Légionellose : l'ex-dirigeant de Noroxo doute de la responsabilité de son usine

Le procès de la légionellose a débuté ce lundi à Béthune. Une épidémie avait fait 83 victimes dont 14 morts en 2003-2004 autour de l'usine Noroxo d'Harnes.

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L'ancien dirigeant de la société Noroxo a douté lundi de la responsabilité de son usine dans l'épidémie de légionellose qui a fait 83 victimes,
dont 14 morts, fin 2003-début 2004 dans le Pas-de-Calais, au premier jour de son procès devant le tribunal correctionnel de Béthune.
"Aujourd'hui, je n'ai pas la certitude ni la démonstration que l'usine est à l'origine de ces événements", a déclaré Johnny Malec, suscitant l'indignation des proches de victimes présentes dans la salle.

L'épidémie s'était propagée en deux vagues, de novembre 2003 à janvier 2004, dans l'ancien bassin minier lensois autour de l'usine pétrochimique, à Harnes, seule source de contamination clairement identifiée et démantelée depuis par son propriétaire, le groupe américain ExxonMobil.
Noroxo, son ex-dirigeant et la société GE Water & Process Technnologies, apparenant à un autre géant américain, le groupe General Electric, chargée du traitement de l'eau sur le site, sont poursuivis pour homicides et blessures involontaires.

"On a toutes les preuves"

Les propos de M. Malec ont choqué les parties civiles. "On a toutes les preuves. (...) La cellule souche est bien la même que celle (identifiée) chez Noroxo", a réagi Angélique Dernoncourt, la belle-fille d'un malade de légionellose, décédé depuis. "C'est reconnu, alors on accepte et on baisse la tête. Il y a quand même des morts".
"Moi qui ai porté plainte 15 jours après la mort de mon époux, fin décembre, comment se fait-il que j'en connaissais plus qu'eux?", s'est interrogée Martine Delaby, veuve d'une des victimes.

Noroxo et son ancien directeur n'auraient pas respecté un arrêté préfectoral du 17 décembre 2001 imposant à l'exploitant la fermeture du système de refroidissement en cas d'une concentration en bactéries légionelles supérieure à 100.000 unités formant colonies par litre (UFC/l). Or, Noroxo - qui conteste la légalité de ce texte - avait privilégié la poursuite de l'activité et choisi un traitement par choc biocide pour désinfecter ses deux tours aéroréfrigérantes, malgré des prélèvements révélant en octobre 2003 des concentrations plus de sept fois supérieures au seuil autorisé.
"Aujourd'hui, si je me retrouvais dans une situation comme ça, je referais ce que j'ai fait", a déclaré M. Malec.

Un arrêt des installations présentait "des risques d'explosion des réacteurs [chimiques]", a-t-il expliqué. "Avec nos équipes, on a fait tout ce qu'il y avait
à faire", a-t-il assuré, réfutant toute ingérence d'ExxonMobil dans ses décisions. Le prévenu a contesté avoir finalement arrêté l'usine pour nettoyage en décembre 2003 sur injonction de la préfecture.
Après la réception de prélèvements indiquant un deuxième pic de légionelles, fin novembre, "je me suis dit que le traitement par choc n'était peut-être pas aussi radical que ce que les gens pensaient jusqu'alors (...) A ce moment, je me dis qu'il faut faire quelque chose. Je décide d'arrêter l'usine", a-t-il soutenu.
Après près de trois semaines de fermeture, "nous redémarrons propres le 22 décembre", a-t-il expliqué. A ce titre, il a estimé injustifiée une nouvelle fermeture imposée
par la préfecture en janvier 2004 en raison d'une réapparition de la maladie, probablement à la suite d'un assainissement mal réalisée, selon la justice.
Les deux sociétés encourent jusqu'à 375.000 euros d'amende. Johnny Malec risque cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.


La légionellose, une infection pulmonaire grave

La légionellose est une infection pulmonaire grave, mais non contagieuse, provoquée par une bactérie qui prolifère dans l'eau tiède ou chaude.
La contamination se fait par inhalation de micro-gouttelettes d'eau contaminées.

Les avocats de GE ont demandé au tribunal d'annuler l'ordonnance renvoyant leur cliente en correctionnelle. Les audiences se tiendront jusqu'au 21 décembre, et le jugement devrait être mis en délibéré.
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