Le Stockbrunna, association culturelle de Lautenbach, vient de publier le cinquième ouvrage d'une collection dédiée à l'Alsace. "Rupture et transmission" évoque l'Histoire, mais aussi la langue et la culture alsaciennes. Découverte.
"Dans l'Histoire, depuis toujours, certaines choses perdurent, se transmettent, tandis que d'autres se rompent, s'arrêtent. C'est ce qui caractérise l'évolution", annonce d'emblée Dominique Rosenblatt, directeur de publication. C'est donc tout naturellement que l'ouvrage qu'il a porté pendant deux ans s'intitule "Rupture et transmission". Le livre comporte plusieurs parties thématiques sur la langue, la culture, l'Histoire de l'Alsace.
Justement, dans l'Histoire, des ruptures, il y en a eu beaucoup. Mais parfois, l'analyse peut être différente avec du recul. Jean-Paul Sorg prend l'exemple de la guerre de 1870, au terme de laquelle l'Alsace est devenue allemande. "On considère cet épisode comme une rupture dans l'histoire de l'Alsace. En réalité, nombreux sont ceux qui maîtrisaient déjà l'allemand, même durant la période française", explique le professeur retraité. Pour le bouquin, il s'est également intéressé à la langue, notamment aux différents accents que comporte le dialecte alsacien. "Du nord de l'Alsace au Sundgau, les mots sont souvent les mêmes, mais la prononciation est différente".
Au total, 25 contributeurs ont co-écrit "Rupture et Transmission". Parmi eux, plusieurs chercheurs, comme Pavel Del Angel Montiel. Ce Mexicain est arrivé en Alsace il y a 8 ans. Il a d'abord travaillé dans une entreprise de chauffage, ce qui lui a donné l'idée d'une thèse. "J'ai remarqué que le patron parlait souvent alsacien avec les clients mais uniquement ceux aux cheveux poivre et sel ! Je me suis demandé pourquoi est-ce que les jeunes ne parlent pas, eux aussi, l'alsacien." Il a alors mené une cinquantaine d'entretiens, chez lui à Munster, mais aussi au Mexique. "Je me suis intéressé à l'influence des représentations sur la pratique linguistique et ai donc pris deux exemples : l'alsacien, et le p'urhépecha, une langue indigène du Mexique."
Ce qui en ressort, c'est que les représentations d'une langue incitent, ou pas, les individus à apprendre la langue. Concernant l'alsacien, les représentations peuvent être positives comme négatives. "L'alsacien est considéré comme un bon tremplin pour travailler en Suisse ou en Allemagne et c'est aussi le dialecte de la famille, des racines. Ce que plusieurs personnes m'ont aussi évoqué, c'est la sonorité dure de la langue, et le fait qu'ils pensent qu'elle soit difficile à apprendre. Mais si un Mexicain peut le faire, je crois que tout le monde peut y arriver !", dit Pavel Del Angel Montiel.
Le Strockbrunna, association culturelle de Lautenbach, s'est occupé de l'édition de l'ouvrage en plus d'y avoir rédigé un article. Le groupe promeut les musiques et danses traditionnelles, d'Alsace et d'ailleurs. Plusieurs de leurs morceaux se trouvent sur le CD inclus dans le livre. Une manière de lire le livre tout en étant accompagné musicalement. Sur le CD se trouve aussi une pièce de théâtre en alsacien destinée à des enfants. Selon Paul-Philippe Meyer, agrégé de musique retraité, "l'Alsace est une terre de musique. La région compte énormément d'ensembles musicaux, et il y en a pour tous les goûts ! Chacun peut trouver son bonheur en Alsace", assure-t-il. Ses analyses, il les partage dans un article du livre intitulé "Mouvements d'une sérénade d'Alsace".
Pour acheter le livre "Rupture et transmission" (20€), merci de vous adresser à Dominique Rosenblatt par mail : ed.rosenblatt@orange.fr ou à l'association Stockbrunna : asso.stockbrunna@laposte.net