Robin Leon, jeune chanteur de schlager (musique pop allemande) originaire d'Ettendorf (Bas-Rhin), découvert en 2016 lors du concours de l'émission allemande "Immer wieder sonntags", a redonné comme chaque été un concert dans son village, le 28 août dernier. Et le public était au rendez-vous.
Robin Leon, 23 printemps, a la scène dans le sang. Depuis quatre ans, il sillonne l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse et l'Alsace pour donner des concerts, parfois deux par jour. Suite au coronavirus, une bonne partie de ceux prévus cette année a dû être annulée, mais il a tenu à maintenir sa soirée annuelle "Robin Leon Fest" à Ettendorf, le village où il a grandi. Pour la grande joie de ses fans de tout âge.
Sous la mèche blonde, le sourire reste juvénile et sincère. Malgré sa notoriété, Robin Leon est très accessible et proche des gens. Le succès ne lui est pas monté à la tête. Il vit toujours dans la région d'Ettendorf, et ses racines lui tiennent particulièrement à cœur : "J'ai passé ma vie ici, explique-t-il. Mes grands-parents sont d'ici, j'y ai beaucoup de mes fans, ma famille et mes amis. C'est ici que j'ai commencé à aller à l'école de musique (à 7 ans, pour jouer de la trompette)." Et il ajoute, malicieux : "Quand j'aurai 80 ans, mon tout dernier concert sera ici, à Ettendorf. Du moins je l'espère."
Pour cette soirée annuelle, l'un de ses tout premiers concerts live depuis le déconfinement, il a retrouvé son technicien du son attitré, qui travaille toujours avec lui lorsqu'il chante en France : Stéphane Jacky, très heureux de le revoir. "C'est toujours un plaisir de collaborer avec Robin, explique-t-il. Et quand on voit ce qu'il a réussi à accomplir en quelques années, chapeau !"
Pour cause de covid19, le concert se déroule en plein air. Le public, 550 personnes, est installé à des tables. Un véritable casse-tête pour caser tous les inscrits, par groupes, en fonction des réservations, afin de tenter de respecter un minimum de distanciation sociale. Vers 19 heures, tout le monde est déjà là. Jeunes et moins jeunes, heureux de se retrouver. "On veut écouter Robin Leon, on vient pour la 4e année", explique un retraité, ravi. "On aime la musique folk, c'est pour ça qu'on est là."
A l'arrière de la scène, les membres du club de foot d'Ettendorf font griller des saucisses et assurent le service. Totalement investis, et très fiers de leur enfant prodige. "Evidemment, il est du village" lance un homme, chargé d'un plateau rempli d'une dizaine de hot dogs. "Il animait déjà nos dîners dansants quand il était petit", se souvient le préposé aux grillades.
La maman de Robin, Viviane Schlupp, est également de la partie. En coulisses, elle termine de préparer la collation prévue pour les artistes invités. "Je participe tant que je peux" explique-t-elle. Elle accompagne son fils dans chacune de ses tournées : "Il y a toujours des milliers de kilomètres à faire, donc on se partage le volant." Fière, évidemment, de son parcours, elle ne l'a pourtant pas poussé dans cette voie. "On l'a simplement soutenu, quand à 7 ans, il a voulu faire de la trompette", à l'école de musique d'Ettendorf, puis au conservatoire de musique de Strasbourg. "On le conduisait à ses cours de musique, et quand vers l'âge de 10 ans il a commencé à jouer dans différentes formations, on faisait le taxi" se souvient-elle. "Mais on n'avait jamais prévu qu'il évoluerait de cette manière. C'est venu peu à peu."
Car effectivement, Robin Schlupp (son nom de scène, Robin Leon, qui reprend les initiales de son grand-père maternel, a été choisi avec sa famille), après sept années de formation comme trompettistes au conservatoire, aurait pu évoluer tout différemment. Sauf qu'en 2016, il a participé au concours d'une émission allemande "Immer wieder sonntags" (Toujours le dimanche) en tant que chanteur de schlager (musique de variétés allemandes) … son style préféré. "Mes parents l'écoutaient, et mes grands-parents aussi" raconte Robin. "Dès l'âge de 2 à 3 ans, le samedi soir, installé sur le canapé, j'écoutais avec eux des émissions de variétés. Et avec cette émission, mon rêve s'est réalisé." Durant six semaines d'affilée, plus de 70% du public ont voté pour lui. Et le 21 août 2016, il a remporté le concours avec 79% des voix.
Entre trompettiste classique et chanteur de variétés, il n'a pas hésité. Et sa carrière était lancée. "Mon grand rêve était de vivre de la musique, et depuis quatre ans, ça marche" sourit-il. Une centaine de concerts par an depuis 2017, et près de 150 de prévus pour 2020. Même si beaucoup ont dû être annulés pour cause de coronavirus, il reste confiant en l'avenir. Dès le départ, il avait fait le choix de ne pas demander le statut d'intermittent, mais de créer une Société par actions simplifiée (SAS), qui lui permet pour l'instant de garder la tête hors de l'eau.
Après un petit aller-retour chez lui, pour imprimer le déroulement du concert légèrement modifié ("Je fais encore beaucoup moi-même, je sais ce que je veux, et ça me permet de réaliser mes idées, ce qui ne serait pas trop possible avec des managers" précise-t-il), Robin Leon prend le chemin des vestiaires… En temps ordinaire, il aurait loué un camping-car, pour plus de confort, coronavirus oblige, il doit se contenter de l'espace sanitaires de la salle des fêtes attenante. Ni coiffeuse ni maquilleuse. La star se prépare seule, enfile un pantalon blanc et une chemise fleurie, et remet simplement sa mèche en place : "Je sais me coiffer, et pas besoin de maquillage, sourit-il. Il fait trop chaud sur scène, je dégoulinerais." Et le trac ? Il maîtrise. Quelques minutes de calme, pour revoir le déroulement. Et dès qu'il est sur scène, il oublie tout le reste.
Et comme prévu, peu après 20 heures, c'est parti pour quatre heures de concert. En guest star, Pauline de Langensoultzbach, une autre alsacienne, nouvelle coqueluche de l'émission "Immer wieder sonntags" – qu'elle a d'ailleurs remportée deux jours plus tard, le dimanche 30 août, quatre années après Robin.
Après Pauline, Robin partage également la scène avec trois autres chanteuses, trois Allemandes avec lesquelles il a déjà fait plusieurs tournées (les sœurs Anita et Alexandra Hofmann, et Daniela Martinez).
Mais c'est lui qui fait les présentations, assure les transitions, et s'adresse à son public, exclusivement en… dialecte alsacien, lui raconte des blagues et lui fait chanter le "Hàns im Schnockeloch". Un public conquis, des étoiles dans les yeux : "Super, beau, génial" – "J'adore cette musique" – "Et avec Robin, c'est toujours bien."