Pas simple de passer le baccalauréat pendant la crise sanitaire, c'est même parfois très douloureux. Nous avons recueilli le témoignage de deux étudiantes strasbourgeoises : Chloé qui a obtenu son diplôme l'an dernier et Lindsay qui va passer le bac en juin.
Épreuves annulées et cours à distance, deux étudiantes strasbourgeoises témoignent. Chloé Galisson, 19 ans, a passé le baccalauréat en 2020 au lycée Louis Pasteur. Lindsay Noukeu, 18 ans, s'apprête, elle, à le passer cette année, au lycée Jean Sturm.
Chloé a obtenu un Bac S avant d'entamer des études de médecine. Lors du premier confinement, en mars 2020, comme tous les élèves de France, elle devait faire l'école à la maison. "Les professeurs disaient que le confinement n'allait pas durer longtemps, donc on avait les cours en visioconférence et on essayait de travailler un maximum. Au début, je travaillais beaucoup, comme si j'était en présentiel. Je suivais l'emploi du temps des cours pour ne pas prendre de retard."
J'ai eu peur de l'expression "bac au rabais".
Quand le ministre de l'éducation nationale a annoncé l'annulation des épreuves, Chloé a d'abord ressenti de la joie, puis de l'inquiétude. "J'ai eu peur de l'expression "bac au rabais". On a travaillé pour avoir le bac, il reflète quand même la valeur de notre travail" dit-elle.
Pour noter les élèves, les professeurs ont fait la moyenne de chaque matière. Chloé ajoute que "les professeurs ajustaient les notes lorsque l'élève était proche de la mention pour qu'il puisse l'avoir."
Même si l'étudiante a intégré la filière de son choix une fois diplômée, elle regrette tout de même que l'année ce soit terminée ainsi :"c'était un peu le dernier moment avant les études supérieures donc forcément, on avait l'impression de louper quelque chose."
Pour Lindsay Noukeu, cette année de terminale au lycée privé Jean Sturm de Strasbourg ne va peut-être pas se terminer de la même manière. Elle fait partie de la première génération à passer le baccalauréat suite à la nouvelle réforme en 2021. Mais les choses ne se passent pas comme prévu. Le ministre de l'éducation nationale a annulé les épreuves anticipées du baccalauréat qui devaient avoir lieu en mars.
Lindsay a choisi les spécialités "Sciences économiques et sociales" (SES) et "Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques"."J'étais déçue de ne pas passer les épreuves en mars. Pendant les deux confinements de l'année scolaire, les professeurs nous ont encouragé à travailler et je me sentais prête."
Les notes des spécialités seront calculées comme pour le baccalauréat de l'an dernier, sur la base des moyennes des deux premiers semestres. "Ce nouveau bac, on ne l'a même pas passé au final" regrette Lindsay. Reste à savoir si les deux épreuves de juin, la philosophie et le grand oral, seront maintenues.
Par rapport aux autres générations, c'est vrai qu'on a un désavantage.
Même si elle se sent prête pour les études supérieures, Lindsay affirme éprouver des difficultés à cause des cours à moitié à distance."J'ai des lacunes en expression écrite. Pendant longtemps, on n'a pas fait de longues rédactions. Et puis, il y a aussi l'expression orale. Pendant le confinement, on ne parlait pas. Ce n'est pas la même chose que quand on participe en classe, on apprend à s'exprimer en public."
Tous les lycéens n'ont pas les mêmes opportunités : "Moi j'ai la chance d'avoir des bacs blancs les samedis matins, mais quand je discute avec mes amis qui sont d'autres lycées, il y a une énorme différence. En histoire par exemple, en décembre ils étaient en train de faire le chapitre qu'on a fait en septembre."
L'année prochaine, Lindsay espère poursuivre ses études dans un Institut d'études politiques ou en classe préparatoire. Elle ne s'inquiète pas pour son futur proche mais réfléchit à l'insertion sur le marché du travail ."Par rapport aux autres générations, c'est vrai qu'on a un désavantage, mais j'espère que les employeurs se rendront compte que ce n'est pas de notre faute si on a passé le bac dans ces circonstances" assène-t-elle