Sida : les contaminations sont en hausse dans le Grand Est, "le VIH ne fait plus peur aux jeunes"

En cette journée mondiale de lutte contre le sida, la COREVIH du Grand Est, comité de coordination régionale sur le sujet, rappelle à la population l’importance d’aller se faire dépister. Les contaminations sont en hausse, même si le taux de mortalité baisse dans notre région. État de lieux avec Christian Verger, président du comité Grand Est, sur ce virus qui préoccupe les scientifiques depuis 40 ans.

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"En 2023, on peut vivre avec le VIH et plus longtemps qu'il y a 20 ans" déclare fièrement Christrian Verger, président du COREVIH, le comité de coordination régionale contre le virus l'immunodéficience humaine (VIH), dans les locaux de France 3 Lorraine. Invité plateau du journal télévisé de ce vendredi 1ᵉʳ décembre, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida instaurée en 1988, nous en avons profité pour faire le point avec lui sur la situation dans le Grand Est et particulièrement en Lorraine. Entretien.

Quelle est la situation dans le Grand Est ? Y a-t-il plus de contaminations qu'avant ?

Les chiffres sont plutôt rassurants. À cette heure, près de 7085 personnes sont prises en charge dans la région Grand Est. Le chiffre est en augmentation, c'est pratiquement le double de la moyenne nationale. Si l'on regarde de plus près l'espérance de vie des patients, on voit que la mortalité baisse : moins 54% en vingt ans dans la région. L'IFOP estime à 24 000 en France les personnes séropositives.

On meurt beaucoup moins du VIH, mais on apprend à vivre avec.

Christian Verger, président COREVIH Grand Est

Sur le plan des contaminations, la situation est contrastée. Il y a 10 ans, il y avait plus de contaminations du côté alsacien et moins du côté champagne-ardennais. Aujourd'hui c'est l'inverse : il y a une hausse des contaminations dans l'Aube et la Marne et beaucoup moins en Alsace.

En Lorraine, les chiffres sont assez moyens, mais on observe une recrudescence en Meuse (+36% de prévalence) : une hausse de 10% par rapport aux autres départements. Nous n'avons pas d'explications fondées à vous donner pour le moment, mais nous soupçonnons, comme en Champagne Ardennes, un manque accru d'acteurs de prévention dans le département pour sensibiliser une population plutôt vulnérable et délaissée économiquement. Nous allons nous pencher sur la question sur des études plus approfondies. 

Vous l'avez dit, on vit plus longtemps avec le VIH. Quels sont les progrès de la médecine à ce sujet ? 

Nous le savons : on ne peut pas guérir du sida... Mais on peut vivre avec ! La médecine a véritablement progressé sur le sujet. Aujourd'hui, les patients peuvent prendre un traitement à vie qui combine plusieurs molécules et qui décuple ainsi sa puissance contre le virus : c'est la trithérapie. L'association de minimum trois molécules contre le VIH. Le choix des molécules anti-VIH dépend de chaque personne, parfois on en a besoin de trois, parfois quatre ou cinq, ou neuf dans les cas les plus extrêmes. Le seul bémol, c'est que ce traitement peut compliquer les soins d'autres maladies lorsque l'on avance dans l'âge. D'où l'intérêt de se faire dépister régulièrement en prévention et éviter la contamination. 

Selon un sondage IFOP : un tiers des jeunes se disent mal informés sur le sida et deux tiers d'entre eux déclarent ne pas utiliser de préservatifs. La sensibilisation des jeunes est-elle encore plus essentielle aujourd'hui ?  

Le sida ne fait plus peur aujourd'hui car on sait qu'il se soigne... Même si on n'en guérit pas. Il y a probablement un relâchement des comportements des jeunes générations, car il n'y a plus de proximité avec la mort. Ce sont des générations qui ont été beaucoup moins traumatisées par la perte de proches infectés à l'inverse des générations précédentes. Des médicaments existent, les autres infections se traitent avec des anti-biotiques... Il y a un gros chantier de sensibilisation à réaliser, mais on manque de plus en plus de moyens pour couvrir chaque territoire. 

Quels moyens de protection ont-ils à leur disposition ?

Le préservatif, c'est souvent la première protection mise en avant pour lutter contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et le VIH. Mais il n'y a pas que le préservatif, d'autres solutions existent ! On voit aujourd'hui que les jeunes se sont emparés d'un nouveau moyen de protection : la PreEP ou la prophylaxie pré-exposition. Ce médicament est à destination des séronégatifs, vierge de toute primo-contamination. Ce comprimé est à prendre une fois par jour en amont d'un comportement à risque.

Il n'y a pas que le préservatif pour lutter contre le VIH ! D'autres solutions existent !

Christian Verger, président du COREVIH Grand Est

Ça marche bien, les jeunes s'en saisissent pas mal. Le nombre d'usagers a été multiplié par 67 en Lorraine, le double du facteur national. Ce médicament donne un plus grand accès à la protection contre ce virus. On peut se le procurer dans un centre de dépistage, les consultations sont anonymes. Sinon, on peut se le faire prescrire par son médecin. C'est gratuit.

Le Vrai du Faux sur le Sida

Un jeune sur deux ne sait pas ni où, ni comment se faire dépister. Les trois-quarts d'entre eux auraient aimé être mieux accompagné au début de leur vie affective. Voici quelques réponses de la COREVIH aux questions que les jeunes se posent souvent. 

Si j'embrasse quelqu'un sur la bouche ou avec la langue, je peux attraper le virus.

Faux. Le sida ne se transmet pas par la salive ! Un baiser par la bouche ne présente aucun risque et aucune étude ne révèle la transmission par ce biais. Le VIH se transmet principalement par le sang et les liquides sexuels. 

Si je me fais faire un piercing ou un tatouage, je risque d'attraper le virus. 

Vrai. Le risque de transmission existe, si et seulement si, des instruments contaminés ne sont pas stérilisés et qu'ils sont partagés entre plusieurs personnes. Et encore, il faudrait que cet instrument entre en contact avec une autre personne dans la foulée. Le VIH a une durée de vie très limitée à l'air libre.

Les instruments conçus pour pénétrer dans la peau ne doivent être utilisés qu’une fois pour une seule personne, puis jetés ou nettoyés et stérilisés correctement.

Si je partage un rasoir avec une personne infectée, je vais contracter le VIH.

Vrai. Toute coupure impliquant un objet non stérilisé, comme un rasoir ou un couteau, peut transmettre le VIH. Il peut être véhiculé par le sang. Il ne vaut mieux pas partager son rasoir sauf s’il est correctement stérilisé après chaque utilisation.

Je suis en danger, si j'ai des relations sexuelles avec une personne séropositive.

Faux ! On peut avoir des relations sexuelles avec une personne vivant avec le VIH, si l'on utilise un préservatif ou si l'on prend un comprimé de prophylaxie pré-exposition en respectant les conseils de son médecin.

Mon partenaire et moi sommes séropositifs et nous avons des rapports exclusivement non protégés. Nous ne sommes pas en danger. 

Faux ! Il est fortement recommandé aux personnes séropositives de ne pas être infectée par une autre souche de virus. Il vaut mieux se protéger grâce au préservatif.  

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