est également projeté en 2019 à Londres à l’occasion des 20 ans de Straight 8.
Pour cette cérémonie, Roger n’est pas venu les mains vides. Il a apporté son fameux jambon persillé histoire de faire goûter aux Anglais l’un des fleurons de la gastronomie bourguignonne !
2018 est une année importante pour Roger qui se retrouve pour la deuxième fois à Cannes avec un film imaginé par son fils Rémy et qu’ils ont fait ensemble : "Winter of my life".
Ce film explore en 3 minutes 20 et en anglais la vie du couple qu’il forme avec Josette, racontée par Roger… ou presque ! Roger ne parle pas anglais, c’est donc Rémy que l’on entend sur le film. Le film est projeté le jour de son anniversaire.
Fêter ses 78 ans au Festival de Cannes… pas mal pour un charcutier !
Rémy Batteault
Son fils profite de cette occasion pour lui remettre une petite palme d’Or taille Super 8 !
Roger devient un habitué de la Croisette. En 2019 il présente le film « Chasseur d’images », traduit en « Nature Hunter ». Ce film attire l’attention de Robbie Ryan, le chef opérateur de Ken Loach et d’Asif Kapadia, réalisateur des documentaires sur Amy Winehouse ou Maradona.
Agnès Varda dans la charcuterie familiale !
Le film d’Agnès Varda, Les Glaneurs et la glaneuse, a pour emblème une patate cœur. Un jour, Josette découvre une carotte en forme de cœur.
Suite à cette découverte amusante, son fils Rémy envoie à Agnès Varda une carte postale avec la fameuse carotte.
Lorsque la réalisatrice décide de “raconter l’après-film”, elle part retrouver ceux qu’elle a filmés dans Les Glaneurs et la glaneuse mais va également à la rencontre de nouveaux glaneurs suite aux multiples courriers reçus.
C’est ainsi qu’Agnès Varda se rend à Beaune dans la charcuterie familiale à la rencontre de Josette et Roger pour son film 2 ans après où l’on voit Josette, très émue, lire la carte portale envoyée par son fils à Agnès Varda.
Josette, une muse discrète, toujours aux côtés de Roger
Dans le jardin familial Roger filme des pucerons, des fourmis et une coccinelle installés dans ses pommiers. Josette, qui a fini d’étendre sa lessive, se transforme alors en éclairagiste en tenant un réflecteur "fait maison" pour apporter un maximum de lumière sur la coccinelle.
Quand elle ne fait pas office d’assistante pour l’éclairage, Josette pose sa voix sur les films de son mari.
Sans Josette, le parcours de Roger serait tout autre. Si celle-ci laisse son époux libre de ses excursions campagnardes à la recherche de sujets à filmer, elle est de tous les déplacements de Roger lors des festivals et ne boude pas son plaisir !
Une complicité discrète qui perdure après plus de 50 ans de mariage.
"Le charcutier cinéaste" c’est l’histoire singulière de cet homme sympathique sous l’œil admiratif et parfois amusé de son fils, le réalisateur Rémy Batteault.
C’est également, et surtout, une déclaration d’amour et d’admiration d’un fils pour son père.
"Le charcutier cinéaste", un film de Rémy Batteault
Une coproduction SaNoSi Productions, France Télévisions et Bip TV