Depuis le 1er juillet, l'Allemagne assure la présidence tournante de l'Union européenne au moment où celle-ci fait face à des défis historiques. Conséquences économiques du coronavirus, Brexit, Green deal : ces six prochains mois s'annoncent cruciaux.
"Tous ensemble pour relancer l'Europe", c'est le slogan, décliné en plusieurs langues, projeté mardi soir, 30 juin, sur la porte de Brandebourg à Berlin. Le 1er juillet, l'Allemagne a entamé sa présidence de l'Union européenne, confrontée à des défis historiques. Il va bien falloir l'expérience et l'aura de la chancelière Angela Merkel, au pouvoir depuis quinze ans, un record de longévité, pour relever le défi et mener à bien les chantiers européens.
Exposée à une éventuelle deuxième vague, l'Europe fait face une crise économique sans précédent comme l'a souligné la chancelière lors d'un entretien avec Emmanuel Macron : "l'Union européenne est confrontée à des défis économiques que nous n'avons jamais connu depuis des décennies, ni même jamais auparavant. Les attentes pesant sur nos épaules sont très lourdes."
1 - La mutualisation des dettes
Premier chantier : trouver un accord à 27 sur le projet de plan de relance de 750 milliards d'euros, avec pour la première fois des fonds empruntés en commun par l'Union européenne autrement dit une mutualisation partielle des dettes, pour cela Angela Merkel a brisé un tabou politique en Allemagne. Elle va devoir convaincre le "club des radins", les Pays-Bas, l'Autriche, la Suède et le Danemark, quatre pays très réticents à cette idée et qu'elle soutenait jusque-là en sous-main, d'accepter que l'Union européenne s'endette sur les marchés financiers, pour aider les pays les plus touchés par la Covid-19 et que ce soit l'Europe qui rembourse.Dès le 8 juillet, la chancelière viendra exposer ses priorités devant le Parlement européen, réuni exceptionnellement en session plénière à Bruxelles, comme l'a annoncé le responsable de la communication Jaume Duch, dans un tweet.
Next Wednesday 8th July German Chancellor Angela Merkel will be at the European Parliament Brussels hemicycle to present and debate with MEPs the priorities of the German Presidency of the Council of the EU. The debate will take place at 2:15pm at the start of #EPlenary session. pic.twitter.com/ANCMibi4Oe
— Jaume Duch (@jduch) July 2, 2020
2 - Le Brexit
Deuxième chantier et pas des moindres : le Brexit. Depuis le 31 janvier, date à laquelle la Grande-Bretagne a quitté l'UE, tout en continuant d'appliquer les règles européennes jusqu'au 31 décembre 2020, les discussions n'avancent guère. Le Royaume-Uni négocie avec Bruxelles pour tenter d'établir une relation commerciale avantageuse avec le bloc européen. Connue pour sa position conciliante, l'Allemagne tente à prix d'éviter le no deal qui serait catastrophique pour l'Union européenne.3 - Le Green Deal
Troisième gros chantier: le déploiement du "Green Deal " ou Pacte vert, proposé par la Commission européenne et sa présidente, l'Allemande Ursula Von Der Leyen. Après avoir adopté l'objectif de neutralité climatique d'ici à 2050, les 27 devront examiner le renforcement des objectifs de réduction des gaz à effet de serre d'ici à 2030. Angela Merkel a affiché sa volonté de lier la relance économique à la transition écologique. "Green washing" ou volonté réelle de verdissement de l'économie ? Les choix des six prochains mois seront décisifs face au changement climatique.Conseil européen 17-18 juillet
Première échéance : le Conseil européen des 17-18 juillet prochains. Ce sera le premier sommet physique des dirigeants européens depuis les mesures de confinement mises en place en mars 2020. On y parlera gros sous car il s'agira d'adopter le plan de relance de 750 milliards d'euros adossé au budget à long terme de l'UE (2021-2027) d'un montant de 1.100 milliards d'euros. Ne pas adopter le plan de relance "aggraverait tous les problèmes" en nourrissant le populisme, a mis en garde la chancelière dans un entretien accordé au Monde (accessible aux abonnés).
L'enjeu est de taille, l'avenir de l'Union européenne est en jeu, Angela Merkel qui avait rechigné à venir en aide à la Grèce, sait qu'elle peut encore marquer l'histoire européenne en sauvant le projet européen.