C'est la rentrée des classes ce jeudi 2 septembre pour tous les lycéens et collégiens en Alsace. Pour certains professeurs nouvellement en poste, c'est une première expérience. C'est le cas de deux d'entre eux, Louise, 25 ans et Christophe, 56 ans. Ils nous racontent leur première journée.
Louise (prénom modifié à sa demande) vient d'obtenir le concours pour devenir titulaire d'un poste de professeur SVT dans un lycée de l'académie de Strasbourg. Pendant cette première année de prise de fonction, elle sera titulaire stagiaire. A l'âge de 25 ans, elle entre dans la vie active, après cinq années d'études. La voie classique. Autant dire que ce jeudi 2 septembre, jour de rentrée des classes, est un grand jour pour elle.
Ce matin, Louise a rencontré l'équipe pédagogique et préparé les cours pour ses élèves de seconde et de première qu'elle rencontrera demain. "C'est ce qui compte le plus, le premier contact avec les élèves. La rentrée a toujours été un moment important, que ce soit pour les élèves ou les professeurs. Je suis très contente de pouvoir enfin vivre ce moment. Je ne suis pas particulièrement anxieuse. C'est l'aboutissement de mes années d'études et des concours que j'ai passés. C'est la récompense".
J'attends des élèves, aussi, qu'ils acquièrent la faculté de réfléchir par eux-mêmes
La tête froide, Louise a préparé ce qu'elle allait dire à ses élèves: "Tout d'abord leur expliquer les limites qu'ils auront à respecter. Nous nous sommes formés à affronter toutes les situations pour ne pas nous laisser déborder et pouvoir réagir en conséquence. Forcément il y aura des choses auxquels on ne s'attend pas, mais il ne faut pas se laisser abattre".
Ce métier, Louise y pense depuis longtemps. Il y a le programme auquel il faut se tenir et les connaissances qu'il faut inculquer aux élèves. "J'attends des élèves, aussi, qu'ils acquièrent la faculté de réfléchir par eux-mêmes pour devenir des citoyens à part entière", souligne la jeune titulaire. C'est là toute sa motivation.
Une génération les sépare
Christophe Renia a un tout autre parcours. Beaucoup moins classique. Après avoir travaillé 30 ans dans le secteur de la réassurance, Christophe se dit qu'il veut passer à autre chose. C'était en 2020 et il a alors 55 ans. Il reprend des études, un challenge à son âge et après autant d'années de vie active. Mais il a un objectif et s'y tient. "Je me suis inscrit à l'INSPE (Institut national supérieur du professorat et de l'éducation) à Strasbourg. J'ai passé le concours du CAPET (Certificat d'Aptitude au Professorat de l'Enseignement Technique) pour être prof en économie-gestion". Christophe va enseigner dès cette rentrée 2021 à des premières technologiques au lycée Camille Sée de Colmar.
"Quand j'ai commencé à travailler, à l'âge de 25 ans, je me suis dit que j'allais faire ça un temps. Ce job m'a permis d'être prospère, mais dès le départ mon idée était de devenir prof pour rendre service à la société". Changer d'horizon, de mode vie, c'est ce qui fait avancer ce professeur en herbe. Enseigner dans des classes d'un lycée technologique ne lui fait pas peur. Bien au contraire. "Avec l'expérience qui est la mienne, c'est là où, peut-être, je peux apporter le plus de valeur ajoutée".
La société m'a beaucoup donné, j'en ai profité, maintenant je vais essayer de lui rendre un peu ce qu'elle m'a donné
Son salaire est divisé par dix ? Ce n'est pas un problème. "Ce n'est pas grave car j'ai très bien gagné ma vie auparavant", répond cet ex-manager qui a exercé dans les services financiers des plus grandes compagnies d'assurance. L'argent n'est clairement pas sa motivation. "La société m'a beaucoup donné, j'en ai profité, maintenant je vais essayer de lui rendre un peu ce qu'elle m'a donné". Son premier cours débute lundi prochain, le 6 septembre, quelques jours après la rentrée scolaire. Christophe en profite pour parler avec ses collègues, "pour récolter un maximum de conseils", dit-il. Notamment sur les questions de discipline et de pédagogie.
Christophe Renia reconnaît avoir changé sa vie de façon assez drastique. "J'avais besoin de vivre de nouvelles surprises. Là je découvre à chaque instant des aspects de mon nouveau métier, c'est une stimulation intellectuelle excellente". Ne dites pas à Christophe qu'à 56 ans, il se rapproche de l'âge de la retraite. "Je suis en pleine forme et ne pense pas m'arrêter. Je compte bien poursuivre mon activité autant que ça me plaira. C'est la vie", vous répondra-t-il.