Dans l’attente du remaniement ministériel, qui devrait être annoncé ce lundi 4 juillet 2022, l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF), présidée par le maire de la commune vosgienne des Voivres, Michel Fournier, demande le renouvellement du poste de secrétaire d’Etat délégué à la ruralité, ou la création d’un ministère.
La composition du nouveau gouvernement pourrait être annoncée ce lundi 4 juillet. Et parmi ceux qui militent pour y voir un ministre ou secrétaire d’État en charge de la ruralité : Michel Fournier. Le maire de la commune des Voivres, dans les Vosges, et président de l’Association des Maires Ruraux de France, nous rappelle l’importance de la représentation des territoires ruraux.
Pensez-vous qu’il y aura un secrétaire d’Etat délégué à la ruralité dans le gouvernement Borne ?
Il est certain que dans le précédent gouvernement, j’avais obtenu du premier ministre jean Castex, la création d’un poste de secrétaire d’Etat délégué à la ruralité dans le cadre du ministère de la cohésion du territoire.
Ce secrétariat nous a apporté quand même beaucoup d’éclairages, beaucoup de réponses à différentes demandes : on a compris qu’il représentait une nécessité.
Dans l’affichage du nouveau quinquennat d’Emmanuel Macron et avec la nomination d’Elisabeth Borne, on a vu dans un premier jet qu’il n’y avait pas du tout d’affichage de secrétariat ou de ministère de la ruralité et c’était Amélie de Montchalin qui avait un statut avec un spectre très large avec la transition, la cohésion des territoires… il y avait un spectre très large et on nous a expliqué que tout n’était pas fini, que c’était une première mouture et que certainement, derrière cela, il y aurait peut-être quelque chose de plus précis. Sauf qu’entre temps, j’ai eu vent des différentes potentialités d’organisation de ce gouvernement pour le quinquennat qui arrive et on a même évoqué la possibilité d’une définition de la ruralité associée à l’agriculture. Ce qui veut dire qu’on revenait en arrière en considérant que la ruralité n’était que l’agriculture.
La ruralité représente 33% des habitants de notre pays et on couvre 88% du territoire
Michel Fournier, président de l’Association des Maires Ruraux de France
Quelle différence y a-t-il entre l’agriculture et la ruralité ?
Nous, nous avons des spécificités tout simplement parce que la ruralité représente 33% des habitants de notre pays, qui ne sont pas tous agriculteurs et on couvre 88% du territoire. Donc, en fonction de cela, on souhaite fortement, j’allais presque dire on exige, qu’il y ait un regard et un affichage sur la ruralité dans sa globalité. On donne comme argument politique que l’on a bien vu lors des dernières élections, présidentielles et législatives, les territoires ruraux s’étaient réfugiés la plupart du temps dans un vote extrême. Toutes ces conditions-là nous indiquent qu’il est nécessaire d'avoir ce regard spécifique avec un affichage spécifique sur la ruralité.
Concrètement, souhaitez-vous un secrétaire d’Etat ou un ministère pour la ruralité ?
Un ministère dans la mesure où, à l’intérieur de ce ministère, il pourrait y avoir une répartition parce qu’il n’y a pas une ruralité : il y a des ruralités et il y a des approches qui sont différentes en fonction de situations différentes. Une ruralité en bord de littoral n’est pas la même qu’en centre France ou la montagne. Je crois donc qu’il est nécessaire qu’on aborde tous ces sujets là avec un ministère de la ruralité.
Que vont faire les maires ruraux s’ils ne sont pas représentés au gouvernement la semaine prochaine ?
Malheureusement, si la ruralité n’est pas représentée à l’Assemblée Nationale ça risque de compliquer encore le fonctionnement de cette gouvernance, qui apparait déjà difficile par rapport au manque de majorité présidentielle et on sait en fait que chacun jouera à plouf plouf entre la NUPES et le RN pour essayer de déstabiliser tout ce qui sera possible puisque tel a été l’objet de la campagne législative.
Nous, on ne veut pas participer à cette histoire du "Tout sauf Macron !" On est dans la co-construction, mais pour co-construire, il faut être au moins deux : on verra qu’elles sont les initiatives que nous prendrons si nous avons été oublié.
Nous ne sommes pas un parti politique. Nous sommes les représentants des collectivités rurales. Nous sommes des gens qui nous intéressons à nos administrés et leur bien vivre. Les déserts ruraux, c’est chez nous. Nous sommes directement impactés par l’augmentation de prix du carburant. Notre intérêt, c’est de trouver le meilleur équilibre et qu’on arrête d’être dans une opposition systématique, que les gens vivent le mieux possible et que la société soit mieux équilibrée.