Le 26 décembre 1999, la tempête Lothar balayait l'Alsace et ravageait une partie de la forêt. Vingt ans plus tard, la forêt a bien changé. La "tempête du siècle" n'a pas eu que des conséquences négatives.
Le 26 décembre 1999, la tempête Lothar, surnommée la "tempête du siècle", balayait une partie de la France, entre la Bretagne et l'Alsace. Le bilan est lourd dans la région avec quatre morts et des dizaines de blessés. Des rafales à plus de 180 km/h sur les crêtes vosgiennes et 160 km/h en plaine y sont enregistrées. Les dégâts matériels sont importants. Les forêts aussi ont payé un lourd tribut après son passage.
Au niveau national, près d'un million d'hectares ont été touchés, dont 20% rasés, indique l'Office national des forêts (ONF). En Alsace, ce sont 12 000 d'hectares concernés, principalement dans le Bas-Rhin, entre la Petite Pierre et Haguenau. Dans ce secteur, plus de 4 millions de m3 de chablis, c'est à dire de bois "cassés ou renversés" sont recensés. Dans le département, certaines forêts sont détruites aux trois quarts.
Changer de méthode
Vint le temps de la reconstitution. L'Office national des forêts n'a pas eu les moyens de tout replanter. Il est nécessaire de penser la forêt autrement. Se basant sur "des retours d'expérience d'autres tempêtes, notamment en Suisse et en Allemagne", il conçoit un projet "mieux échelonné en lien avec les services techniques et la recherche forestière", indique l'ONF Grand Est.
"Compte tenu de la surface qui était à régénérer, on a été obligé d’adapter notre sylviculture. C’est une sylviculture moins intensive. On passe plus souvent mais on fait des travaux beaucoup plus fins. On sélectionne des tiges d’avenir, et on travaillera au profit des plus belles." explique Franck Dorffer, technicien forestier à l'ONF.
Mélanger les essences
Dans les Vosges du nord, beaucoup de propriétaires privés avaient décidé de replanter de jeunes arbres. Vingt ans plus tard, la forêt de Bust par exemple est méconnaissable. Des forêts replantées mais plus comme avant. La monoculture de résineux a montré ses faiblesses. Les essences sont plus mélangées avec des chênes, mélèzes, hêtre ou charme.
"La première règle, c’est de choisir l’essence adaptée au climat. Cette technique a été confortée suite à la tempête, on a vu que les peuplements mélangés résistaient plus que les peuplements purs" note Jean Braud, de l'association forestière des Vosges du Nord.
Une forêt régénérée et plus durable
Cette "tempête du siècle" a été "à l’origine d’évolutions fortes en matière de pratiques et de gestion forestières. La dynamique naturelle des successions forestières a été redécouverte et utilisée dans les reconstitutions et dans la sylviculture extensive pratiquée. Les forestiers sont aussi plus sensibles aujourd’hui à la protection des sols, le seul capital qui reste après une catastrophe comme Lothar", analyse Pierre Geldreich, directeur de l'agence travaux Rhin Vosges à l'ONF.
Deux décennies plus tard, la forêt s'est donc bien régénérée. Son visage a changé car la tempête a profondémment remis en cause la manière de s'en occuper. Elle est devenue moins rentable, mais certainement plus durable.