Ce mercredi 19 septembre au matin, Estelle Hoffer, militante du Collectif Citoyen Handicap est montée en haut d’une grue à Strasbourg. Elle voulait y dénoncer le manque d’auxiliaires de vie scolaire pour prendre en charge des milliers d'enfants dans les écoles françaises.
Il était 4 h du matin ce mercredi 19 septembre, lorsqu’Estelle Hoffer a entamé l’escalade d’une grue de chantier boulevard de la Victoire à Strasbourg. Ce n’est pas une première pour elle. L'année dernière, au mois de juin, cette mère de famille avait déjà dû prendre de la hauteur et des risques, pour faire connaître sa situation. Son fils Zachary, 9 ans, atteint de troubles de l’attention avec hyperactivité n’avait pas obtenu d’assistante de vie scolaire pour la rentrée 2017/2018. Après plusieurs heures de mobilisation, l’académie de Strasbourg avait finalement cédé, promettant une professionnelle, "qui a depuis changé la vie de mon fils" martèle-t-elle. "Grâce à la présence d’une adulte avec lui, Zachary apprend à canaliser son attention, il travaille beaucoup mieux, il est moins fatigué. C’est exceptionnel. Je voudrais que tous les autres enfants puissent profiter de ce système".
Se battre pour les autres
C’est justement pour venir en aide aux milliers d’écoliers handicapés qui n’ont pas d’assistante de vie scolaire, plus de deux semaines après la rentrée, que la mère courage a choisi de récidiver. "Ça devient malheureusement une habitude de monter en haut des grues. Je me bats pour toutes les familles qui n’ont pas la force de le faire. C’est dur physiquement, mais il faut ce qu’il faut. Si on ne fait pas ça, rien ne bouge" justifie Estelle. "Il y a des assistantes de vie scolaire qui sont sans affectation et des familles en demande. C’est inadmissible" confirme Marie Lettler, une autre maman, elle aussi militante du Collectif Citoyen Handicap, qui regroupe une vingtaine de membres actifs en France.
Toutes deux remettent en cause la politique gouvernementale, faite "de promesses, sans actes". "Nous sommes pris pour des imbéciles. Le gouvernement nous abandonne. Nous avons un président qui, comme les autres, ne tient pas ce qu’il annonce. Les formations sont insuffisantes, incomplètes, et les recrutements peu nombreux" argumente encore Marie.
Finalement, Estelle Hoffer est redescendue aux alentours de 13h. Après plusieurs heures de dialogue, le rectorat se serait engagé à fournir, en urgence, une assistante de vie scolaire à 3 enfants dans le Bas-Rhin. 2 autres cas devraient se régler très prochainement. Par ailleurs, une campagne de recrutement devrait être lancée afin de combler l'ensemble des besoins pour l'année scolaire en cours. Soit environ 80 AVS dans le Bas-Rhin. "Nous sommes ravies de ce résultat" confie-t-telle, sans exclure de devoir remonter sur une grue, si les promesses n'étaient pas respectées.