Vetis, recycler du textile pour favoriser la réinsertion

Depuis plus d'un quart de siècle, l'association Vetis collecte des textiles usagés, les trie, les recycle et les revend, dans le but d'aider des personnes en difficulté à retrouver un véritable travail.

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Les gros conteneurs de Vetis font vraiment partie du paysage bas-rhinois, principalement sur les parkings des supermarchés ou les trottoirs strasbourgeois. Ils sont destinés à recueillir vos dons en vêtements ou linge de maison encore en bon état, mais qui vous encombrent.

Plusieurs associations gèrent ce type de conteneurs. Ainsi, certains sont estampillés "Emmaüs" ou "Croix Rouge". Mais Vetis est la seule association dont le recyclage des vêtements est l'unique spécialité.  

Une tournée quotidienne pour récupérer le textile

Chaque matin, trois camionnettes de Vetis partent du siège de Niederhausbergen (Bas-Rhin), récupérer des textiles sur l'ensemble du département. La petite centaine de conteneurs de l'Eurométropole, et au-delà, est vidée au moins une fois par semaine. Mais il faut également chercher des dons de textiles directement auprès d'entreprises, d'associations, ou de particuliers.  

Serguei Giaconi et son collègue, deux salariés de Vetis, arrivent sur un parking de supermarché. A l'ouverture de la première box, très remplie, ils découvrent quelques sachets et beaucoup de vêtements en vrac, qui menacent de dégringoler. Prestement, ils les fourrent dans des sacs poubelle avant de les transférer dans leur camionnette. "Quand il pleut, c’est un peu compliqué" reconnaît Serguei Giaconi. "Il faut éviter autant que possible que les vêtements non emballés tombent sur le sol mouillé, pour qu'ils ne s'abîment pas."

Différentes étapes de tri, pour recycler au mieux

Après la tournée, la collecte du jour est déchargée à Niederhausbergen. Près de 600 tonnes de textiles arrivent ici chaque année. Certaines sont revendues en gros à des entreprises partenaires. Mais la plupart passent entre les mains de l'équipe de pré-tri, une demi-douzaine de personnes debout derrière une longue table. Elles ouvrent l'un après l'autre les innombrables sacs et cartons, pour séparer le textile en différentes catégories.

"Dans les sacs et cartons, tout est mélangé" explique Abeni Soncy, l'une des préposées au pré-tri. "Donc nous mettons les vêtements pour les femmes dans le bac "femme", ceux pour hommes dans le bac "homme"". Pareil pour les vêtements d'enfants, les chaussures, les sacs, le linge de maison. Les pièces trop abîmées, mises à part, seront transformées en chiffons. Seuls 3% des textiles, impossibles à recycler, doivent être jetés.    

Après le pré-tri vient la phase du tri, dans une grande pièce attenante. Jocelyne, une autre salariée, reprend chaque vêtement en main, et l'examine de près. "Ça demande beaucoup de concentration" sourit-elle. L'état, la taille, mais aussi la marque, tout est pris en compte : "On les classe aussi en entrée de gamme, moyenne gamme ou haut de gamme."

Les plus beaux vêtements qui ont une couture défaite ou un bouton manquant sont directement réparés par la couturière de Vetis, avant la mise en vente. Mais d'ordinaire, toutes les pièces présentant le moindre trou ou la moindre tache sont écartées, pour être vendues au poids, à 1,50 euros le kilo.  

Les vêtements corrects, eux, sont ensuite classés par taille, étiquetés avec un prix (3 ou 4 euros pour un pullover en entrée de gamme) et placés sur des cintres ou des étagères. Certains sont immédiatement rangés dans des caisses à destination des quatre magasins de Vetis – sur place à Niederhausbergen, mais aussi à Strasbourg-Esplanade, Schiltigheim et Bischwiller. "On leur envoie chaque jour de nouvelles pièces" raconte Gabriel Decker, salarié en charge de ces préparations. "Selon les demandes des vendeuses, on prépare la catégorie de vêtements qu'elles souhaitent" pour regarnir leurs rayons.   

Des magasins au look design

En effet, les magasins de Vetis ne doivent plus avoir l'air de vestiaires caritatifs. Même si les prix restent tout doux, l'accent est mis sur la présentation et l'esthétique. "On les arrange par couleurs, et par thème" précise Goarik Oganesian, qui s'occupe du magasin de Niederhausbergen. "Et on change les mannequins deux fois par semaine." Histoire de bien accueillir les clients. Mais aussi de permettre aux salariées vendeuses de se former, en travaillant dans un univers conforme à ce qui les attend dans une véritable boutique.

Car la finalité de l'association est toute autre que de simplement recycler du textile. "Les vêtements sont juste un support pour que des gens retrouvent du travail" explique Anne Gauger, présidente du conseil d'administration de Vetis. "Nos salariés avaient de gros problèmes dans leur vie, et nous les aidons à se remettre sur les rails."

Aider des personnes en difficultés à retrouver un emploi pérenne

A côté de la demi-douzaine de salariés encadrants, une trentaine de personnes (24 équivalents temps plein) sont ainsi embauchées en CDDI (contrat à durée déterminée d'insertion), subventionnés par l'Etat. Durant deux années, avec des réévaluations tous les six mois, elles pratiquent des activités qui leur offrent une formation qualifiante, chauffeur, vendeur, etc.

En interne, l'association dispense également des cours de français, et accompagne chacun au mieux pour une réelle réinsertion. Et les résultats sont là : après leur passage chez Vetis, 60% de ces salariés en CDDI trouvent un véritable emploi. "Je suis très contente et fière de travailler à Vetis, d’avoir repris une activité et d’être là pour apprendre" admet Sevda Elewli, vendeuse dans la boutique de Bischwiller. "Pouvoir s’insérer dans le milieu du travail est une grande opportunité." - "Beaucoup de nos salariés sont des jeunes, qui n'ont jamais travaillé auparavant", précise Anne Gauger. "Là, ils avancent. Ils retrouvent le moral, et ont à nouveau un but."     

Solidarité, petits prix et éco-responsabilité : le trio gagnant

Cette plus-value humaine, solidaire, attire également les clients des magasins de Vetis, au-delà de l'avantage des petits prix pour le porte-monnaie. "J'aime bien ce magasin, au moins il y a des gens qui ont du travail, ils embauchent, c'est tout bien" estime Fatima Didri, une cliente fidèle de Niederhausbergen. "Ce sont des choses qui nous touchent, avec mes amis. On préfère donner notre argent à des associations et aider à la réinsertion, plutôt que de le dépenser dans des boutiques" ajoute Camille Jochem, une autre cliente. Mais pour elle, il y a un second argument : "On s'intéresse aussi à la seconde main, et à ne pas surconsommer."

Car après plus d'un quart de siècle d'existence, Vetis affiche aujourd'hui un chiffre d'affaires de près d'un million d'euros, et son principe d'origine est plus que jamais d'actualité. Lors de sa création, lutter contre le gaspillage était une démarche prémonitoire, mais aujourd'hui, elle atteint de plus en plus la conscience des consommateurs. Pour Anne Gauger, "on ne peut pas continuer comme ça, acheter et jeter, acheter et jeter" qui ajoute : "C'est pour cela que Vetis a un avenir."

Forte de son succès, l'association a le vent en poupe, et envisage, selon les mots de sa présidente, "de répartir un peu partout nos vêtements et nos magasins." La prochaine étape sera, en mars, l'ouverture d'une boutique dans la nouvelle zone commerciale de Vendenheim (Bas-Rhin).

 

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