TEMOIGNAGE - Agribashing : "On est prêts à faire évoluer nos pratiques agricoles", assure un agriculteur du Bas-Rhin

A l'initiative de la FNSEA, 350 agriculteurs du Bas-Rhin se sont retrouvés lundi 2 décembre au lycée agricole d'Obernai. Ils y ont rencontré des députés lors d'un débat, portant notamment sur la question de l'agribashing. L'un d'entre-eux nous a donné son ressenti.

Organiser un débat avec des parlementaires pour tenter d'y voir plus clair, c'est l'objectif que se sont donnés les quelques 350 agriculteurs ce lundi 2 décembre à Obernai. Que veulent les agriculteurs et comment vivent-ils cette vision négative qu'auraient d'eux de plus en plus de consommateurs français ? Philippe Boehmler, président de la section bovine des Jeunes Agriculteurs du Bas-Rhin et éleveur à Fortsfeld en viande bovine a participé à cette réunion. Il nous raconte son expérience.

50% de la production, sur ses 130 vaches, est transformée et vendue sur place, à la ferme "Au Domaine du charolais". Le reste va en coopérative. "On a beaucoup d'échanges, beaucoup de personnes viennent chez moi acheter ma viande. J'ai réussi à établir une relation de confiance avec le consommateur, je suis plutôt serein", explique cet agriculteur âgé de 35 ans. 

Quand j'entends dire "T'es qu'un pollueur", je le vis très mal
- Philippe Boehmler, éleveur à Fortsfeld -
 

Où est le problème ? 

"Quand j'entends les gens, les copains autour de moi se demander s'il faut encore manger de la viande, faire confiance au monde agricole, et dire "t'es qu'un pollueur",  je le vis très mal. Quand j’entends ça je me dis qu’il va falloir que je réexplique mon métier ", confie Philippe Boehmler. Et c'est bien pour ça qu'il a tenu à assister au débat, avec d'autres agriculteurs, organisé ce lundi matin au lycée agricole d'Obernai. Y étaient présents des députés du Bas-Rhin pour répondre notamment à cette question de l'agribashing, anglicisme désignant ce dénigrement et cette stigmatisation dont souffrirait toute une profession.

Comment y remédier ? 


"Je me dis qu’il va falloir que je réexplique mon métier. J'invite tout le monde à venir chez moi pour me demander comment je travaille, il n'y a aucun problème. Mais ça ne va pas êre facile parce que je me sens abandonné par toute la collectivité, par l’Etat. Une collectivité ou un lycée qui met en place une journée végétarienne par exemple, pour les consommateurs forcément, ça veut dire que ça doit être mauvais de manger de la viande. Il y a une défiance qui se créée, les gens ne comprennent plus. Si vous ne dites pas que l’agriculture française c’est l’agriculture la plus durable, le consommateur en grande surface va se reporter sur une autre provenance."

Les consommateurs sont mal orientés et désinformés selon l'éleveur : "Le problème vient des a priori qu'on lui a mis dans la tête, soit par le gouvernement qui gère mal sa communication soit par les extrêmistes animalistes. L214, étant les pires. Bien sûr il faut faire évoluer le système en dénonçant les mauvaises pratiques mais il ne faut pas en faire une généralité. Ces gens-là  n’ont pas conscience que si demain le système s'écroule on aura des problèmes alimentaires en France". 
 

On est ouverts à la discussion et prêts à faire évoluer le modèle mais ensemble, autour d'une table et pas en nous montrant du doigt et en nous insultant.
- Philippe Boehmler, éleveur à Fortsfeld -
 

Une évolution mais laquelle ? 

"C'est là que le gouvernement a une responsabilité. C'est trop facile de mettre un système par terre sans solution de rechange, c'est la crise alimentaire assurée. L'agriculteur est prêt à faire évoluer le système du moment que c'est fait dans la discussion, en connaissance de cause et qu'il est reconnu. Aujourd'hui un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. 20% gagnent moins de 500 euros".
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