VIDEO. Arnica des Vosges, la récolte 2023 encore compromise ?

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L'arnica a peu fleuri en 2023 en raison de la chaleur et du manque de précipitation en juin.
Sur le plateau du Markstein, la petite fleur jaune se fait rare, en ce 12 juin 2023. Par manque de fleurs, les cueillettes de 2020 et 2022 avaient été annulées. ©Arnold Gerster / FTV

Tous les ans, autour du 15 juin, la décision d’autoriser ou pas la cueillette de l’arnica est prise. En 2023 sera-t-elle annulée comme celle de l’année dernière ? Dans un contexte difficile, quelles sont les solutions pour sauver la fleur emblématique des Vosges ?

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Juin, c’est la période de la floraison de l’arnica dans les Vosges. Tous les ans, le Parc naturel régional des Ballons des Vosges en collaboration avec le département des Vosges et les cueilleurs professionnels évaluent l’état de la plante et sa densité.

"On aimerait y croire", annonce Dominique Peduzzi, élu délégué à la montagne au Conseil départemental des Vosges. "On récolte dans les Vosges entre 9 et 11 tonnes d’arnica selon les besoins des producteurs locaux et des laboratoires cosmétiques. Depuis 3 ans la situation est critique. On a été obligé à deux reprises d’annuler complètement la cueillette."  

Comme l’année dernière, autoriser la récolte sauvage en ce mois de juin 2023 risque d’être très compliqué. Sur le plateau du Markstein dans les hautes Vosges, les parcelles sont loin d’être couverte de jaune.  

"Vous voyez ici on devrait avoir une fleur tous les trente centimètres environ", réagit Michael Gérard, responsable du service agriculture et forêt du Conseil départemental des Vosges.  

Une plante fragile

Pourtant depuis des années les différents acteurs essayent de préserver cette plante.  Il y a 15 ans, le Parc naturel régional des Ballons des Vosges et le Conseil départemental ont signé une convention, avec les agriculteurs pour protéger l’arnica. Pas de mises en pâturage, pas d’entrants sur les 140 hectares préservés et une fauche tardive font partie des engagements.

Mais le réchauffement climatique est passé par là. Des hivers peu enneigés et des périodes de sécheresse ont impacté sur la plante.

"Pour moi, c’est le climat qui est en cause. Un mois de soleil non-stop dans les Vosges, c’est du jamais vu ! A 1300 m d’altitude, il y a plus une goutte d’eau qui tombe", se désole Clement Urion responsable des cueilleurs professionnels. Comme lui, entre 50 et 100 producteurs cueilleurs, vivent grâce de l’arnica sauvage.

En macéra, en huiles ou en crèmes, l’arnica est largement utilisé pour fabriquer des produits cosmétiques, artisanaux ou industriels. Les laboratoires sont demandeurs. Certains s'approvisionnent à 100 % dans les Vosges, car le département est le plus grand fournisseur d’arnica sauvage en France.

" Il faut nous laisser cueillir, ne serait-ce que 10 fleurs chacun", explique Clément Urion. "On veut garder le lien avec la plante. Si on prélève raisonnablement, on pérennise la cueillette, sinon elle va disparaître en silence."

 

Une opération scientifique de sauvetage

Depuis cinq ans, le Conseil département en lien avec un laboratoire à Metz et le Parc, ont engagé une opération de sauvetage de l’arnica. Un protocole scientifique pour réintroduire la plante dans son milieu naturel. Six parcelles différentes ont été choisies pour leur exposition, la pente où l’altitude. Trois mille plans ont été installés par la main de l’homme sur des espaces de 65m2, avec un plan tous les 40 cm.

"Sur cette parcelle, nous avons un taux de réussite de 30 % ça peut sembler peu mais pour nous c’est énorme. En revanche sur d’autres parcelles là où il y a eu par exemple du remblai, la plante n’a pas repris du tout. Le sol joue un rôle très important",  résume Michael Gérard, un des responsables de la mission.

La culture d’arnica

Pour préserver la ressource et répondre aux besoins des acheteurs, cultiver l’arnica semble la solution la plus sûre. À la Pépinière de la Demoiselle à Remiremont, c’est jour de cueillette. Cent mètres carrés d’arnica en fleurs sont récoltés dans la matinée.

" Il est très important que l’arnica reste dans les Vosges comme c’est le cas depuis des décennies. Ici, nous avons à la fois le sol acide qui est important et nous avons la présence d’un champignon qui vit en symbiose avec la plante et qui est important aussi pour qu’elle puisse être cultivée",  précise Lionel Ehrhart, co-gérant de la pépinière.

Avec son associé, Lionel fait des essais depuis 10 ans. C’est eux qui ont fourni les plans pour les expérimentations scientifiques en pleine nature.

 Mais faire de l'arnica en pot est une chose compliquée, longtemps impossible à réaliser. "En pot la plante est difficile à gérer. Elle ne se comporte pas de façon homogène. Il faut tout maîtriser: le substrat l’humidité, la lumière. Nous avons environ 50 % de pertes", selon le pépinieriste.

En attendant que la petite fleur jaune repousse naturellement sur les cimes vosgiennes, la culture de l’arnica pourrait se généraliser. D’autres producteurs comme le jardin de Bernadette, ou la Ferme du bien-être en font depuis quelques années. Pour l’instant, les quantités restent très modestes, loin des tonnes d’arnica ramassées lors des cueillettes sauvages.

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