En visite le 10 novembre sur les champs de bataille de la Somme et du Pas-de-Calais, 130 Français d'origine chinoise de la région parisienne ont découvert le rôle qu'ont joué leurs aïeux durant la Première Guerre mondiale, employés par les Francais et Anglais comme auxiliaires des armées.
À visiteurs inhabituels, accueil exceptionnel ! Pour le 101e aniversaire de l'Armistice de la Grande Guerre, 130 Français d'origine chinoise ont découvert les champs de bataille de la Somme et du Pas-de-Calais ce 10 novembre. La délégation s'est receuillie au mémorial de La Boisselle, dans la commune d'Ovillers-La Boisselle, près d'Albert (Somme).
Au sein du cortège se trouvait un gros contingent d'anciens légionaires. Leur présence rappelle que plus de 145 000 Chinois sont venus en France à partir de 1916 remplacer au travail des hommes partis comme soldats au front, et près de 100 000 se sont retrouvés dans les Hauts-de-France.
Un pan de l'Histoire longtemps ignoré au sein même de leur communauté. "[Venir ici,] c'est construire l'avenir en rappelant l'Histoire, estime Xu Dayu, président de l'Amicale des anciens légionnaires d'origine chinoise en France. Il ne faut pas que les jeunes oublient leurs ancêtres qui sont venus s'installer en France".
Une découverte pour certains Chinois de France
Une méconnaissance confirmée à la mi-journée au cimetière indien et chinois d'Ayette (Pas-de-Calais). Les jeunes venus de Paris décourent ici avec surprise 53 sépultures de travailleurs morts en 1918 et 1919."Je suis impressionnée de voir autant d'associations et d'amicales venues commémorer aujourd'hui les Chinois qui, à cette époque, ont participé à l'effort de guerre auprès des Alliés. Ce qui est, pour la plupart d'entre nous, quelque chose dont nous n'avions pas connaissance auparavant. Nous ne l'avions pas appris à l'école," avoue Laëtitia Chhiv, présidente de l'Association des jeunes Chinois de France.
De nombreuses nécropoles asiatiques
C'est la commune de Noyelle-sur-Mer (Somme) qui accueille le plus grand cimetière chinois. Mais comme ici à Ayette, il existe dans les Hauts de France plusieurs lieux d'inhumation beaucoup plus modestes et méconnus."Il faudrait décentraliser comme aujourd'hui à Ayette cette mémoire. Il faut que ça se perpétue même dans les cimetières communaux, où sont parfois inhumés des travailleurs chinois venus en 14-18. Il faut en parler," souligne Yu-Sion Live, sociologue et spécialiste des Chinois en France. La présence des cimetières consacrés aux travailleurs chinois (en rouge) ou de leurs tombes au sein des cimetières communaux et militaires (en jaune), sont recensés dans la carte interactive ci-dessous.
Une occasion de visiter la Picardie
Près de 15 000 visiteurs chinois ont visité les Hauts de France en 2018, chiffre en constante augmentation. Un pays qui intéresse de plus en plus les acteurs du tourisme de mémoire. "Le comité régional du tourisme s'efforce de faire des actions sur le marché chinois pour faire venir de plus en plus de touristes chinois. Aujourd'hui, c'est aussi l'occasion de travailler avec la communauté chinoise, qui ne connaît pas ou très peu la région, et cela leur permet de faire un lien avec leur histoire,"A la fin de la guerre, 2 000 travailleurs sont restés en France. Ils sont les créateurs de la communauté chinoise de Paris. Le temps d'une journée dans la Somme, leurs descendants ont eu donc tout loisir d'arpenter les chemins de la mémoire.