La cour d'assises de Douai a infligé ce vendredi 10 à 15 ans de prison aux quatre agresseurs de la bijoutière de Cambrai, Monique Bouquignaud, qui avait déjà perdu son mari lors d'un précédent braquage.
Elle a accueilli le verdict en silence et versé quelques larmes. L'émotion était trop grande pour la contenir. Monique Bouquignaud apparaît soulagée que ce procès s'achève mais marquée aussi par ce qu'elle y a entendu. "Ils ont une peine, effectivement c'est très bien, ils ont une interdiction de territoire, c'est très bien, mais ne croyez pas que je me réjouisse", a-t-elle déclarée après l'annonce du verdict. "C'est le procès de la misère, je ne peux pas accepter que la misère puisse engendrer de telles circonstances. Je ne peux pas..."
Reportage de Caroline Arnold et Jean-Pascal Crinon.
La misère, c'est celle dans laquelle ont grandi les quatre jeunes Roumains accusés de son agression. Quatre hommes qui pour la première fois depuis l'ouverture du procès lundi ont semblé déstabilisés. Certains ont même pleuré alors qu'ils s'adressaient à Monique Bouquignaud, s'excusant enfin de l'extrême violence de l'agression que la bijoutière a endurée. Une violence qui n'était pas préméditée selon eux mais qui a s'en doute pesé sur le verdict : 10 à 15 ans de réclusion criminelle. La mort du mari de la bijoutière, lors d'un précédent braquage, semble aussi avoir compté. "Bien évidemment, le fait que cette dame arrive à la barre (...) en étant une seconde fois victime personnellement d'un braquage a indéniablement joué, de façon considérable dans la tête des jurés, ce qui explique à mon sens ces peines qui sont particulièrement sévères", estime Me Loïc Bussy, l'avocat des agresseurs.
Reste maintenant 10 jours aux accusés pour éventuellement faire appel de leur peine. 10 jours de crainte encore pour Monique Bouquignaud, consciente du risque de devoir vivre un procès de plus. La bijoutière ne demande qu'une chose aujourd'hui : pouvoir enfin tenter de se reconstruire tranquillement, entourée de sa famille.@f3nord