Pour aider à la préservation de la nature en France, la Française des jeux lance "Mission Nature". Calqué sur le modèle du loto du Patrimoine, il aidera 20 projets liés à l'environnement. Parmi eux, la restauration de tourbières dans les Vosges. Ces zones humides colonisées par la végétation dans un milieu saturé en eau.
Sur le modèle du loto du Patrimoine, initiée par Stéphane Bern, place à un nouveau jeu de grattage, mais cette fois, en faveur de la biodiversité. Son nom : Mission Nature. Un principe identique : récolter des fonds directement versés à l’Office français de la biodiversité (OFB) pour le financement de projets de restauration du vivant grâce à la vente des tickets de grattage. Ce nouveau jeu sera disponible à compter du 23 octobre 2023.
Lancé le 2 mars dernier, un appel à projets a retenu vingt propositions qui vont pouvoir bénéficier d’un soutien financier. Parmi eux, six sont des projets emblématiques, avec un impact positif à l’échelle nationale, et quatorze sont des projets de maillage, avec un impact régional.
Biodiversité et stockage de carbone
En Lorraine, ce sont les départements ruraux qui vont en profiter avec la restauration des pelouses calcaires de la forêt de Verdun, dans la Meuse (1) et la restauration des tourbières des Vosges (2). "Il existe un patrimoine naturel qu'il est important de préserver et de restaurer et les tourbières en font partie" explique Thibaut Hingray, chargé de mission scientifique et territorial et responsable de l'antenne Vosges du Conservatoire d'Espaces naturels Lorraine, "ces lieux ont été très mal vus et non valorisés pendant longtemps. Elles ont notamment été drainées pour la culture. Et là, on se rend compte qu’elles ont plein d'intérêt. Il y a l'aspect biodiversité, mais elles nous rendent aussi service sur la qualité de l'eau et le stockage de carbone. Malheureusement, plus on les dégrade et moins, elles remplissent ces rôles-là".
Dans le département des Vosges, on dénombre plus de 300 tourbières. "Elles sont présentes depuis la fin de la glaciation" raconte Thibaut Hingray, "ce sont des ressources en eau. Elles permettent également le ralentissement des écoulements. Elles rendent plein de services, mais depuis l'arrivée de l'homme dans le massif il y a presque 3 000 ans, leur dégradation s'est enclenchée. Ce n'était pas volontaire, mais les premiers troupeaux, l'apparition des pâturages sur ces tourbières et même l'exploitation de la tourbe pour le chauffage ont accéléré le phénomène. Le climat vosgien permettait de limiter l'effet de dégradations, mais depuis 2018, on est sur une accélération du fait du changement climatique et des sécheresses successives que le massif subit maintenant tous les ans et même plusieurs fois par an. Au lieu de nous rendre des services importants, c'est le contraire. Les tourbières ont tendance à libérer plus de carbone qu'à en stocker".
D'où l'importance de sauvegarder ce patrimoine naturel. Pour l'instant, seules cinq tourbières vosgiennes sont concernées par la restauration. "C'est un premier volet de travail" avoue le spécialiste, "l'idée, c'est de les restaurer pour stopper le relargage de carbone. À notre échelle, c'est aussi une façon de lutter contre le réchauffement climatique. L'idée, c'est de réparer en abaissant le niveau de la nappe dans les tourbières. Plus simplement boucher les drains mis en place et remettre en eau ces écosystèmes sans en faire des lacs ou des étangs. Pour ces cinq tourbières, on peut parler d'avant programme sur lequel s'appuyer. Il faudra le valoriser et sensibiliser pour pouvoir lancer une dynamique un peu plus large dans un second temps".
Quels gains ?
Le ticket de la Mission Nature sera beaucoup plus abordable que celui de la Mission Patrimoine (15 euros le ticket). Il sera vendu au prix de 3 euros. Sur chaque ticket acheté, 0,43 euro sera reversé par l’État à l’Office français de la biodiversité. Un ticket permettra de remporter jusqu’à 30 000 euros.
(1) Montant du projet : 510.357 €. Subvention prévue : 347.776 €
(2) Montant du projet : 748.450 €. Subvention prévue : 596.844 €
