La police a arrêté trois personnes dans un bar à hôtesses du quartier Saint-François
Un an d'enquête
C'est à l'été 2014 que l'affaire débute, lorsqu'un automobiliste, arrêté pour conduite en état d'ivresse, explique aux policiers qu'il sort de "La Madrague", un bar à hôtesses du Havre, où il a consommé de l'alcool et a "bénéficié de prestations sexuelles tarifées".A l'hôtel de police du Havre, ce témoignage intéresse tout particulièrement le groupe de répression du proxénétisme, qui retrouve en la patronne de la Madrague "une vieille connaissance" déjà condamnée (avec interdiction de gérance de bar) dans une ancienne affaire d'établissement de nuit à hôtesses.
Une longue et minutieuse enquête débute alors, avec pour objectif de rassembler des preuves indiscutables concernant les activités illégales en pratique à La Madrague. Pour déterminer si on y fait payer autre chose que des verres ou des bouteilles d'alcool, les policiers vont commencer par éplucher les relevés et comptes bancaires pour identifier les "gros clients", c'est-à-dire ceux qui, de passage à La Madrague, dépensent 200 euros (et plus) le même jour.
Identifiés, retrouvés et interrogés, des clients vont confirmer qu'en achetant (très cher) une bouteille ils pouvaient s'isoler avec une hôtesse dans un coin du bar, derrière un paravent, pour des prestations sexuelles "allant de la masturbation à la fellation".
Surveillance et interpellations
Les policiers vont discrètement placer l'établissement sous surveillance et identifier plusieurs hôtesses. Ils vont rapidement découvrir que la gérance du bar est bien effectuée par la femme déjà condamnée. Mais prudente, cette femme a placé une "gérante de paille", bientôt remplacée par son fils, lui aussi "gérant fictif".Le 8 décembre 2015, les policiers passent à l'action et débarquent à La Madrague.
Trois personnes sont interpellées et placées en garde à vue : il s'agit d'une femme de 69 ans (la gérante présumée) d'une femme de 27 ans et d'un homme de 31 ans.
Les premiers interrogatoires vont vite confirmer que le travail des employées n'est pas déclaré. Victimes, ces hôtesses (elles ont 25, 27,50 et 56 ans) confirment aux enquêteurs que la vraie gérante est bien la femme de 69 ans. Elles précisent que cette femme poussait les clients à consommer des bouteilles à 200 euros en leur indiquant qu'ils pouvaient -en prime- bénéficier de rapports sexuels avec l'hôtesse qui les servait…
En garde à vue, les trois suspects parlent : la femme de 27 ans dit avoir été à la fois hôtesse et "gérante de paille" ; l'homme de 31 ans reconnait aussi avoir été "homme de paille". Il précise même qu'il n'a effectué aucune tâche administrative et qu'il ne venait pratiquement jamais.
Ecrouée à la prison Bonne-Nouvelle
Quant à la principale suspecte (la femme de 69 ans) elle reconnaît d'abord être la vraie gérante (malgré l'interdiction et une précédente condamnation), puis le travail dissimulé et (en partie) l'activité de proxénétisme.Ces trois suspects sont présentés à la justice et déférés au Parquet le 11 décembre en vue d'une comparution immédiate le même jour. Ils ont demandé (et obtenu) un délai pour préparer leur défense.
Ils seront donc jugés le 12 janvier 2016.
En attendant son jugement pour "proxénétisme aggravé et exploitation d'un débit de boisson malgré l'interdiction de plein droit" la principale suspecte a été écrouée à la maison d'arrêt de Rouen. Son fils est placé sous contrôle judiciaire et la troisième suspecte (la gérante de paille) remise en liberté avec convocation pour l'audience du 12 janvier.