Trois raisons de regarder le documentaire "Paroles de [petits] patrons"

Patrons. Dans l'inconscient collectif, le terme reste associé au pouvoir, à l'argent et à une position sociale haute. Mais eux, qu'en pensent-ils? 5 petits patrons de PME du Grand Est s'expriment dans "Parole de [petits] patrons", un documentaire de Guillaume Terver à voir lundi 14 octobre à 23h05.

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Selon la position que l'on occupe, le "patron" est plus ou moins bien perçu. L'idée du réalisateur Guillaume Terver ne consiste pas à comprendre comment on les perçoit, mais comment ils se perçoivent eux-mêmes. "Paroles de [petits] patrons", c'est un documentaire à voir lundi 14 octobre à 23h05.

Voici trois bonnes raisons de le regarder. 


1. Sortir des idées reçues 

Pour beaucoup, le patron, il gagne beaucoup d'argent, il fait pas grand-chose et puis c'est un salaud, quoi.
- Sophie Weber, transport Weber 

Voici résumé en quelques mots, l'idée reçue communément partagées sur les chefs d'entreprises. Cinq dirigeants de PME du Grand Est ont accepté de dévoiler leurs conditions de travail, peut-être pour combattre ces idées reçues. Ils ne se plaignent pas, leur position est issue d'un choix. Il racontent leurs parcours, ils ne sont pas toujours des "fille ou fils de", ils ne sont pas non plus forcément préparés. Mais ils ont tous accepté la charge. Et parce que la situation économique n'est plus celle des Trente Glorieuses, ce choix-là ne leur a pas toujours été évident.  

Moi je ne me suis pas levé le matin un jour en me disant, tiens je vais être patron : patron c'est bien!
- Vincent Brelet, Tek services.

Il ajoute : "J'étais un cancre à l'école et je suis parti de rien. J'ai autofinancé ma formation. N'importe qui aujourd'hui peut devenir patron ou chef d'entreprise." S'il s'en donne les moyens. Et s'il en prend le risque. Un risque qu'ils sont prêts à prendre en toute connaissance de cause, mais qui, parfois, leur fait sentir l'épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes.

[Notre responsabilité] consiste à risquer de mettre le toit qui est au-dessus de la tête de nos enfants dans la balance, mais ça personne ne le voit.
- Sophie Weber, transports Weber

En bref, ils ne se définissent pas par leur position sociale. Et ils s'amusent à comparer leur taux horaire de salaire au nombre d'heures de travail effectuées:

Si je calcule mon salaire horaire, je gagne très mal ma vie !
- Anne-Sophie Didelot, Alerion  

Anne Salhi, qui a repris la fromagerie de son époux s'indigne: "Un patron, il n'a pas une villa sur la Côte, il n'a pas une Porsche, il ne va pas aux sports d'hiver deux fois par an. Moi je ne pars jamais en vacances, ils le voient". Leur vie, c'est leur entreprise et ils y consacrent le plus clair de leur temps, de leur argent personnel et de leur énergie. 


2. Gagner en proximité

Leur force c'est la proximité avec leurs salariés. En cela il se distinguent des grands chefs d'entreprise et insistent sur leurs différences:

"Le patron d'une grande entreprise, il est inaccessible, il gère à un autre niveau, il ne connait pas les gens;

Un patron de PME il regarde ses salariés, il les connait.
- Anne Salhi, fromagerie d'Auxon.

Elle n'hésite d'aileurs pas, le cas échéant à pousser un rack de fromages avec un de ses salariés en difficulté. Vincent Brelet, dirigeant de Tek Service explique :"La différence entre les PME et les grands groupes, c'est la proximité entre la tête et la base". Pas d'intermédiaire, le salarié est salué chaque matin par son patron et peut l'interpeller à l'envi.


3. Travailler en confiance

La réforme du code du travail de 2017 a modifié les rapports entre direction et syndicats dans les TPE et les PME. Mais dans le quotidien de certains petits patrons, cela n'a pas changé grand chose dans les rapports sociaux. Le dialogue social se fait parfois de manière informelle, au détour d'un couloir ou même dans la rue les weekends au hasard des rencontres. L'organisation n'a plus rien à voir avec celles des générations précédentes. Tout se décide de manière horizontale, dans une organisation relativement plate. Exit le paternalisme et dans la mesure du possible, les problèmes sont résolus avant d'en arriver au conflit.

Je crois beaucoup au travailler ensemble, au travail collaboratif
- Anne-Sophie Didelot, Alerion

Une autre dirigeante explique: "Je n'ai jamais demandé à mes salariés s'ils étaient syndiqués. Dans la mesure où vous avez de bonnes relations avec vos salariés, ils n'ont pas besoin d'être défendus"; Quand ils ont un problème, ils viennent directement lui en parler et les décisions peuvent se prendre rapidement. Sans passer par les couches successives d'encadrement que connaissent les grandes entreprises. Du salarié au patron directement. 
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