Trois raisons de regarder le documentaire "Berlin, l'art de l'évasion"

1987. Un photographe canadien filme le mur de Berlin depuis le côté Ouest en regardant vers l'Est. Ces images restées inédites font l'objet d'un documentaire de Jean Bergeron diffusé ce lundi 11 novembre sur notre antenne. Voici 3 bonnes raisons de le regarder.

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Trente années après sa chute, le mur de Berlin offre encore des images inédites. En 1987, un photographe, caméraman canadien a pris l'initiative de filmer le mur. Depuis la zone Ouest, il a observé le mur vers l'Est. Le réalisateur Jean Bergeron se sert de ces images inédites pour nous replonger dans le contexte de cette époque révolue. Accompagnées de scènes de reconstitutions d'évasions spectaculaires, il illustre les étapes de renforcement du mur au cours de ses vingt-huit années d'existence.

Voici trois bonnes raisons de regarder "Berlin, l'art de l'évasion" lundi 11 novembre à 23h50 sur France 3.


1- [Re]plonger dans les années 80

C'est cadeau ! La fin de la décennie 80 se déguste, pour ceux qui l'ont vécue, comme de petits plaisirs coupables. Admirer les bonnes vieilles coupes "mulet" et les brushing improbables. Se remémorer les tenues alliant vert et violet, les vestes bûcherons et les robes sous le genou portées avec des bottes hautes. La vie des Berlinois des années 80, est à l'image de la vie d'une grande partie des Européens. Des images totalement inédites, qui nous plongent dans une époque à la fois récente et lointaine bercée par les chansons de Nina Hagen ou Tangerine Dream.

C'est le décor qu'offrent les images de la vie quotidienne ouest-berlinoise captées par le caméraman Patrice Massenet, durant l'année 1987. Aux côtés des patrouilles d'occupation françaises, américaines ou britanniques, le photographe a choisi de parcourir l'ensemble du l'enceinte du mur de Berlin depuis le côté interne, le côté Ouest.

Il y filme des scènes simples : deux dames assises sur un banc regardant les familles qui rejoignent un poste frontière pour se séparer chacun de leur côté de la frontière. L'émotion qui nous étreint lors de ces embrassades ne semble plus les atteindre, tant elle font partie de leur routine. 
Ici ou là des enfants débraillés jouent au ballon, font du vélo près du mur. Ailleurs sur un pont ou sur des berges, quelques pêcheurs, la clope au bec attendent la prise. Des scènes presque identiques à celles qu'on voit partout ailleurs en Europe. Un habitant exprime le sentiment général :

Au début, c'était hallucinant, mais au bout de trois ou quatre mois, on s'y est habitué. Sans que ce soit accepté.
Un habitant de Berlin ouest


2 - Ressentir avec les Berlinois le côté "enfermés dedans"

Pourtant, les miradors ne sont pas loin, les patrouilles armées aussi, qui surveillent tout ce qui approche du mur. Le caméraman filme de l'autre côté du mur les policiers qui l'observent aux jumelles. Chacun observe l'autre dans une forme de status quo apparent, mais qui ne demande qu'à exploser à la moindre étincelle. Une forme de paranoïa mise en place de part et d'autre par les anciens alliés de chaque côté du rideau de fer.

Même si des amateurs de jardinage se réjouissent de la présence du mur qui les dispense d'installer leur propre clôture, on sent bien toute l'ironie de la siutation.

Et plus loin, une groupe d'amis qui pique-niquent, se désole de ne pas pouvoir plonger dans le lac à moins de 500 mètres de l'autre côté. Les limites de leur liberté. À l'Est, l'objectif est de regagner cet îlot emmuré. C'est paradoxalement leur seul espoir de liberté. Parfois, les Allemands de l'Est qui ont de la famille à l'Ouest obtiennent une autorisation de sortie, à la condition que certains membres de la famille restent à l'Est servant de garantie de retour.

Moi je peux rendre visite à ma famille qui habite dans cet immeuble juste là. Ça me prend deux heures en train. Mais eux, ils ne peuvent venir que pour les jubilés : pour mes 50 ans par exemple.
- Une femme de l'Ouest séparée de sa famille restée à l'Est

Et à travers l'exemple de quatre évasions, célèbres et spectaculaires, reconstituées par des comédiens, le réalisateur montre comment, après chacune d'elles, les services de sécurité de l'Allemagne de l'Est ont perfectionné le maillage et la sécurité du mur pour le rendre de plus en plus infranchissable. Au fur et à mesure des années, il faut déployer des trésors d'ingénuosité et des ressources considérables de courage pour s'évader.


3 - Avoir le sentiment étrange de visionner une uchronie pourtant bien réelle

C'est une bien étrange sensation qui nous assaille en regardant le documentaire de Jean Bergeron. Un peu comme si nous étions les spectateurs d'un film à succès basé sur une histoire uchronique. Un de ces films qui évoquent un monde qui n'existe pas, mais qui pourrait bien représenter un avenir alternatif souvent noir. Comme dans la série Black Mirror ou The Handmaid's Tale : la servante écarlate. 
Une fillette interrogée dans sa classe de maternelle s'exclame quand on lui demande ce qui se passerait si leu mur était détruit :

La guerre va venir car la guerre habite là-bas. 
- une fillette

Un peu comme si chacun a sa propre vision de l'autre côté du mur, sa vision pessimiste et terrifiante. Nul ne se doute alors que deux ans plus tard, il tombera.
Un autre habitant, fataliste déclare:

Nous devons tirer le meilleur du pire.

Tombé il y a déjà trente ans, le mur de Berlin fait partie d'un passé certes récent, pourtant si éloigné. Une incongruité historique due à la paranoïa d'après-guerre. Une période dont l'issue ne cesse de nous réjouir, nous autres, simples spectateurs. Mais dont les traces vives restent bien présentes dans la vie de tous les Berlinois avec notamment la présence de croix qui rendent hommage à tous ceux qui ont échoué dans leurs tentatives d'évasions. 138 personnes sont mortes en tentant de franchir le mur. Plus de 5.000 y sont parvenues.
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