Estimé à 183 000, le nombre de travailleurs frontaliers du Grand Est a fortement progressé entre 1999 et 2019. Ils sont aussi plus qualifiés. C'est ce que montre une étude de l'INSEE publiée ce lundi 2 octobre. Le Luxembourg remporte la palme devant la Suisse et la Belgique. En Allemagne, les effectifs enregistrent une légère diminution.
Ce n'est pas une vague déferlante mais ça y ressemble. Le nombre de travailleurs frontaliers du Grand Est a augmenté de 39% en deux décennies, de 1999 à 2019. C'est ce que montre une étude de l'INSEE publiée ce lundi 2 octobre. Cela représente, parmi les habitants de la région, 183 000 personnes, soit 8,1% des actifs.
Les 4 pays frontaliers de la région, Belgique, Luxembourg, Allemagne et Suisse, se partagent diversement le gâteau. Le Luxembourg arrive en tête avec près de la moitié des effectifs (87 000), suivi par l'Allemagne et la Suisse qui totalisent à eux deux une part quasi égale à celle du Luxembourg (respectivement 48 000 et 40 000) puis la Belgique (8 000).
Le Luxembourg se démarque
Si on observe les chiffes de manière plus dynamique, en termes d'évolution, on constate là aussi des disparités. Vers le Luxembourg, le nombre de travailleurs frontaliers a doublé en vingt ans. L’augmentation est également très marquée en Belgique et en Suisse. À l’inverse, les effectifs ont diminué côté allemand.
D'un point de vue qualitatif, l'étude met en évidence un niveau de plus en plus élevé au cours de ces deux décennies. Le nombre de frontaliers exerçant une profession très qualifiée (notamment ingénieurs et cadres, enseignants, médecins, personnel de la recherche) a triplé : de 9 300 en 1999, leur nombre est passé à près de 30 000 en 2019. Là encore, le Luxembourg et la Suisse se démarquent avec une part de frontaliers très qualifiée multipliée, respectivement par 5 et par 3,4.
Quatre professions concentrent plus de la moitié de la progression du nombre de frontaliers dans les familles professionnelles très qualifiées : les cadres des services administratifs, comptables et financiers, les personnels d’études et de recherche, les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie et les ingénieurs informatiques.
Le nombre de frontaliers non qualifiés est, lui, en forte baisse (-26 %, soit 6 800 de moins) comme chez les non-frontaliers (-29 %). C'est l'Allemagne qui enregistre la plus forte baisse, passant de 16 500 en 1999 à 8 200 en 2019. Une maîtrise moins répandue de la langue allemande chez les ouvriers non qualifiés alsaciens et mosellans pourrait en partie expliquer cette baisse constatée en Allemagne, mais aussi une plus faible demande d’ouvriers de ce type dans l’industrie d’outre-Rhin.
Les frontaliers non qualifiés sont plus âgés
Plus du tiers des frontaliers non qualifiés ont plus de 50 ans. Une proportion supérieure à celle de l’ensemble des travailleurs frontaliers et des ouvriers non qualifiés non frontaliers et nettement plus importante qu’en 1999 : elle a augmenté de 26 points chez les frontaliers.
Ce constat s’explique par le déclin du travail frontalier non qualifié dans l’industrie allemande, en particulier dans l’industrie automobile, le travail des métaux et les industries de process (métallurgie, chimie, etc.). L’âge légal minimum pour prendre sa retraite est également plus élevé outre-Rhin, obligeant les ouvriers frontaliers vers l’Allemagne à rester plus longtemps en activité que les non-frontaliers.
Tous ces chiffres sont consultables sur le site de l'INSEE.